Not only dogs run after ball [feat Ace E. Xander]

Samedi. Samedi matin même, pour être plus précis. On aurait pu dire que c’était un jour comme les autres, sans cours ni obligation, mais non. Ce n’était pas parce qu’il y avait la même brise légère et agréable, le même temps doux, les même personnes, que c’était la routine. Ce n’était pas non plus parce que ça commençait pareil, que ça finirait de même. Et puis, un jour peut-il être vraiment normal dans cet endroit ? Drôle de quotidien, dans ce drôle de pensionnat.

Enfin, pour le moment il n’y avait rien à signaler, et de toute manière Allen n’était pas inquiet. Comme à son habitude, à croire qu’il n’avait toujours pas digéré le genre de lieu que c’était. T’es pas très futé bonhomme quand tu veux. Mais bref, passons. Tout ça pour dire de manière compliquée qu’il était simplement joyeux. D’autant plus que ce matin, il avait rendez-vous avec quelques jeunes de clans alliés avec qui il s’entendait plutôt bien.

Ce qui n’était pas très difficile non plus. Dans le genre gentil et attentionné, Allen faisait sensation. Ça avait au moins le mérite de contrebalancer son côté candide. Du coup il était plutôt apprécié, même si le fait qu’il parle souvent et beaucoup puisse en énerver plus d’un. Mais pas ces jeunes gens apparemment, puisqu’ils avaient décidé ensemble de jouer au football. En matinée le terrain de la cour de récrée était souvent désert, et il ne risquait pas de gêner quelqu’un, ni de devoir céder la place de manière plus ou moins forcée.

Et le voilà fin prêt, engoncé dans un short et un tee-shirt au slogan sportif, courant dans tous les sens après un malheureux ballon qui n’avait rien demandé –dure vie que celle d’un ballon : tu te fais gonfler et frapper, avant de crever et de finir à la poubelle. Une minute de silence. […] - , shootant, dribblant, taclant avec la même frénésie que les autres gars –dans la mesure de ses capacités bien sûr, parce que ce n’était pas un as non plus-. Avant de finalement arriver à un score ex aequo qui sembla ravir tout le monde, et causer la séparation du petit groupe, chacun remontant se doucher dans sa chambre.

Sauf Allen. Non pas qu’il n’aime pas se doucher, loin de là. Ni qu’il fasse partie de cette calamité de minorité de gens qui pensent que se laver après le sport n’est pas obligatoire . Non. Allen avait tout simplement envie de continuer s’entraîner quelques minutes de plus tout seul, histoire d’améliorer ses scores la prochaine fois.

Concentré, il jongla un moment doucement avec la balle, avant de tenter quelque chose de plus périlleux et d’envoyer celle-ci valser dans un coin de la cour. Bon, y’avait encore du progrès à faire. Il s’avança pour la récupérer, la suivant machinalement des yeux du même temps, avant de la voir rouler de plus en plus doucement et s’immobiliser entre des pieds. Euh ? Des pieds ? Mais qu’est-ce que ça faisait là ça ? Il releva la tête d’un geste interrogateur, et croisa le regard d’un pensionnaire plus grand que lui, aux cheveux pour le moins.. détonants. Bah oui, t’étais plus tout seul, gros bêta, si seulement t’avais levé la tête de ta baballe un peu plus tôt tu t’en serais aperçu.

- « Euh.. Excusez-moi ? »

Superbe réaction. Et ‘bonjour’, t’y as pensé ? Apparemment non. C’était qu’il t’intimidait un peu le grand bonhomme, et que t’avais du mal à détacher tes yeux de sa chevelure flamboyante. C’est beau n’est-ce pas, Allen ? Mais ça ne doit pas être facile à porter tous les jours. Au moins ça t’apprends quelque chose, il ne doit pas se laisser faire. Mais Allen, ça ne le dérangerait pas en temps normal ça. Sauf que là, il tenait son ballon. Et qu’il n’était pas sûr qu’il veuille bien le lui rendre. Alors il hésitait un peu, bouche bée.

