14 février. Je sortis du magasin, la main crispée sur le sac que je tenais. En fait, j'étais tellement tendu que je devais posséder un seul et même sourcil qui faisait toute la largeur de mon front. Calme, Hakai. Détends-toi. Enfin, essaye. ... Et puis merde. Je vérifiai pour la sixième fois que le paquet était bien dans le sac et pris la direction de l'arrêt de bus. J'avais l'impression que les gens me regardaient bizarrement, comme s'ils savaient exactement ce que je faisais en ce moment même. Paranoïa de meeeeeeerde ! L'attente me parut interminable, le trajet en car infini. Mon cœur battait à mille à l'heure. Surtout que je ne savais pas du tout comment j'allais amorcer le sujet. Et que je ne savais pas où le trouver. Mais qu'est-ce qu'il m'a pris ?! Comment je vais m'en sortir, moi ?! C'est malin, de vouloir être sympa, et puis au final de se sentir plus con qu'autre chose... J'essayai de penser à autre chose, mais impossible. Je vérifiai encore une fois que le paquet était bien à sa place. Mais qu'est-ce qu'il se passerait si je le perdais ?! Je ne pourrais jamais plus le regarder en face. Je déglutis. Je devais me calmer, sinon, je ne ferais n'importe quoi. Rhaaa ! Bus de merde où on peut même pas fumer un coup ! Ça me détendrait, peut-être pas suffisamment, mais au moins un peu pour me décrisper. Je vais finir par chopper des crampes, à ce rythme. 'Tain... Heureusement que je rougis pas facilement. Sinon, j'étais démasqué, j'en suis sûr.

Le bus finit par arriver au lycée. Je ne sais pas vraiment si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Je me sentais encore plus gêné, à présent. Je tirai mon paquet de clopes et en portai une à ma bouche avant de l'allumer. Ah, ça fait du bien... Je sentis la tension descendre légèrement et soupirai. Raffermissant ma prise sur le sac à protéger à tout prix, je pénétrai dans l'établissement. Où peut-il être... Pas dans le hall. Pas dans la cour. Remarquez, encore heureux. Comme si j'allais lui offrir ça devant tout le monde... Mais c'est la première fois que je sors avec quelqu'un, quoi. Je serrai les dents à cette idée. Hors de question qu'il l'apprenne. Pas envie qu'il me croie inexpérimenté. Il va se foutre de ma gueule. Et prendre l'initiative. ET CA, NON. J'errai dans les couloirs, à sa recherche. Il n'était pas dans sa chambre. Forcément, vu les cris hystériques de gamines en train de jouer à la console. Mais sérieusement, il fait comment pour supporter les dingues dans sa chambre ? Ce mec est un surhomme. Je finis par longer les laboratoires de sciences. Il n'était pas là non plus. Je contemplai un instant mon sac, me demandant comment je trouverais le moyen de le lui offrir si je ne le trouvais pas. Non, parce que je voulais que ce soit vraiment une surprise, et l'appeler reviendrait à faire des aveux. Encore, s'il était con, il ferait pas le lien, mais c'est pas vraiment le cas... Encore heureux d'ailleurs. Déjà qu'il me troll, si en plus il était stupide... Quoique, s'il était stupide, il me trollerait pas. Mais je l'aimerais pas. Bref. J'entrai machinalement dans une salle de chimie au pif, espérant vaguement qu'il y serait. Tu parles. J'ai autant de chance qu'un buffle saxophoniste amateur de ketchup avarié. La salle était vide. Je m'installai sur une chaise et fixai mon sac en papier pendant quelques instants. C'était pas très discret, en fait. Je sortis le paquet et le rangeai dans mon propre sac de cours, froissant le sac de papier et le jetant dans la poubelle. Je commençais à déprimer un peu quand la porte s'ouvrit avec fracas, me faisant sursauter. Je me levai instantanément. Il se passe quoi, là ?! Une bagarre ?! Une attaque nucléaire ?! Une furie rousse bondit à l'intérieur et je gémis intérieurement. Non. Vraiment, ce n'était pas, mais alors pas du tout le moment. Pas aujourd'hui, pitié. Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire. Je déglutis et sentis mes sourcils se froncer à nouveau. Un tic, sans doute.

« Euh, salut », lâchai-je à l'attention de Kaoru. « Tu venais chercher quelque chose ? »

Et puis je le vis, lui. Un marteau-piqueur me défonça la poitrine. Putain que je l'aime. Je sais même pas pourquoi, d'ailleurs. Je pouvais pas le voir en peinture, avant. Toujours à me faire chier. Toujours à draguer n'importe qui, n'importe quand. Le genre de trucs qui me tapent sur le système. Mais je crois que je vais pas chercher à comprendre. Je l'aime, point barre. Je l'aime à en crever.

Enfin. Dans l'immédiat, je suis super mal. J'ai juste envie de l'embrasser, de lui dire à quel point il compte pour moi. Déjà qu'en temps normal, c'est presque un exploit, mais là, en présence de Kaoru... Je ne sais vraiment pas comment réagir avec elle. Je... J'ai l'impression qu'elle le fait exprès, de me mettre en difficulté comme ça. Parce qu'elle sait que je suis pas indifférent à sa présence... ça me torture. Savoir que malgré tout ce que j'éprouve pour Shin, je ressens quand même des sentiments pour Kaoru. Ma main s'égara sur mon sac. Il fallait que je le lui donne. Mais avec elle dans les parages, c'était impossible. Je serrai les dents. Je me sentais vraiment mal, de souhaiter son départ ainsi. Mais c'était vraiment important.

14 février, 10 heures du matin, et moi, Shin Lawliet Jeevas, je suis déjà debout. C’est un assez grand exploit en soi pour être signalé. Bon, techniquement, j’ai été réveillé par mes adorables colocataires, qui faisaient un bruit de fou dans le dortoir en jouant à ‘Metroid Prime’, soit le jeu auquel gagne toujours Haut. Arrachant des cris de victoires à la Scorpio qui squatte notre chambre quand elle n’a rien à faire. Parce que oui, Haut est passé bras-droit, et a donc changé de chambre par la même occasion, même si on voit pas trop la différence entre avant et maintenant… Affalé sur mon lit, a moitié habillé, tel un escargot handicapé et asthmatique, j’étais censé compter les points -on en est à 5.5 victoires pour Haut contre 0.5 pour Ana’, les 0.5 étant les parties a ex aequo-, tache que je faisais sans grand entrain, dans la mesure où j’étais en intense réflexion intérieure. A savoir : ‘Dois-je offrir quelque chose a Hakai pour la St Valentin ?’. Parce qu’il était là le problème. Pas de savoir quoi lui offrir comme les gens normaux mais de savoir si je lui faisais quelque chose…

Je fus arraché pour la énième fois à ma réflexion pour deux raisons. La première, le cri d’Anarielle qui a enfin réussi à arracher une victoire a sa comparse -ça nous fais donc 5.5 à 1.5- et la deuxième, la pile électrique qui me sert de sœur jumelle. En fait, j’ai à peine eu le temps d’enfiler un tee-shirt qu’elle ne trainait déjà par la peau du dos dans les couloirs du lycée. Elle me parlait de flair, d’Hakai, d’elle qui était trop puissante et de preuve… Hakai et elle qui était trop puissante, ça m’étonne pas, mais je vois pas du tout le rapport entre moi, son flair, et une quelconque preuve… J’avais même pas eu le temps d’embarquer mes gants et mes lunettes tiens…

« Tu vas voir que je suis imbattable ! »

J’ai levé les yeux au ciel, montrant au combien j’étais exaspéré. Elle n’avait pas lâcher mon poignet depuis tout à l’heure, continuant de me trainer dans son sillage. Passant devant plein de salles dans lesquelles je n’avais jamais mis les pieds, parce que moi et les sciences, c’est pas le grand amour.

« Oui Kaoru, j’en doute pas Kaoru, mais franchement si tu pouvais me lâch- »

VLAM. Kaoru et la discrétion, toute une histoire. Encore pire que moi et les sciences. Ah, j’ai pas mon portable non plus… Avant que j’aie pus faire un geste, Kaoru s’est jeter a l’intérieur de la salle, me laissant dehors. Tout ça pour ça ?

