Ton histoire a commencé une nuit de décembre. Il neigeait. Le ciel pleurait des larmes gelées.
Tu es né dans les cris et la douleur. Tu as vécu ton enfance dans les bas fonds, sans jamais connaître ton père, volant pour survivre. Et puis un jour, la ville, les nobles en ont eu marte. Oh, pas de toi, bien sûr, tu n'étais qu'une chose insignifiante parmi les 'ordures' comme ils disaient. Non, ils en ont eu marre, de toute cette violence, de toute cette misère qui ternissaient la belle image de leur ville. Alors ils ont appliqué le "plan Z" ou extermination complète de la 'vermine'.
Ça a commencé en pleine nuit, c'était plus simple, les gens dormaient et ça dérangerait moins les 'gens du haut'.
Lorsqu'ils sont entrés chez toi, tu t'es caché derrière ta mère, comme un gamin, normal, c'est ce que tu étais. Quand celle qui t'avais enfanté est tombée sous les balles, tu t'es enfui. N'importe quel gamin serait resté là à pleurer, mais non, toi tu es parti.
Tu as couru, trébuché. Tu t'es relevé, et a continué. Tu es sorti de chez toi, les gens criaient dans la rue. Tu as attrapé au passage ton skate. La planche a volé dans les airs avant de retomber impeccablement sur le béton, tu es monté dessus d'un saut adroit, bien que plutôt jeune tu maîtrisais déjà bien ce genre d'engin.
Tu as roulé longtemps dans les rues, les gens criaient et couraient autour de toi, tu avais du mal à te déplacer, peut-être que ce n'était pas une si bonne idée le skate en fin de compte. Un homme s'est précipité devant toi, tu n'as pas eu le temps de l'éviter. Ta tête a cogné contre le sol, le noir t'a envahi.
Lorsque tu t'es réveillé, ça puait. Une odeur de corps grillé, de décomposition, et de sang avait envahi l'air. Tu n'arrivais pas à te redresser, tu as compris que quelque chose te retenait au sol. En poussant avec tes jambes et en te tortillant, tu as réussi à te sortir de là, c'est bien. Tu repousses ce qui t'écrasait : un corps sans vie. Tu regardes autour de toi, il ne reste plus rien, que des cendres. Ils ne t'ont pas vus écrasé comme tu étais. Tu es en vie, c'est le principal. Mais pourtant, tu ne seras plus jamais le même, tu en as conscience n'est pas? 10 ans et tu connais déjà la mort.
Tu es parti avec sur ton skate, c'est tout se qui te restait. Tu as fini par échouer dans une ville ravagée par des guerres de gangs. Un de leurs chefs t'as recueilli, t'as pris sous sa coupe. Tu as vécu deux ans avec eux. Deux ans entouré d'une famille. Toi qui avais toujours été seul, tu étais enfin entouré. Tu faisais parti des leurs, tu as même adopté leur symbole, leur tatouage. Tu pensais que désormais ils seraient toujours à tes côtés. Pff, quel idiot. Et puis, si j'écris ici, c'est bien parce qu'ils ne sont plus là.
Qu'est ce qui s'est passé? Une dispute stupide. Les lignes qui divisent les villes bougent, c'est bien connu.
Tu leurs faisais face, noyé dans ton clan, personne ne faisait attention à toi. Non, ce qui comptait pour eux ce n'était pas une seule personne mais le groupe en entier. Tu étais jaloux? Peut-être un peu, mais en vérité tu étais surtout fier, fier de ne pas être seul. Fière, comme toujours.
Tu es entré dans la boucherie. Oh bien sur tu ne pensais pas que ça allait se finir comme ça. Tu as foncé, comme tu le feras toujours plus tard. Tu n'as pas sorti ton pistolet, non, tu as juste pris une épée au passage sur un cadavre. Puis tu as taillé ton chemin, comme on taille son chemin dans la jungle. Très vite un vide s'est créé autour de toi. Alors tu avançais, marchant sur les crânes, allant à la rencontre de la chair. Le sang sur ta lame te rendait fou. Tu n'étais plus qu'une bête, une bête assoiffée. Puis la lune s'est levée, éclairant le massacre. Elle était rouge comme l'herbe. Tu es content? Tu as servi ton clan, c'est bien ce que tu voulais non? Tu t'en fiches hein, avoue. Ceux qui vous ont offensé sont tous morts mais ça n'a plus d'importance pour toi. Vivre ou mourir? Question tellement inutile, tellement absurde.
Au milieu des cadavres, les mains et la tête tournée vers l'astre de la nuit, tu as ri. Oui, tu as ri. D'un rire démentiel.
Et après ça, les autres, ceux que tu considérais comme des frères, se sont éloignés de toi. Quoi de plus normal comme réaction.
Ta plus grande erreur a été de leur montrer ton vrai visage : monstre! Démon!
Tu es parti.
Tu as fini par échouer dans un lycée, le seul lycée qui voulait bien t'accepter, il faut dire que tes résultats ne volaient pas haut. Tu aurais pu rester en dehors de ça, rester dans la rue, mais tu en avais marre. Trop de souvenirs, trop de blessures à ton cœur.
Lorsqu'on t'a demandé si tu voulais faire partie de la 'Battle', tu t'es souvenu d'une certaine ville déchirée par des guerres de gangs. Tu as souri au passé, et tu as dit "oui".