Cinq heures et vingt-cinq minutes. C'est le temps qu'il s'était écoulé depuis que je mettais réveillée en sursaut dans mon lit à cause d'un foutu cauchemar qui ne voulait pas en finir. En plus, je me suis réveillée avec cette désagréable impression que vous avez lorsque vous pensez tomber et que vous vous réveillez simplement. Autant dire que je HAIS littéralement cette sensation. Et je HAIS d'autant plus les cauchemars qui rythment mes nuits. Je me suis redressais en sueur en essayant de calmer mon cœur dont le rythme s'était accélérer. J'ai bien dû attendre quelques minutes avant de me laisser tomber en arrière sur mon oreiller. J'avais pas envie de bouger, j'avais chaud, j'avais transpiré. Et je me contentais de fixer le plafond comme pour chercher un moyen de m'endormir. Moyen qui vint jamais.

Cinq heures et vingt-sept minutes à présent. Je jetai un coup d’œil vers mon réveil. Il indiquait bientôt le début des cours. Je me mis lentement assise dans mon lit, repoussant mes couvertures. Je jetai un coup d’œil circulaire à la pièce. Dans la semi-obscurité, j'arrivais à peine à discerner qui dormait et qui était déjà parti. J'eus un soupir. Je me changeais rapidement sans trop m'attarder. Je me coiffai à peine et sortis en quatrième vitesse de ma chambre. Ce n'est qu'une fois dans le couloir que je me rendis compte que je ne n'avais aucune idée de mes cours de la journée et que mon sac contenait seulement les affaires d'hier – enfin, le peu d'affaire que j'avais pris – à moins que ce ne soient celle d'il y a deux jours. Cette interrogation me stoppa dans mon élan et après une minute de réflexion, je me décidai à ne pas rebrousser chemin. Tant pis, pour une fois que j'aurais voulu aller en cours, cette journée allait de nouveau se résumer par : sèche – pause clope – chambre – sèche – pause clope … Ce qui n'était pas plus mal au final vu que je doutais que mon humeur due à mon cauchemar ne m'empêche de me concentrer un minimum.

Je finis par me remettre en marche, traversant les dortoirs pour me rendre à la cafétéria même si l'envie n'y était pas. Si, peut-être pour boire quelque chose à la limite … Mais lorsque je me retrouvai à devoir commander quelque chose, je décidai de ne rien prendre et partis simplement m'installer à une table vide. Je saisis aussitôt mon sac et fouillai à l'intérieur pour en extirper une cigarette que j'allumai sans attendre. Tout en fumant, je jetai un coup d’œil aux alentours. C'était quasiment désert. Il n'y avait que quelques personnes qui pour la plupart, déjeuner. Mon regard s'arrêta lorsque je reconnus au loin, Neoko, en train de lire son livre, impassible. Cette nuit, j'avais eu un peu la flemme de me lever pour aller voir si elle était présente et je me mis à imaginer si elle m'avait attendu ou si elle ne s'était jamais levée. Le temps que j'étais plongée dans mes pensées, la cendre qui consumait ma cigarette tomba sur mon genou ce qui me ramena à la réalité et ce qui me permi d'éviter de trop fixer davantage la brune. J'écrasai le mégot au talon de ma chaussure en jurant à demi-voix avant de m'en aller, sans un regard en arrière.

Bon. Et maintenant, par quoi j'allais commencé ma journée où je n'allais absolument rien foutre ? Déjà, j'allais peut-être éviter de me faire chopper par un pion, se serait idiot autrement. Une fois dehors, je m'étirai un long moment, observant les alentours tout en me décidant à me donner une coiffure à peu près potable en me faisant mes deux habituelles tresses qui encadraient mon visage. Je ne sais pas ce que cela donnait mais je suppose que ça ne doit pas être pire qu'autre chose, hm ?

En entendant la première heure sonner, je me décidai à aller me planquer dans les toilettes, le temps d'être sûre qu'il n'y ait plus un chat pour que je puisse faire ce que je veux. En entrant dans les lieux, j'eus un soupir. C'était blanc, c'était mouillé, c'était … génial. Les miroirs étaient dans un état déplorables. Oui. Faudrait quand même qu'ils rénovent un jour. Enfin, remarque, ce ne sont que des toilettes en même temps … Généralement, si tu viens ici, tu ne t'éternises pas. Je jetai un coup d’œil vers un de mes miroirs qui me renvoya mon reflet. Des yeux bleus cernés, des cheveux en bataille, un épi de merde qui ne voulait en s'enlever … J'aurai quand même pu faire un minimum d'effort en sortant de ma chambre ce matin. On avait pas affaire à une fille mais à une bête sauvage. Une bête sauvage avec des tresses néanmoins bien faites. J'eus un nouveau soupir et fouillai mes poches à la recherche de mon portable, histoire de m'occuper un peu le temps que la foule passe. Au moins, ici, j'étais sûre que personne viendrait. Je dis bien, j'ETAIS.