« Euh, salut. Tu venais chercher quelque chose ? »

Bon, je me serais pas déplacé pour rien en fait. Je me suis adossé à l’encadrement de la porte, espérant vivement que Kaoru aille voir ailleurs si j’y étais -et que calmer les battements de mon cœur aussi, accessoirement-. Pas que j’aime pas ma petite sœur mais y a des fois où je… WHAT ?! KAORU WHAT ARE YOU DOING, YOU STUPID GIRL ?! J’ai serré les dents le temps que Kaoru finisse son manège. Tentant tant bien que mal d’ignorer le fait qu’elle venait l’embrasser mon Hakai -sur la joue mais on s’en fou c’est embrasser quand même- et qu’elle était actuellement en train de lui offrir un truc quelconque pour la St Valentin. Ca m’énervait. Beaucoup. Tellement que j’ai allumé une cigarette puis me suis éloigné dans le couloir le temps que ma jumelle se casse.

Dehors, je pestais contre moi-même. Pour en vouloir autant a Kaoru alors qu’elle n’était -normalement- pas au courant pour Hakai et moi, et pour avoir perdu autant de temps a réfléchir si oui ou non il voulait un cadeau. J’aurais du aller en ville ce matin pour lui prendre quelque chose. EN fait, j’aurais peut être du rester avec eux, ça me stressais encore plus de pas savoir ce qui se passait là bas… J’étais en train d’inventer une excuse quelconque pour me barrer, lorsque la voix de Kaoru a retentie dans le couloir. En me retournant, j’ai eu droit a une Kaoru toute sourire entrain de faire de grand signes de mains a Hakai.

« A bientôt ! »

Et elle est partie. Et je suis resté con. Pendant une bonne dizaine de secondes. Elle m’avait oublié ou elle l’avait fait volontairement ? Lâchant un "Tsss" des plus discret -douuuce ironie- je suis entré dans la salle a mon tour, en fermant la porte derrière moi. Mes yeux se sont d’abord posés sur le paquet vert posé sur la table devant lui. Les mains dans les poches, je me suis assis sur la table face à lui, le sourire aux lèvres, et poussant que quelques centimètres le cadeau de Kaoru au passage. J’hésitais entre l’embrasser et juste lui ébouriffer les cheveux rapidement. Et mon choix s’est porté sur la deuxième solution. Y a des moments où je préfère le laisser venir. Et c’était l’un de ses moments.

« Happy valentine's day ♥ »

Là maintenant, j’avais qu’une seule envie, c’était lui sauter dessus et lui faire pas mal de choses, mais ça prendrait trop de temps à énumérer puis ça risquerais de choquer les plus jeunes. Je me suis donc contenté de passer mes jambes de l’autre coté de la table pour me retrouvé face à Hakai, les pieds calé de part et d’autre de la chaise où il était assis. [HRP : si tu comprends quelque chose a ça, tu as droit a un cookie, moi je me comprends donc… *prend un cookie*]

« Alors ? Que racontes-tu de beau à ma magnifique personne ? »

{HRP : Boooon, je suis gentille, je te laisse imaginer la discution qu'ont pu avoir Hakai et Kaoru pendant que Shin broyait du noir, et notre tornade écrit en #ED5353 au passage ♥}

Elle m'adressa un sourire radieux qui me ramollit les genoux. ARGH. Je suis vraiment qu'une pauvre merde, pas capable de rester fidèle à l'une des rares personnes qui m'acceptent malgré mes défauts plus catastrophiques les uns que les autres. Elle se rapprocha de moi, très près. Troooooooooop près. Et puis, se hissant sur la pointe des pieds – non parce qu'elle est vraiment petite en fait, plus que Ryuku je crois, c'est dire... –, elle déposa un petit baiser sur ma joue. Je sentis quelque chose exploser en moi, sans savoir si c'était mon cœur ou mon cerveau. DON'T DO THAT. TU SAIS QUEL EFFET CE TRUC A SUR MOI ET TU LE FAIS EXPRES EN PLUS. Mais c'est pas pour rien qu'ils sont jumeaux, ces deux-là... Encore une fois, je bénis la personne qui m'avait offert le don de ne pas rougir facilement à ma naissance. C'est l'un des rares trucs que j'aime chez moi. Ça m'a sauvé la vie à plein de reprises. Bref. Penser à autre chose. Pas à Shin, sinon, je vais m'imaginer qu'il est à sa place et ça va me faire fondre. Je déglutis discrètement. Pitié, Kaoru, arrête ça... Toujours souriante, elle me présenta un paquet-cadeau vert pomme en s'écriant d'une voix enjouée :

« Happy Valentine's Day ! »

...
Cette phrase a valeur d'aveu, non ? ... Non. NON. Il n'y a AUCUN sous-entendu. C'est simplement entre amis, hein. Comme avec Yukari. Voilààààààà, elle agit exactement comme Yukari. Par pure amitié. Le 14 février, c'est les filles qui offrent des chocolats aux garçons, qu'ils soient amis ou... ou... AMIS. AMIS-AMIS-AMIS-AMIS. A.M.I.S. ... C'est moi ou elle m'a filé assez de chocolats pour trois mois ? Son paquet est énorme... Je le pris dans les mains. Il était relativement mou. ... C'est pas des chocolats. OH PUTAIN. JE FAIS QUOI. Je peux pas le déballer, là, comme ça, mais je peux pas non plus le laisser en plan style ça m'intéresse pas... AAAAAAAAAAAH JE FAIS QUOOOOOOOOOI.

« Euh, merci beaucoup », baragouinai-je après m'être raclé la gorge. « C'est sympa... Merci... »

Encore ce sourire. Si semblable à celui de Shin, mais en même temps si différent. Je dirais qu'elle rayonne plus que lui, mais que du coup, elle n'a pas ce côté attirant qu'il possède. ... D'OÙ JE LES COMPARE COMME CA ??! STOOOOOOOP. ON SE CALME.

« Mais de rien, c'est normal, entre amis », répondit-elle en se rapprochant davantage, ce qui me stressa encore plus. On aurait dit qu'elle attendait que j'ajoute ou que je fasse quelque chose. Euh... Arhem. Je me contentai de la regarder, ce qui était déjà assez difficile comme ça. Il y eut un léger silence puis une moue boudeuse passa fugitivement sur son visage, tellement fugace que je doutai de son existence. « Bon, j'ai ma preuve, j'y vais maintenant ! A bientôt ! »

Et elle s'en alla tout en m'adressant de grands gestes du bras. Je ne savais même plus si je voulais qu'elle reste ou qu'elle parte. J'avalai ma salive, contemplai le paquet avec appréhension et le posai sur une table proche avant de m'affaisser sur une chaise, juste devant. J'ose pas l'ouvrir. Mais si elle me demande plus tard, j'aurai l'air de quoi... ? J'allais me décider quand la porte s'ouvrit à nouveau. Oh, mais les gens ont que ça à foutre, de glander dans des salles de cours un samedi en fin de matinée ? ... Okay, ma gueule. Je relevai vaguement la tête pour savoir de qui il s'agissait – histoire de pas me faire surprendre par Kaoru qui revenait, t'sais – et j'étais à peine droit qu'une main aux longs doigts fins décala le paquet vert pour laisser la place à un corps tout entier. Marteau-piqueur, épisode deux. Je fixai son visage (notant avec agacement que dans sa position actuelle, il était plus grand que moi) et me perdis dans ses yeux vert émeraude, encadrés par des cils si longs. J'allais me lever mais il m'en empêcha au dernier moment, s'amusant à passer la main dans mes cheveux teints – comme s'ils étaient pas suffisamment décoiffés, tiens...

« Happy valentine's day ♥ »

AAAAAAAAAAAH. Me dis pas ça comme ça ! Me sors pas ça avec ce sourire qui me liquéfie sur place ! Il se pencha un peu en avant et installa ses pieds sur ma chaise, de part et d'autre de... de moi. SHIN. TU LE FAIS EXPRES, AVOUE. Je crois que mon cœur va lâcher s'il continue à pulser aussi fort, aussi vite. JE VAIS CREVER A CAUSE DE TOI. Et aux informations, ils parleront du premier cas de l'histoire où quelqu'un est mort à force d'avoir trop aimé d'un coup. [HRP : Chamallow powaaaa 8D]

« Alors ? Que racontes-tu de beau à ma magnifique personne ? »

Que j'ai juste envie de te plaquer contre la table et de te faire un paquet de choses pas catholiques, là, tout de suite ? Mmh, oui mais non. C'est pas vraiment l'endroit approprié. Pas que ça me dérangerait, en soi, mais si quelqu'un nous surprenait... Déjà que c'était suffisamment compromettant comme ça, pas la peine d'en rajouter. Mais je sais pas parler. Je sais pas parler aux gens, leur décrire ce que je ressens pour eux, que ce soit de l'amitié ou de l'amour. Je sais les insulter, les frapper, mais leur parler de mes sentiments... Et j'ai le corps qui agit plus vite que le cerveau. Alors je me levai légèrement et l'embrassai. C'était comme à la première fois. Mais là, maintenant, j'avais besoin de plus. Je me retins tant bien que mal, bridant mes pulsions. C'était trop risqué. Je m'interrompis et le regardai longuement, détaillant le moindre trait de son beau visage, ma main posée sur sa joue, avant de recommencer, toujours sans rien dire, goûtant à la douceur de ses lèvres. C'était relativement chaste, comme baiser. Relativement... Disons que pas mal de gens auraient jugé cela assez chaud mais que je nous connaissais. On était capable d'aller bien plus loin. Seulement, si je m'abandonnais totalement, ça risquait de mal finir, et idem pour lui.

« Happy Valentine's Day, Shin », lâchai-je à voix basse en rompant le baiser, sans oser le regarder dans les yeux. J'ouvris la bouche pour poursuivre, mais je ne savais pas comment amener le sujet. J'eus probablement l'air d'un poisson rouge particulièrement stupide pendant quelques secondes puis plongeai la main dans mon sac pour en ressortir le paquet acheté le matin même, enveloppé dans un papier cadeau rouge, et le lui tendis. « Ce... C'est pour toi », annonçai-je sobrement en continuant à détourner le regard.

J'espère que ça va lui plaire... C'est pas le summum de l'originalité mais on va dire que c'est mieux que rien, hein ? Un pull à capuche rouge sombre tout ce qu'il y a de plus banal. ... Trop banal, même. Je suis sûr qu'il en a déjà un. Ou que j'ai pris la mauvaise taille. Ça va être trop grand, ou trop étroit, ou alors il est allergique à ce type de tissu, ou alors...

[HRP : Je t'aime. *w*
J'ai compriiiiis 8D *attrape un cookie*]

Un mini silence s’est installé, avant qu’Hakai ne décide de se lever - ‘fin, à lever le cul de sa chaise plutôt, parce qu’il est vachement grand, et a pas besoin de beaucoup plus pour atteindre mon visage - et de poser ses lèvres sur les miennes. Une fois, puis une deuxième. Laissant un peu de temps entre chaque. Quelques secondes, peut être minutes, où on se regardait, sans échanger un mot. En fait, je me demandais comment Hakai faisait pour pas se foutre de ma gueule tellement mon cœur battait. Un troupeau de chevaux au galop aurait fait moins de bruit. Vous connaissez cette sensation, vous vous sentez votre cœur battre dans ton votre corps ? La tête, les doigts, les lèvres… Avant, cette sensation, je la connaissais pas. Parce que j’aimais pas assez fort… Ami aurait pu faire battre mon cœur comme ça…

«Happy Valentine's Day, Shin »

Hein ? Et le troisième alors ? Il est où mon troisième ? On dit bien ‘Jamais deux sans trois’ non ? Alors il est où mon troisième, MERDE ? J’aurais bien pris moi-même l’initiative d’y retourner et de l’étouffer a moitié pour me venger - en plus j’aurais du lui faire un bouche-à-bouche pour le ranimer, donc ça aurait été doublement bénéfique - s’il n’avait pas sortit un paquet de son sac pour me le tendre.

«Ce... C'est pour toi »

Et là, je suis vraiment resté con. Encore plus que quand Kaoru s’est barrée. Parce que lui m’offrait quelque chose, et que moi, j’avais rien pour lui. Je me suis frappé mentalement. Mes yeux ce sont posés sur le paquet rouge qu’Hakai m’avait posé dans les mains. Puis, j’ai tenté de croiser le regard de celui assis en face de moi. Mission impossible dans la mesure où il détournait les yeux. J’ai une grande inspiration avant de commencer à déchirer le paquet. J’ai souris en voyant ce qu’il contenait, et sans attendre, j’ai enfilé la veste rouge sombre, la laissant ouverte et remontant les manches. Je l’ai rapidement positionnée comme il faut. Rabattant la capuche sur ma tête et bougeant un peu les épaules pour qu’elle se place correctement.

« Je te jure que je si tu continues d’éviter mon regard, je te viole ici et maintenant. Consentant ou non. Même si techniquement un viol n’est pas consentant. »

Et sans attendre plus longtemps, j’ai attrapé sa main et je l’ai embrassé. Et voila. Je l’ai eu, mon troisième.

« Merci ♥ »

J’ai posé mon front sur son épaule sans pour autant lâcher sa main. Sa main bien plus grande que ma mienne. Et plus chaude aussi. On est resté comme ça quelques secondes, avant que je ne décide de reprendre la parole, les yeux fermé et mon visage toujours collé à lui.

« Hakai… Passe la journée, et la nuit, avec moi… »

J’avais resserré la prise de ma main sur la sienne en posant ma fausse question. Parce qu’autant l’avouer, je ne lui laissais pas vraiment le choix. Sauf s’il avait une excuse. Une TRES bonne excuse… Comme… Comme rien en fait.

« Bon ! Et si tu ouvrais le cadeau de Kaoru maintenant ? J’suis curieux de voir ce qu’elle a bien pus t’offrir »

Non. Ceci n’est pas une tentative de changement de sujet afin qu’il oublie de me répondre et de pouvoir lui rappeler plus tard pour qu’il soit dans l’incapacité de refuser… C’est pas DU TOUT mon genre…

{HRP : Et voilaaa 8D
Fin pourrie mais bon, faut faire avec 8D
J'te laisse le soin de réfléchir ce que Kaoru a bien pu offrir a notre métaleux préféré ♥}

Il y eut un léger silence durant lequel je n'osai pas planter mes yeux dans les siens. J'avais trop peur de sa réaction. Finalement, il déchira le papier et enfila le sweat, sans le fermer et sans oublier de retrousser les manches. C'était mon Shin à moi, avec ses habitudes. 'Fin il aurait pas pu virer son T-shirt dessous, aussi ? Hein ? Nan mais je rêve. ... Je crois que Yukari devrait me donner des cours de messages subliminaux. Piper est trop bourrine pour ça, Kaoru, je tiendrai pas, Shin pareil et Ryuku est pas plus doué que moi pour ça. Conclusion, je vais devoir demander un truc à Yukari. Et ça va encore me retomber sur la gueule.

« Je te jure que je si tu continues d’éviter mon regard, je te viole ici et maintenant. Consentant ou non. Même si techniquement un viol n’est pas consentant. »

Par pur esprit de contradiction, j'allais lui jeter un de ces regards que j'avais appris à maîtriser, au fur et à mesure. Le froncement de sourcils numéro 93, alias « toi, je vais te buter ». GENRE que tu arriverais à me violer. Essaye un peu pour voir. Bref, j'allais protester sans paroles quand il saisit mon poignet, entrelaça ses doigts entre les miens et m'attira à lui, m'embrassant encore. Je me calmai aussitôt, convaincu que je pourrais passer des heures comme ça, à simplement goûter ses lèvres.

« Merci ♥ »

Il y eut un autre remous dans ma poitrine. Ça lui a plu. Il aime son pull. Mon pull. AAAAAAAH. Je pourrais crever maintenant, je regretterais rien. Même si dans l'immédiat, je crois que je vais mourir de bonheur. Shin posa lentement sa tête dans le creux de mon cou et je sentis son souffle sur ma peau. AAAAAAAH MAIS MERDE, SHIN, PAS MAINTENANT, PAS ICI. Je vais jamais pouvoir tenir, sinon. J'ai l'impression de faire de la tachycardie. MON COEUR VA LÂCHER, BORDEL. Je passai un bras dans le creux de ses reins et l'autre se perdit dans ses cheveux éclatants. Le silence perdura quelques instants que je conservai précieusement dans toutes les particules de mon corps. C'était... extraordinaire. J'aurais voulu rester comme ça, à jamais, plaqué contre lui, les yeux fermés, le cœur qui bat à deux mille à l'heure.

« Hakai… Passe la journée, et la nuit, avec moi… »

Et puis le son de sa voix me ramena à la réalité. Imperceptiblement, il s'était complètement collé à moi et avait raffermi la prise de sa main. AAAAAAAAAAAAAAH. JE FAIS QUOI. Je veux rester avec lui. Toute la journée, toute la nuit, toute la vie. Mais je peux pas. J'y arrive pas. Serrant les dents, je ne parvins pas à répondre. J'en crève d'envie. J'attends que ça. Mais... Une pointe de tristesse ternit la brillance de l'instant. Rester toute la journée en nous isolant, passe encore. Shin ne serait pas super content, mais il accepterait – j'espère... Mais la nuit... ? Je baissai les yeux, honteux. J'aurais tant voulu. Mais on était chacun dans un dortoir... Et même s'il était vide, et si on nous entendait ? Nous surprenait ? J'en suis malade rien qu'à l'idée. Ça me rend dingue. Ce dilemme me hante. Je ne savais pas comment répondre. C'est pas comme si je pouvais refuser... Ce mec me perdra.

« Bon ! Et si tu ouvrais le cadeau de Kaoru maintenant ? J’suis curieux de voir ce qu’elle a bien pus t’offrir »

... AAAAAAAAAAAAH. Je voulais plus y penser. J'avais même réussi à l'oublier. MAIS T'ÉCARTE PAAAAAAAAS. Je le contemplai un instant, lui et son sourire ravageur, lui et ses yeux étourdissants. Ça doit être la seule nuance de vert que j'aime... Avec celle du paquet, peut-être. Quoique non, j'aime pas cette couleur, mais j'aimerais bien aimer un peu moins la personne qui me l'a offert. Je déglutis, lâchai un « ouais » qui dissimulait mal mon appréhension et déballai le cadeau.
...
OH PUTAIN. JE FAIS QUOI. JE FAIS QUOI-QUOI-QUOI-Q-ET MERDE IL L'A VU. Je vais aller me pendre. Quoique non, là, dans l'immédiat, j'avais envie de courir, d'attraper Kaoru, et de l'encastrer dans le mur. POURQUOI ELLE M'A OFFERT ÇA, CETTE CRUCHE. Je risquai un coup d'œil vers Shin. Impassible. MAUVAIS SIGNE. Je m'éclaircis la gorge et dépliai complètement le T-shirt sans manches, noir, dans une matière vaguement élastique qui devait très certainement coller au corps. OKAY. Mais... POURQUOI. Pourquoi est-ce qu'elle est aussi... aussi... DÉVERGONDÉE ?!!! Je mettrai jamais ça. Ça va pas, non ?!! Mais je peux pas le lui dire, merde. Et puis offert le jour de la Saint-Valentin, en plus... AAAAAH. Shin va péter un câble. Je stressais comme un dingue quand l'illumination divine me parvint. J'agitai le T-shirt sous son nez et m'approchai tout près, jusqu'à pouvoir l'embrasser, mais me retenant. Un léger sourire étira mes lèvres et je glissai deux doigts dans son col, faisant mine de faire glisser son nouveau pull sur le sol.

« Mais ça t'irait bien, dis-moi... », dis-je à mi-voix. « Tu veux pas l'essayer et le mettre de temps en temps ? Juste pour moi. ♥ »

A ton tour de pas pouvoir répondre. Je n'accepterai aucune excuse. Quant à Kaoru... Je préfère ne pas y penser pour l'instant. Je trouverai bien un truc plus tard.