Un plafond blanc. Immaculé. Tellement éclatant de propreté qu'il en faisait mal aux yeux. Je les refermai brièvement, avant de retenter ma chance. La lumière aveuglante me tira une grimace douloureuse. Je crois pas que les murs de ma chambre soient aussi douloureux à regarder... Oh bordel, je suis où... Je tournai la tête à gauche, le mur et la fenêtre. Bon, bonne nouvelle (ou mauvaise, selon le point de vue), je suis toujours sur l'île de ce putain de bahut. Booooooon... Et à droite, ça donne quoi ? ... Oh putain. Oh putain. Oh putain. Oh putain. PUTAIN DE BORDEL DE MERDE. Ces draps blancs et trop fins. Cette odeur de désinfectant qui détruisait mes narines.

Juste au moment où je me demandais comment j'avais atterri dans cet hôpital, une jeune femme typée européenne, rousse, aux cheveux courts et aux yeux vert clair, ouvrait la porte de la chambre avec précaution et m'adressait un sourire soulagé.

« Hakai ! Enfin tu te réveilles ! J'ai cru que j'allais devenir folle quand j'ai su que tu étais interné ! », s'écria-t-elle.

... On se connaît ? J'allais dire un truc (précision, quand tu nous tiens) quand un mal de crâne terrible me prit. AH, BORDEL, J'AI MAAAAAAAAAL ! Elle remarqua mon expression de douleur et sortit un cachet qu'elle versa dans un verre d'eau. Y a tout ça dans le coin ? ... Remarque, oui, on est dans un hôpital. Ce qui me rappelle : qu'est-ce que j'ai encore fait ?

« Tiens, bois ça, tu te sentiras mieux », dit-elle doucement en me tendant le verre.

Je le pris alors que mon corps semblait tourner au ralenti. Oh putain, ma tête... Elle m'aida à le boire lentement et le reposa sur une table à côté. Je voulus m'assoir dans mon lit mais mes muscles ne répondaient pas. Bordel... C'était à peine si mes lèvres voulaient bien remuer. Ma voix était enrouée, ma gorge sèche, ... La regardant faiblement - maintenant que j'y pense, je crois que je la connais... -, je parvins à prononcer quelques sons inarticulés. Elle m'intima le silence d'un léger geste de la main avant de me jeter un regard à la fois inquiet et réprobateur.

« Hakai, ce que je vais te dire est important. J'ai demandé à être en charge de ton dossier quand j'ai appris que tu étais là parce que je pensais que j'étais capable de te faire entendre raison, donc écoute-moi jusqu'au bout. Tu dois arrêter. J'ai appelé tes amis, ils m'ont tout raconté. Hakai... Ça ne te mènera nulle part d'agir ainsi. Tu dois t'y faire. Vivre avec... Je sais que c'est dur, que ça te rappelle ton père. Mais ce n'est pas parce qu'ils sont partis que tu dois chercher à te détruire de l'intérieur... Tu comprends ? »

Je la regardai sans comprendre, tentant d'assimiler la montagne d'informations qui venait de me tomber dessus. ... Quoi ? Comment elle sait, pour mon père ? Elle est allée farfouiller dans mes dossiers ? Je ne l'ai jamais dit à Ryuku, Yukari, Piper, ni qui que ce soit. À personne, même pas à Shin. Comment elle peut être au courant ? Et puis... Elle est qui, pour me dire ça ? Ma mère ? Tu parles, j'accepterais encore moins d'entendre ça de sa bouche. Me détruire de l'intérieur ? Et alors ? C'est ma vie, non ? J'ai plus de père pour m'interdire de boire, plus de mère pour s'inquiéter pour moi. Juste une bouteille qui m'attend. Ah, et accessoirement, j'aimerais bien savoir ce que je fous là.

Elle avait dû voir que son discours me déplaisait. Quoi, tu veux une photo, connasse ? Et arrête avec ce regard, on dirait que tu te sens concernée par mon cas. Dégage et ne reviens plus, tu veux ? Putain, je veux me casser d'ici. Là, maintenant. Je lui jetai un regard assassin et essayai de lui dire de la fermer, sans succès. Mon corps ne répondait plus. En revanche, je sentis très bien sa main se poser sur la mienne, d'un geste écœurant de compassion niaiseuse.

« Hakai... La situation est plus grave que tu n'as l'air de le penser. Tu sais pourquoi tu es là, au moins ? »

Bizarrement, j'en ai plus rien à carrer. Ferme ta gueule et lâche-moi, tu veux ? Vire ta main. Merde, je sens la colère qui monte, ça devient dangereux.

« Tu as fait un coma éthylique. »




J'en reviens toujours pas. Même le lendemain, assis dans les gradins du gymnase, ma gratte à la main, à jouer quelques vagues accords sans motivation. Même la musique n'avait plus goût de rien. Je sais même pas si elle est accordée... Et alors. Qu'est-ce que j'en ai à faire, de toute façon ? Je sais plus quoi faire. Je sais plus. Coma éthylique, bordel. J'aurais jamais cru que ce type pourrait me mettre dans un état pareil sans même le vouloir. Je tendis machinalement la main pour attraper une bouteille d'alcool imaginaire. Et merde. J'espère que je vais pas faire une crise de manque... Je soupirai. Ma teinture partait dans tous les sens, certaines mèches étaient restées bleu vif tandis que d'autres reprenaient leur couleur brun sombre. Ça m'avait fait bizarre de revoir ma teinte naturelle dans le miroir... ça me rappelait ma mère. Putain. Pourquoi je lui ressemble autant à elle, et pas à mon père ? Les derniers évènements ont changé ma vision des choses vis-à-vis d'elle. Elle m'a abandonné. Purement et simplement. Elle n'a pas eu d'accident, elle n'est pas malade ou coupée du monde civilisé... Elle m'a lâchement abandonné dans ce lycée exécrable où je risque ma peau à chaque instant. Où j'arrête pas d'éviter les bagarres parce que j'ai peur de crever ou de tuer quelqu'un. Et finalement, c'est Shin qui meurt. La bonne blague...

Un espèce de scintillement attira mon regard. Bordel, c'est quoi ce... Je ratai un battement. Elle. Ici. Maintenant. Avec personne autour, mon pied-de-biche bien au chaud dans l'étui de ma guitare. Un sourire sans joie fleurit sur mes lèvres. J'ai finalement un peu de chance. Un petit rire m'échappa et je tirai mon arme. Elle ne m'avait pas vu. Je pouvais l'avoir. Lui balancer mon pied-de-biche à la gueule. La voir s'écrouler à terre et ne plus remuer. Mais ne pas avoir la satisfaction de la faire souffrir autant que je souffre maintenant. Alors, je plaçai ma barre sur mon épaule et descendit des gradins en prenant mon temps, calme en apparence mais bouillant à l'intérieur. Après tout, c'est sa faute si j'ai fini à l'hosto, non ? Je vais la buter. Depuis le temps que j'en rêve. Eimi Shinkuro, étalée par terre, baignant dans son sang. Cours, Eimi. Fatigue-toi un peu avant de mourir.

( HRP : Avec petite musique de baston : https://www.youtube.com/watch?v=PVXt1g6Vr-o 8D *sort* )

Parfois, je me demande si mon cerveau tourne rond. Et parfois, je me demande comment je fais pour ne pas hurler devant l'étendue de ma bêtise. Il y a des jours où j'ai, quelque fois, des questions qui me trottent comme ça, dans la tête. Elles s'invitent, elles viennent squatter, elles me torturent l'esprit pendant un moment et après me l'avoir bien retourner, elles s'en vont, elles disparaissent, comme si je n'y avais jamais songé. Aujourd'hui, c'était le fameux jour des lamentations. Et naturellement, la première question qui me vint en tête fût : « Pourquoi avoir accepter de participer à ce truc de fou ? ». J'avais décidé d'y réfléchir à la bibliothèque. Pour la première fois depuis que je la connais, j'avais fini par aller voir Neoko pour lui parler de jour. J'ai pas franchement fait gaffe à si elle m'avait remarqué ou non et je m'étais installée à sa table où j'avais commencé à monologuer sur cette question à voix haute.