HRP:

Ouais. J'ÉTAIS sûre que personne viendrait. Mais j'étais pas sûre qu'il y avait déjà quelqu'un à l'intérieur. En même temps, je n'avais pas cherché à vérifier. Bref. J'eus un putain de sursaut en entendant la porte d'une cabine s'ouvrir brusquement et une voix charmante accompagné le tout dans une cacophonie.

« Qu'est-ce que tu fous là, toi ? »

Attends, laisse-moi ramener mon âme dans mon corps et je suis à toi. Non mais c'est vrai, quoi ! Elle est pas bien de faire d'un coup, sans prévenir personne ! Et si j'avais été cardiaque, hein ? Vous imaginez un peu la crise que j'aurais faite ? Genre, avec des convulsions et tout ! … Ouais, nan. C'est trop gore, je préfère même pas imaginer. Ça doit être aussi sympa que d'emmener un épileptique de haut niveau dans une discothèque pour faire du break-danse.

Quoiqu'il en soit, je serrai mon portable que j'avais manqué de faire tomber dans ma main et je me tournai vers la jeune fille qui venait de me faire part de sa présence. Je la détaillai d'un bref coup d’œil rapide. Bien coiffée, propre sur soi, maquillée. Ouais. Tout le contraire de moi : débraillée, cernée comme un panda, mariée avec un oreiller coiffeur … J'eus un long soupir et rapportai mon attention sur mon portable. Au moins, il avait rien. Je ne sais pas, des fois qu'il se soit cogné quelque part ou bien autre chose. Mais il n'avait pas l'air d'avoir reçu un quelconque choc. Tant mieux, je me voyais mal en changer maintenant, depuis le temps que je m'y suis habituée. Je finis par diriger mon regard vers celle qui m'avait interpellée. Wow. Elle a pas du aimé le vent que je lui avais foutu. Je finis par hausser les épaules.

« Hm. C'est des toilettes, je te laisse imaginer le nombre de possibilités de choses que tu peux faire en ce lieu. » finis-je par décrocher avec la conviction d'une huître pas fraîche.

Non mais c'est vrai quoi ? Quoi ? Comment ça, je lui ai parlé comme un chien ? Wow ! Vous avez vu comment ELLE, elle m'a parlé ? On aurait cru que je venais d'entrer sur un territoire sécurisé par l'armé où les civils n'ont pas le droit de circuler. C'est des TOILETTES. Pas un super château ultra classe.

Je passai une main dans mes cheveux, avec du mal vu qu'ils n'était pas démêlés, et remis en place une de mes mèches bleues derrière mon oreille. Puis, mon attention repartit tout droit sur mon portable. Bon. Au moins, un point positif : ce n'est pas une pionne. Je vous dis pas comment l'espace d'un instant, j'ai eu l'infime peur que c'était une surveillante et que j'allais finir le reste de ma journée en colle. À faire des maths. Parce que les surveillants sadiques AIMENT m'obliger à faire des maths. Parce qu'ils savent que je hais cordialement cette matière et que mes compétences sont similaires à celle d'un manchot pour voler. Bref. Arrêtons de parler des maths, j'ai déjà un mal de crâne qui me guette, là.

Mon regard bleu se détacha de mon écran pour venir croiser celui de l'autre fille. Ah. Je crois que j'ai l'air de déranger en fait. Ah c'est con, hein, mais j'ai comme envie de dire que j'ai pas le choix de rester ici. Et puis, merde, c'est pas comme si ma présence était une grande gêne pour la société entière ! … Enlevez-moi tout de suite vos sourires sadiques qui affirment le contraire. J'eus un nouveau soupir et je finis par ajouter quelque chose.

« Et puis, c'est tout publique, il n'y a pas ton nom tel qu'il soit, marqué en or massif sur la porte sinon, je pense que je l'aurais remarqué. »

J'ai dit quelque chose. Pas un truc intelligent ou un truc gentil. C'était juste que j'avais pas eu l'impression de conclure ma phrase tout à l'heure et … Okay, je me tais. Sans attendre une réaction, mes yeux reprirent la direction de mon portable sur lequel je pianotai deux trois trucs sans intérêt. En plus, je pense que le peu de gens que j'ai en répertoire doivent être en cours … Ou pas vu que je viens de recevoir un message … Ah bah si. Juste Neoko qui s'ennuie durant … Son cours de maths. Ah, ah, comment que je te comprends ! J'étais retournée dans ma bulle, mettant un blanc, dans le lieu. En fait, je n'attendais pas particulièrement de réponse de la part de la jeune fille. D'ailleurs, vu la façon dont elle m'avait accueilli, je doutais fort que ma tirade l'ait enchanté.

HRP: