First Chapter. Faute... intentionnelle ?

« C'est inadmissible ! Votre enfant, indigne de votre rang, est une honte à votre famille et à notre école ! »

Suffit de crier... L'homme doit être une machine à s'user les cordes vocales. Pourquoi hurler... Alors que parler suffit amplement ? Je ne comprends qu'un mot sur deux de votre beuglement... Votre but est de me rendre sourde, ou de me faire comprendre mon erreur ?
En ce moment même, je suis assise sur une des quatre chaises présentes dans le bureau du directeur. Directeur pas très heureux que je suis ici. Vous l'aurez bien compris en le voyant hurler, comme un chien voulant rentrer la nuit. À mes côtés, se trouve ma mère. Jeune encore, elle essuie ses larmes, peu convaincante. Encore à côté, une autre femme. Beaucoup plus âgée, son visage rouge reflète qu'elle a versé bien plus de larmes que ma mère. C'est elle qui a pris les conséquences de mon acte, après tout...

« Mademoiselle Maylee... Avez-vous quoi que ce soit à dire ? Vous êtes virée ! V-I-R-É-E ! »

Je souris. Il me parlait. Il avait fini son discours que l'école entière avait probablement entendu, tant il criait. Sur son crâne chauve, on voit une tempe laide, qui ressort de son support, tant il doit être énervé. Il est debout, se retenant de ne pas casser un quelconque objet à sa portée. Je regarde un instant ma mère. Mon sourire s'agrandit. Elle joue très bien la comédie. En réalité, elle se fiche pas mal de ce qui est arrivé. Elle doit faire bonne impression, c'est une lady très respectée, dans la commune. Mon regard se porte à nouveau sur les yeux de mon supérieur. Je me décide à lui répondre. Je croise les jambes, et mon regard se remplit de malice.

« Virée ? Je n'irais pas à vous contredire. Cette école est un rabaissement au rang de ma chère mère. Je n'ai rien à dire. Cette fille le méritait. »


Second Chapter (2 jours plus tôt) - Faits et lieux.

« Salut, Maylee ! Tu viens ? Le professeur va nous crier dessus si on arrive encore en retard. »

Je me retourne soudainement, étant interpellée par quelqu'un. Dans ma précipitation, je fais glisser deux cahiers de cours, qui retombent dans un bruit sec.

« Oh, bonjour, Miharu-san. Je suis contente de te voir ! Je pensais que tu étais absente. Je me dépêche, attends-moi devant l'escalier. »

Elle hoche de la tête. Et trotinne, jusqu'à se poser sur la rampe de l'escalier. Moi, je ramasse tranquillement mes affaires tombées. Je pense, en esquissant un sourire malsain, à ce qu'il est prévu... de se passer.

Dans quelques secondes, à peine.

Je me lève, et je fais disparaître mon sourire. À "l'extérieur", on me voit comme une fille gentille, qui n'aurait jamais voulu du mal aux autres. Il est enfin temps de fermer les yeux sur cette fausse identité. Et, je sais exactement comment.
Pourquoi est-ce qu'une idée aussi mauvaise m'est parvenue ? Parce que ma réputation de bonne soeur me gave. Il n'y a que ça pour décrire mon humeur. Être forcée de jouer les gentilles, en permanence, pour récolter de simples petits sourire en coin, et les moqueries des autres, je préfère m'abstenir. Miharu, désolée... même si je ne le suis finalement pas, tu seras la victime.

« Surtout ne te dépêche pas. Je vais avoir une heure de colle. Toi, les profs te chouchoutent, c'est pas juste ! Apprends-moi à être mignonne comme toi. »

Je m'avance vers elle. Je redresse mon sourire que j'ai effacé, ce qui étonne légèrement mon "amie". On me voit tout le temps sourire. Mais pas d'une façon aussi sale. Une étincelle de curiosité brille dans le regard de ma victime. Elle devrait être terrifiée, si elle savait ce qui l'attend. Mais c'est dans sa nature d'être aussi naïve, et bête. Je m'approche d'elle. Elle se retourne, et se prépare à descendre les escaliers, placée au beau milieu de la construction de bois. Parfait !

« Ne t'inquiète pas. Tu n'auras pas besoin de jouer les minettes. Les heures de colle, pour toi, c'est définitivement fini. »

« Neh ? Comment ça ? De quoi tu veux parler... ? »

C'était probablement ses derniers mots.
En se retournant, elle aura probablement vu que je l'ai... Poussée. D'une manière forte. Et devant le regard d'une vingtaine de témoins féminins. Elle n'aura pas reconnu la Céleste qu'elle connaissait. Au lieu de voir un ange roux, elle aura vu un démon, souriant de toutes ses dents, les pupilles rétrécies. Je l'ai poussée dans l'escalier, et elle, elle aura poussé un dernier cri de terreur, qui aura alerté tout le bâtiment. Avant de retomber sur le sol du rez-de-chaussée, sans bouger. Son hurlement aura couvert l'horrible craquement de sa nuque, probablement brisée. Céleste Maylee, tu es une meurtrière.

C'était ça aurait dû résonner. Du moins, extérieurement. J'avais laissé mon bras tendu, pour que l'ensemble des élèves voient que c'était moi. Il n'y a plus d'échappatoire. Céleste, la gentille fifille qui acceptait de faire les devoirs, qui ne causait pas de problème, toujours très participante, intelligente... S'était reconvertie en un assassin de pure race.

Je te considérais comme ma soeur...

Third Chapter. Infinite World

La peine est tombée. Je m'attendais à pire, comme sanction. Du genre, quand vous tuez quelqu'un, vous vous attendez à aller en prison, ou une punition du même monde. Mais, finalement, je m'en sors sans cicatrices. Je change de lycée. Le truc le plus idiot qu'on puisse faire après ça. Mais je ne vais pas m'en plaindre. Mon nouvel établissement est nommé "Infinite World". On peut dire que les propriétaires ont cherché plus loin que "Lycée Jean François".

Je ne peux plus faire demi-tour. Les papiers sont prêts, je suis devant les portes de mon nouveau lieu d'étude. Deux portes plus ou moins banales, reflétant l'extrême originalité du lieu. Dans l'atmosphère, il y avait une nouveauté. Je n'avais jamais ressenti cela, auparavant. Je ne sais pourquoi, je sentais que ce nouveau lycée allait m'apporter quelque chose. Un je-ne-sais-quoi qui va tout changer. Enfin bref, ce n'est peut-être qu'une illusion. Je verrais bien en allant dedans.

Ma mère est à mes côtés. Entourée d'un manteau chaud et bien voyant, le rouge vif n'est pas très discret, elle regarde sa montre. Contrairement aux anciens, ce bâtiment exige que le directeur vienne de lui-même à la rencontre des parents, les obligeant à rester debout, dans le froid. Je décide de chanter, comme quand je m'ennuie habituellement. Mais je m'arrête vite. Car, en fin de compte, c'était mieux de ne rien faire.

Après une quinzaine de minutes, l'attendu arrive en courant. Il a dû oublier que nous avions rendez-vous, et accourais en suant. Je confirme mon hypothèse. Le directeur est en chemise, et des signes de transpirations montraient qu'il avait dû se dépêcher pour ne pas "trop nous faire attendre". Après quelques excuses, il nous invite à rejoindre l'intérieur, dans ses bureaux. Poussant une des deux portes d'entrées, je découvre le hall. Curieusement, il m'intriguait. Pas parce qu'il était énorme, mais parce qu'un homme d'environ dix-sept ans me fixait, de là où il était perché. Un blondin, qui n'avait sûrement que ça à faire de sécher les cours et de narguer les nouveaux arrivants.

Voyant que le directeur était sur nos talons, l'inconnu partit aussi rapidement qu'avec agilité. Il a disparu de mon champ de vision. J'espère pouvoir le revoir, histoire de... m'occuper de lui.


Finalement, à la demande du directeur, je peux rester dans le hall. "Mais seulement là-bas ! N'essaye pas de visiter !" Qu'il disait. Se rend-t-il compte qu'avec cette mise en garde, l'envie de fouiner me prends encore plus ? Mais n'essayons pas d'aller plus loin que la restriction. A mon grand étonnement, celui que j'ai rencontré tout à l'heure est toujours présent. J'enlève mon châle, qui me tient bien trop chaud depuis que je suis rentrée à l'intérieur. Le blondin me fait signe, voulant apparament communiquer. Je ne suis pas vraiment d'avis, vois-tu ? Je suis plutôt de mauvaise humeur.

Tout ce qu'il récolte, ce pauvre crétin, c'est un geste de courtoisie, bien haut dressé. Bienvenue à moi, Céleste Maylee.