D'abord, POURQUOI, Bon Dieu, j'avais décidé de participer à la Battle ? Je venais de perdre la seule personne qui s'était occupée de moi depuis mon amnésie. On me l'avait arraché. Donc forcément, j'avais un peu la rage contre la vie. By the way, je l'ai toujours. Mais moins que ce jour-là. Rongée par la vengeance, je me suis jetée, tête baissée là-dedans. Bon sang … Et puis, on m'a filé un guide. Je m'étais dis, que si j'arrivais me libérer de cet état d'esprit, ça irait mieux pour la suite. Et puis, il y a eu ce jour, ce fameux jour où j'ai croisé la route de Shin. Les armes et les pensées ont été plus utiles que les mots ce jour-là. Je me souviens comment j'avais décidé de reporter toute ma haine sur lui. Alors que je ne le connaissais pas, je ne savais rien de lui. C'était même probablement un type bien. Je me souviens encore de ce sentiment de soulagement que j'ai eu quand je voyais qu'il ne bougeait plus. Et puis après, vient l'inquiétude, de savoir s'il était mort ou non. Je n'ai pas cherché à combler ce sentiment. J'ai fui en voyant ce dont j'étais capable et durant un long moment, ce sentiment de vengeance s'est éteint.

Enfin bref. Neoko avait fini par me remarquer. Je ne sais pas à quel moment elle s'est intéressée à la conversation et je m'en fichais un peu pour être honnête. J'avais juste eu me besoin qu'elle m'écoute. C'était suffisant. Je devais franchement pas être super bien aujourd'hui. Je me suis excusée auprès d'elle et je suis sortie aussitôt. Il me semble que pendant un instant, elle a voulu me retenir. Mais bon. Pas assez rapide, pas assez de motivation ? Va savoir. Peut-être que ce n'était que mon imagination après tout.

Je suis donc sortie dehors. J'ai inspiré un bon coup et j'ai sorti mes écouteurs. J'ai lancé une play-list sur mon iPod sans vraiment faire attention à laquelle s'était. Et puis, je me suis laissée transporter par la musique, marchant en fixant alternativement le ciel, le sol, mes chaussures, le paysage … J'ai marché un long moment en tout cas. Et le temps que je percute que j'étais arrivée au gymnase, il a mis du temps à venir. Déjà, j'ai flippé un minimum parce que je ne savais pas à quel moment j'étais passé de l'extérieur à l'intérieur. Ça se trouve, la porte était ouverte et j'ai rentré sans faire gaffe. Eukay, c'est carrément flippant même.
J'étais plongée dans mes pensées. J'avais la musique qui s'assurait que je sois bien isolée de ce qui m'entourait. Et en plus, j'étais immobile. Et finalement. Au moment de changement de musique, vous savez, ce petit blanc qu'il y a à la fin d'une piste avant qu'on passe à la suivante, j'ai finalement entendu quelque chose. Comme un sifflement provenant de derrière moi. Comme si quelqu'un était là. Genre. Le bruit d'un respiration. Juste derrière moi. Par réflexe, je me suis retournée pour vois ce qu'il se passait.

« Qué … ? »

Jamais je ne remercierai autant mon iPod. J'ai juste eu le temps de voir quelqu'un, de reculer – parce que merde, ça fait peur quand t'as quelqu'un derrière toi, aussi proche – et de me prendre un truc non identifié dans l'épaule. Et putain, ça m'a fait mal. J'ai bien grimacé. J'ai essayé de me recentré et là, je l'ai vu. Et j'ai directement su que j'étais dans la merde.

Hakai. Mon guide actuel. Merde. De tous les jours, de tous les endroits au monde, de tous les moments, c'était celui que mon karma de merde avait choisi pour que nos routes se croisent. Génial. Franchement. En plus, il avait l'air assez remonté. 'Fin, il était calme. Mais à son regard, tu voyais que c'était pas vraiment son état d'esprit. J'ai reculé encore un peu. J'étais définitivement dans la merde. De un, Hakai était violent. De deux, il était énervé. De trois, il faisait mal. C'était mort. Je pouvais pas avoir un combat rapproché avec lui, surtout qu'il me dépassait largement en taille et qu'avec l'arma qu'il avait, j'étais sûre de perdre. Et peut-être même de mourir. J'ai précipitamment glissé ma main dans ma poche pour sortir mon couteau. J'avais toujours mes écouteurs dans les oreilles. Ça, c'était pas cool comme détail. Fallait que je les vire au plus vite. Mais pas tout de suite. Là, je me contentai de le fixer, de l'observer, de vérifier ses moindres gestes. Et de reculer aussi. Beaucoup reculer. Le temps de trouver, vous savez, un genre de stratégie. Le truc dans lequel je ne suis pas la meilleure. Si seulement Neoko m'avait vraiment retenu, bordeeeel.

HRP:

Mon coup l'avait atteinte à l'épaule, moins violemment que je ne l'aurais souhaité. Je vais la crever. Lui écraser la tête. La lacérer, la déchirer, jusqu'à ce qu'elle m'implore de l'achever. Je vais enfin pouvoir libérer mes instincts bestiaux... C'est ce que je suis, après tout. Une saloperie de bête enragée qui n'attendait que ça pour exploser. Et qui sait, peut-être qu'après, elle sera repue et qu'elle s'en ira ? Je devrai remercier Eimi, dans ce cas. Mais pour le moment, je vais simplement laisser libre court à ma furie. J'inspirai longuement, fermai brièvement les yeux et m'abandonnai.

Lorsque ses paupières se rouvrirent, son regard avait gagné en détermination, en sauvagerie. Celui qui surplombait la jeune fille de toute sa hauteur n'avait plus grand-chose d'humain. Sa barre de fer pointue et recourbée à la main, il s'avança vers son opposante et la saisit par le col, la soulevant comme si elle ne pesait rien. Son esprit était vide de toute émotion, excepté le feu qui ravageait ses entrailles et le poussait à tuer, tuer, tuer. Elle allait payer, elle allait souffrir. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire inquiétant, fou, presque fanatique, et son bras se détendit immédiatement pour projeter ce petit corps contre le sol avec une violence inouïe. L'action avait duré à peine quelques secondes, trop rapidement pour qu'Eimi puisse se défendre avec sa lame. Son sourire se fit plus large encore tandis qu'il levait le bras pour abattre son arme en hurlant, prêt à tout pour assouvir son désir de vengeance.

( HRP : Merci 8D Je vais essayer de ne pas aller trop loin mais le Hakai en colère est difficile à contrôler. "8D (au pire il fait un échec critique et se prend son pied-de-biche dans laggle /pan/ )

Un jour, on m'expliquera comment mon cerveau fonctionne, non, parce que là … Il doit être à moi masochiste, c'est pas possible autrement. Pourquoi il attend que je me fasse amocher pour décider enfin de me dire « Eh, eh, ça te dit de rester en vie ? » OUI, PATATE QUI PEDALE DANS LA SEMOULE. OUI, JE VEUX RESTER EN VIE. Mon Dieu, j'en viens à insulter mon propre cerveau. Je ne vais pas aller bien loin comme ça. Les yeux rivés sur Hakai, je guettais ses mouvements. Mais ce ne fut pas suffisant. Il était rapide. Diablement rapide.

Je ne l'ai pas vu arriver. L'action avait été trop rapide pour que je puisse l'esquiver. Mes pieds avaient quitté le sol en quelques secondes et la pression sur mon cou exercée par mes vêtements risquaient fortement de finir par m'étrangler si je restais trop longtemps dans cette position. Mais je n'eus pas le temps de m'inquiéter de cela vu qu'Hakai me laissa aussitôt retomber. Ou plutôt il me jeta au sol. Ce qui me tira une grimace car la violence du choc se propagea d'abord dans l'épaule endolorie que j'avais à présent. Je me forçai à en faire abstraction autant que je pouvais et recentra mon attention sur mon guide. Il était vraiment rapide. Je vis son arme se levait. Si je bougeais pas vite, j'étais morte.

J'attendis presque le dernier moment pour rouler sur le côté et me redressai. Si je jouais ça à chaque in extremis, j'étais vraiment, vraiment, vraiment dans la merde. Première chose, il fallait que je le ralentisse à tout prix. Ma prise sur mon lame se resserra et mon regard analysa rapidement le profil du jeune homme. Et finalement, je fondis ou plutôt je me forçai à glisser jusqu'à ses pieds pour donner un coup de couteau dans l'un des deux. N'importe où mais au niveau du pied. Fallait ralentir. Je donnais un coup aussi vite que je pus et reculai aussitôt pour éviter un nouvel assaut. Au moins, je pouvais remercier Hakai. Dans le choc de tout à l'heure, mes écouteurs s'étaient faits la malle. Bon, ils pendouillaient ce qui n'était pas franchement pratique mais au moins, j'avais retrouvé le sens auditif. Maintenant, il n'y avait pas trente-six milles solutions : fallait que je m'éloigne le plus possible de lui.

HRP:

Eimi avait roulé sur le sol, manquant de s'empêtrer dans ses longs cheveux blancs. Ses cheveux... Ils pouvaient représenter un point faible. Hakai en était conscient, malgré la rage qui l'animait et qui transfigurait ses traits. Elle avait réussi à esquiver son coup... Mais parviendrait-elle à survivre à celui qui n'allait pas manquer de l'atteindre en pleine tête ? Hakai se ramassa sur lui-même, prêt à asséner sa barre de fer contre son adversaire, mais alors même qu'il prenait son élan, une masse blanche étincela et la douleur fusa, lui tirant un cri de souffrance et de surprise mêlées. Dans un sursaut de lucidité, il envisagea la possibilité de simplement arrêter le combat là, de ne mettre aucune de leurs deux vies en danger, mais... c'était impossible, à présent. Il avait atteint le point de non-retour. Et l'image du corps de Shin, ensanglanté et sans vie sur le sol glacé, dansait devant ses yeux. Mais il rompit tout de même l'assaut, jetant un coup d'œil. Ah ça, elle ne l'avait pas loupé... S'il avait porté des chaussures classiques, il aurait probablement eu la cheville gauche entamée jusqu'à l'os. Heureusement pour lui qu'il avait un style pour le moins... particulier... Sa botte avait encaissé le coup et, même si elle était parfaitement hors d'usage, il n'était que peu blessé. La douleur était toutefois lancinante, et il sentait qu'il perdait de ses capacités. Il ne pourrait plus bouger aussi vite ni prendre appui sur cette jambe, à présent. Grimaçant, il laissa son poids reposer en majorité sur sa jambe droite et raffermit sa prise sur son arme. Eimi s'était placée hors de portée ? Il n'avait qu'à fondre sur elle comme un faucon sur sa proie. Même si Hakai ne tenait pas vraiment de l'oiseau mais plutôt du loup enragé.

En une seconde, il fut sur elle. Mais il avait mal calculé son élan, sans prendre en compte son pied blessé, et trébucha en s'écroulant sur la jeune fille. Dans sa chute, sa tête percuta durement le sol et il resta sonné quelques instants, avant de rouler sur le sol au cas où elle répliquerait immédiatement. Bien lui en prit, car il entendit la lame tinter contre le sol lisse et froid du gymnase. Prenant appui sur son pied-de-biche, il se releva le plus rapidement possible, prêt à parer ses coups. Elle savait le manier, son couteau... Il renifla d'un air dédaigneux. Elle savait peut-être le manier, mais elle ne le tuerait pas pour autant.

Pourquoi ? Pourquoi mon cerveau me balance pas d'ordres, là, maintenant ? Pourquoi il m'envoie pas une super stratégie de la mort qui tue, là, genre, tout de suite, maintenant ? POURQUOI IL GERE PAS UN PEU POUR UNE FOIS ? Je lui demande pas cinq milles trucs non plus ou encore de faire des maths, merde ! JUSTE UNE STRATEGIE. Le cri d'Hakai me ramena à la réalité du combat. Je l'avais touché. Je ne sais pas où, ni par quel miracle, mais je l'ai touché. Donc j'avais dans l'espoir de le ralentir ce qui était un bon point pour moi. Je ne me reposais toutefois pas sur mes lauriers et je me tins prête. Enfin, je croyais me tenir prête.

Lorsqu'il fondit sur moi, je resserrai ma prise sur ma lame, guettant la trajectoire du pied-de-biche pour éventuellement le parer en cas de problème. Ce qui allait se révéler peut-être un peu compliqué mais c'était toujours à envisager … Wut. J'avais pas prévu par contre qu'il trébuche ou autre ! Remarque ça m'arrange du c- … Je me mangeai un Hakai en pleine poire et tombai en arrière sous son poids. Oooh, bordel. Ma tête cogna le sol, ce qui me provoqua aussitôt un mal de crâne et la pression sur mon épaule droite en plus du choc ne cessa de me rappeler que la douleur était toujours aussi vive ce qui me tira un faible cri.

Il est sonné. Il est sonné aussi. Pour une fois, mon cerveau se révéla être utile et aussitôt, je levai ma lame pour l'abattre sur Hakai. Peu importe où elle touchait, c'était une occasion en or là. Mais même sonné, le jeune homme esquiva le coup et mon couteau ne fit que s'entrechoquait sur le sol. Merde. Et une occasion de loupée, et une. Je me remis aussitôt sur mes jambes. Mon épaule me faisait mal. Tant pis. Le désavantage du couteau restait que c'était une arme de corps-à-corps. Surtout quand tu ne sais pas le lancer. J'inspirai et je finis pas m'élancer vers Hakai. Et si je vous dis que je me suis élancée sans savoir où j'allais taper ? Oui, vous me traitez de folle. Et ben vous avez raison.

Heureusement qu'il avait eu suffisamment de présence d'esprit pour se relever à temps. La lame acérée tinta sur le sol froid, à l'endroit où s'était trouvée son épaule quelques instants plus tôt. Il la jaugea du regard. Elle était plus rapide que son petit corps ne le laissait penser. Et il était blessé, ne pouvait pas exploiter les capacités de son corps à 100%. Il devait en terminer rapidement. Viser la tête. Elle n'y survivrait pas.

Quand Eimi se précipita sur lui, il était prêt. Prenant appui sur sa jambe indemne, il attendit le bon moment. Elle fonçait sans réfléchir... et frapperait probablement à hauteur de son propre bras. Quelque part sur son plexus. Mais son arme lui conférait une allonge que la jeune fille ne possédait pas. Avant qu'elle ne soit assez près pour le blesser, il détendit son bras avec une violence incroyable et expédia son pied-de-biche dans ses côtes. Son sourire, qui avait disparu pour laisser place à une expression de mortelle concentration, refleurit sur ses lèvres en entendant le craquement des os, les déformant en un rictus effrayant de sauvagerie. Il allait la tuer. Elle, qui avait ruiné sa vie. Cette simple pensée – la seule qui l'habitait à présent – suffisait à faire monter l'adrénaline en lui, adrénaline qui ne manquerait pas de céder à l'euphorie une fois que son adversaire reposerait sans vie sur le sol, brisé, mutilé.

( HRP : Admire comme je te fais deux petits paragraphes juste pour dire qu'il lui balance un coup. L'art de meubler 8D *sort* Et désolée pour le retard /o/ )

Où est-ce que je vais le taper, hein ? Merci cerveau de merde, franchement, MERCI. Pourquoi me faire foncer sur quelqu'un qui risque fortement de me démonter la tête et le tout sans savoir où le taper, hein ? Hein ? MERCI ! En même temps que je m'élançai, je finis par déterminer un endroit où frapper de mon couteau. À hauteur du bras, histoire de l'abîmer un peu plus. Déjà qu'il avait le pied dans un sale état, si on rajoutait un problème au niveau de l'endroit dont il se servait pour manier son arme, la partie reviendrait certainement, un peu, à mon avantage. Chose qui ne se fit pas.

J'avais omis le pied-de-biche. Et le fait que c'était une cible mouvante. Avec un cerveau. Pas comme moi. Et peut-être avec une trop forte confiance aussi pour moi. Je sentis une vive douleur qui me bloqua automatique. Puis les os craquèrent. Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc foudroyant et un cri m'échappa. Un cri tordu de douleur. La force me fit valser sur le côté comme s'il avait essayé de jouer au golf avec mon corps en guise de balle.

Je tombai et ne me relevai pas aussitôt. La douleur se diffusait dans mes côtés et j'avais le souffle coupé. Et surtout très mal. Et s'il m'avait cassé quelque chose ? Ça faisait vraiment mal. Mais il fallait que je bouge. Il fallait que je m'abrite. Que je me cache. Si je ne me relevais pas rapidement, Hakai en profitera. Il me tuera. Non. Il va me tuer. Dans son regard, cela s'était vu. Il voulait ma mort. Je respirai bruyamment en essayant de trouver un second souffle. Réagir. Autrement. Le temps de le retrouver. Je baissai les yeux vers mon arme que je tenais toujours. Il fallait tenter. Quelque chose. N'importe quoi. Je n'étais pas douée en lancer. Mais ça valait la peine si je pouvais m'échapper par la suite. Je resserrai ma prise et levai les yeux vers Hakai. Avant de lancer mon couteau. Du mieux que je pus.

HRP:

Sa lucidité était partie, envolée. Il n'avait jamais été un grand intellectuel, mais en cet instant précis, toute capacité de raisonnement avait disparue. Il ne restait que cette profonde détresse qui s'était muée en une soif de sang inextinguible. Il n'en avait pas conscience lui-même, aveuglé qu'il était par la haine, mais il ne se contenterait pas de la tuer... Oh non. Il mutilerait son corps, le déchiquetterait, le rendrait méconnaissable, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus figure humaine mais qu'elle ne soit qu'une masse informe, sanguinolente, brisée.

Il leva son bras. Elle était au sol, incapable de s'enfuir. Son sourire était plus large et sinistre que jamais. Il lisait la terreur dans ses yeux. C'était la fin. Et avec la vie d'Eimi s'éteindrait sa rage, sa haine, sa colère. Peu lui importait de n'être ensuite plus que douleur. Il trouverait un moyen d'oublier. L'alcool l'aidait déjà grandement... Peut-être irait-il plus loin. Il avait déjà oublié qu'il avait fait un coma éthylique à cause de cette fille, et ne voyait pas d'inconvénient à recommencer. Quitte à ne plus se réveiller. Et ils seraient à nouveau ensemble, pour toujours et à jamais... Quelque chose en lui remua, tenta vainement de protester, mais fut rapidement étouffé. Il réfléchirait plus tard. Ou ne réfléchirait plus jamais. Cette douce pensée l'enveloppa d'un cocon moelleux, et il eut un temps de retard sur son adversaire. Elle avait déjà agi, bien avant qu'il ne reprenne pied. Et la lame acérée se ficha dans son flanc.

Sa veste avait beau être épaisse, la lame mesurait une bonne douzaine de centimètres. Elle s'enfonça dans la chair jusqu'à la garde. Hakai eut un hoquet de douleur et de surprise mêlées, les yeux écarquillés, tandis que son esprit émergeait lentement.

Que... Quoi... Je... Il se passe quoi... WHAT. Pourquoi j'ai ça dans le bide ?! ... Hein. C'est qui, ça. ... Eimi Shinkuro. Tout me revint d'un coup. J'ai voulu la tuer. Pourquoi ? C'est pas ça qui va faire revenir Shin... C'est pas ça qui le ramènera à la vie... Mais j'ai voulu sa mort. J'ai voulu la voir ensanglantée, désarticulée, sans vie. Plus que tout. Sauf que c'est moi qui vais crever, là. Entre mon pied et mon flanc... Ah, bordel, j'ai mal. J'avais pas percuté mais... Bordel, je suis dans la merde. Jusqu'au cou. Mes jambes s'étaient affaissées, j'étais tombé à genoux, le visage pâle, sentant le sang perler au coin de mes lèvres. Je vais pas mourir ici... ? Je la regardai, blafard, la bouche entrouverte, sans y croire. Hors de question de la supplier. Que ce soit de m'achever ou de me laisser en vie.

Ce fut une prise de conscience. Je me rendis compte que je ne voulais pas mourir. Ça me laissait un goût amer dans la bouche. Bordel. Pourquoi je veux vivre ? Pourquoi je ne veux pas le rejoindre, m'abandonner, être avec lui pour l'éternité ? Pourquoi... Pourquoi je l'aime autant, pourquoi je l'aime à en crever, au sens propre du terme, malgré tout le mal qu'il m'a fait – que l'on s'est mutuellement fait ? Je me contrôlai, m'empêchant de trembler. Non. Non. Je ne veux pas mourir. Ne me tue pas. Je me mordis la lèvre jusqu'au sang. Faut que la tue, vite. Sinon c'est elle qui me tuera. J'esquissai un mouvement de bras, mais la douleur explosa dans mon ventre. J'eus un nouveau hoquet, crachai quelques gouttes de sang, sentis la tête me tourner. Merde. Merde. C'est pas bon. Je vais y passer. Je vais y passer...