Je savais que c’était pas une bonne idée de lancer un pétard dans la corbeille à papier du prof de philo. Mais j’avais tellement envie de voir si ça allait foutre le feu à la poubelle que j’ai pas pu résister et j’ai allumé un pétard que j’ai balancé dans la corbeille pendant qu’il se retournait vers le tableau pour écrire le nom de je-sais-plus-quel philosophe. Y a eu un gros « BOUM ! » et le prof a sursauté, en cassant sa craie en deux sous le choc. Quelques personnes ont ri, jusqu’à ce qu’il se retourne avec une tête de psychopathe.

« Qui … a fait ça ? » demanda-t-il d’un ton calme mais laissant légèrement transparaître sa colère.

Je crois que je suis mal barré. Je levai obligeamment la main. Pour me faire copieusement engueuler par le prof qui, apparemment, avait envie de me rendre plus sourd que lui avant l’âge.

« Mais m’sieur ! » ai-je protesté. « C’était pour la science, au moins, on sait que la poubelle est pas inflammable maintenant ! »

Bon, elle était un peu noircie et les papiers dedans étaient pas vraiment en meilleur état mais ça avait pas pris feu, quoi. Dommage d’ailleurs. C’aurait été drôle d’avoir un feu de joie au milieu du cours, ça aurait fait un peu de bonne humeur au milieu d’un cours parfaitement rasoir sur la religion. « La religion est l’opium du peuple » dixit Marx. Donc, le peuple fume de la religion ? Le peuple se shoote à la religion ? C’est super cool, je dis.

« HEY, QUI SE RALLIE A MA RELIGION ? JE SAIS FAIRE EXPLOSER LES POUBELLES ! » balançai-je en levant mon poing en l’air.

Et je me retrouvai dehors avant même d‘avoir ce qu’il s’était passé. Cooooool ! Ça veut dire que j’ai environ une heure et demie devant moi avant d’aller en maths. Je réajustai la lanière de mon sac sur une épaule et dévalai les escaliers pour aller prendre l’air dans la cour. A cette heure-ci, il n’y avait pas beaucoup de fumeurs. J’ai jamais vraiment aimé l’odeur du tabac. Ca a un je-sais-pas-quoi de désagréable. Presque personne dans la cour. Dommage, j’aurais bien voulu croiser quelqu’un que je connais pour avoir un peu de conversation. Je n’aime pas vraiment rester seul non plus.

Je me remis en marche. Déjà, je vais aller poser mon sac au dortoir pour enlever mes affaires de philo, ça sera déjà ça de moins à porter. Sauf qu’en chemin, pendant que je réfléchissais à qui je pouvais embêter pour passer le temps, quelque chose roula jusqu’à moi et heurta mes pieds. Je baissai machinalement les yeux. Une balle de basket ? Je relevai la tête pour voir d’où elle venait et remarquai la présence d’un garçon, plus petit que moi, probablement plus jeune aussi. C’est presque un gosse, tiens.

« Euh.. Excusez-moi ? »

Je lui souris et ramassai la balle au passage – je suppose que c’est à lui, non ? -. C’était assez rare de trouver des gens polis ici. Ou alors, c’est moi qui traîne avec les gens malpolis, vulgaires, froids et sans aucun savoir-vivre. Ça doit être une sorte de quête qu’on m’a assigné : civiliser les gens qui sont désagréables avec les autres. JE SUIS DESTINE A DE GRANDES CHOSES, LES GENS.

« C’est pas grave, c’est bon. » répondis-je gentiment. « C’est à toi ? Tu jouais tout seul ? »
( HRP : Aaaah, je suis désolée, j'ai rien fait avancer ! *s'enfuit en pleurant vers le soleil couchant* )

Une balle qui roulait, roulait, et roulait encore. Allen se demanda tandis qu’il la suivait des yeux jusqu’où elle aurait pu aller s’il n’y avait pas eu d’obstacle devant elle. Sans doute pas très loin mine de rien, même s’il avait l’impression que ça faisait déjà une éternité. La pente du terrain, les frottements solides avec le sol, voir même ceux fluides avec l’air auraient eu tôt fait de son mouvement. Et le voilà qui partait dans des calculs physiques, appliquant le pfd et le rfsf sur ce pauvre objet qui n’avait rien demandé. Mais cela ne servait à rien, puisqu’elle s’était déjà arrêter au pied de l’adolescent à la tignasse flamboyante, qui la ramassa d'une main. D’ailleurs Allen, tu appréhendais un peu sa réaction n’est-ce pas ? Et pourtant..

« C’est pas grave, c’est bon. C’est à toi ? Tu jouais tout seul ? »

Un sourire d’abord timide vint s’épanouir sur sa jolie frimousse enfantine. Apparemment le jeune homme avait l’air aimable et sympathique, ce qui chassa vite fait tout sentiment de prudence ou de méfiance qui aurait dû être en place au vu des personnes assez exotiques qui peuplaient cet endroit. Il hocha la tête sans quitter son sourire, et répondit tout en s’approchant un peu.

« Oui ! Je jouais avec des amis, mais ils sont partis.. Tu veux faire une partie ? Moi c’est Allen, Allen Hatano, enchanté ! »

Et je raconte ma vie. Sans songer un seul moment que cela n’intéressait peut-être pas le gars d’en face. Allen inclina légèrement la tête en se présentant, avant de le regarder avec curiosité. Il ne lui semblait pas l’avoir rencontré avant, et il se demandait un peu qui il pouvait bien être. En tout cas ça lui semblait être un chic type, au premier abord. Et sans doute assez atypique et amusant, au vue de son manque de banalité apparent, entre son allure et la couleur de ses cheveux. Il l’intriguait un peu.

D’ailleurs qu’est-ce qu’il pouvait bien faire dehors tout seul ? Il n’avait pas l’air du type qui aimait le calme et la solitude, bien qu’il puisse grandement se tromper. Il regarda à droite et à gauche, un peu surpris de constater qu’il était le seul à être sorti du bâtiment. Les cours n’étaient pas finis pourtant. Il se rappela alors du bruit sourd qui l’avait fait sursauter quelques minutes auparavant, comme une sorte d’explosion entendue par une fenêtre ouverte qui donnait sur la cour. Peut-être que ceci expliquait cela ?

« T’as fini les cours plus tôt ? »

Il lui demanda d’un air curieux, bien que sans aucune arrière pensée. Jamais il ne se serait douté que c’était lui l’origine du bruit, ou même qu’il ait pu participer à ce genre de chose, mais il se demandait juste s’il y avait un rapport, de manière assez naïve. Et puis, peut-être que comme lui il ne commençait que plus tard. Le tutoiement lui était venu assez naturellement aussi, puisque l'adolescent lui avait adressé la parole comme ça. Mais au fait, il comptait bien lui rendre sa balle, si ?

[HRP : Pas de soucis 8D ]

Il sourit. OH MY GOD. Je suis tombé sur une rareté, là !! Un gosse, qui sourit, mais pour que dalle !! Ça existe plus, ici ! C’est impossible ! Enfin, si, c’est possible, vu que y en a un en chair et en os devant moi. Mais wow ! D’habitude, les gens sont d’un froid ici, on dirait qu’ils ont avalé un balai. Voire même un lampadaire, tellement y en a qui sont rigides. Et on dirait aussi qu’ils ont essayé de se changer en personnification du blizzard sibérien. On peut même pas dire « bonjour » à certains Aquarius sans avoir l’impression de se prendre un seau d’eau froide sur le crâne.

« Oui ! Je jouais avec des amis, mais ils sont partis... Tu veux faire une partie ? Moi c’est Allen, Allen Hatano, enchanté ! »

Il me plaît bien, ce gamin. Il a l’air sympa. C’est un quoi ? … Oh, et puis, cette histoire de clans, ça va bien, hein. Il vient d’où ce besoin de cataloguer les gens, en fait ? Je me demande bien ce qui a poussé le directeur à faire un truc dans ce goût-là …

« T’as fini les cours plus tôt ? »

Je pris mon air le plus innocent que je trouvais dans mon répertoire d’expression. Vous savez, avec l’auréole, les ailes qui font flop-flop et la lumière céleste ? Oui, voilà. Un ange. En plus flamboyant. Et plus classe. Et … plus mieux. Parce que je gère plus que n’importe quel ange, il faut bien l’avouer, en toute objectivité ! – insérez rire snob ici –

« Aloooors. En fait, pour faire simple, je m’appelle Ace Xander et je suis le dieu d’une nouvelle religion. Je sais pas si t’as entendu un bruit tout à l’heure, mais en fait, j’ai fait un miracle dans une classe, soit faire rire les gens en cours de philo. C’est fou ce qu’un pétard peut apporter comme distraction au milieu d’un monologue du prof sur … sur qui déjà ? »

Je m’interrompis, cherchant à mettre le doigt sur le nom du philosophe sur les textes duquel on devait cogiter il y a encore une dizaine de minutes, avant de laisser tomber.

« Bon, j’sais plus, ça devait pas être super important si j’ai oublié. »

Bah oui. CQFD. De toute façon, y a qu’une religion qui m’intéresse, c’est la mienne, mouahahaha. PROSTERNEZ-VOUS DEVANT MOI, PAUVRES MORTELS QUE VOUS ÊTES !!! – insérez rire de psychopathe ici –

« Mais du coup, le prof, il a pas vraiment apprécié le regard émerveillé de mes fidèles adorateurs qui l’écoutaient plus du tout et il m’a mis à la porte. Mais quoi ? J’y peux rien si je suis tellement plus classe et charismatique que lui ? Bon, en même temps, tu me diras, c’est pas super dur d’être plus charismatique qu’un vieux dinosaure rabougri qui passe sa vie à parler de Platon. Mais voilà quoi, il aurait pu assumer sa jalousie autrement qu’en me condamnant à essayer d’échapper aux pions. »

J’adressai un petit sourire d’excuse à Allen, en balançant au passage mon sac sur un banc qui était pas loin. Il atterrit et glissa légèrement, mais il ne tomba pas. FUCK YEAH, je gère.

« Désolé, désolé, je parle beaucoup, ça soûle plein de gens. Ils devraient plutôt me remercier, je parle pour deux, je leur permets d’économiser leur salive, bande d’ingrats ! » poursuivis-je avec un ton théâtral, accompagné d'un clin d’œil, en lui tendant son ballon. « Bref. Sinon … on la fait cette partie ? »
( HRP : Je me fais même pas pardonner en changeant Ace en moulin à paroles, en plus 8D )

C’était tout bonnement incroyable. Magique même, au point qu’Allen se demandait s’il n’était pas entrain de rêver. Non seulement le jeune homme en face paraissait fort sympathique, mais il était en plus.. bavard ! Ce qui était un miracle dans cet endroit. D’autant plus qu’il parlait plus que lui, et ça ce n’était pas une mince affaire. Ce qui expliquait sans doute son air un peu béat d’admiration, tandis qu’il buvait les paroles de l’ado’ à la tignasse flamboyante dont il ne connaissait toujours pas le nom, et qui ressemblait à cet instant à un vrai petit ange.

[color=orangered]- « Aloooors. En fait, pour faire simple, je m’appelle Ace Xander et je suis le dieu d’une nouvelle religion. Je sais pas si t’as entendu un bruit tout à l’heure, mais en fait, j’ai fait un miracle dans une classe, soit faire rire les gens en cours de philo. C’est fou ce qu’un pétard peut apporter comme distraction au milieu d’un monologue du prof sur … sur qui déjà ?
Bon, j’sais plus, ça devait pas être super important si j’ai oublié. »

Si Allen avait un air un peu béatique à la base, il semblait désormais bouche bée, devant ce déferlement de paroles. Parce que ce qu’il racontait, c’était vraiment original en plus ! Il se mit à rire doucement, non pas par moquerie ou quoi que ce soit du genre, mais parce qu’il trouvait juste ce type génial. Il était tellement énergique et wtfuckiste ! Et lui qui aimait bien parler, ça lui plaisait. Beaucoup même, d’ailleurs il se décoinçait peu à peu, rentrant dans son délire.

- « Ouuuuuuaaaaaaah ! T’es vraiment un dieu ? C’est quoi ta religion ? Dis c’est pour ça que tu t’appelles ‘Ace’, comme les services ultra rapides au tennis ? Ou ça a rien à voir.. La philo’ c’est sympa mais c’est sûr que le prof est pas très drôle.. Un pétard ?? Vraiment ?? Oui j’ai entendu le bruit ! Je me demandais ce que c’était d’ailleurs.. Mais.. c’est interdit non ? T’as fait quoi avec ?? T’as quand même pas ?..»

Ace c’était un peu entrain de devenir un vrai dieu à ses yeux. Parce qu’Allen, même s’il était très intelligent, il était aussi très enfantin et crédule. Et cet hurluberlu exubérant, c’étai une sorte de héros pour lui. Déjà parce qu’il.. Parlait, et beaucoup, et ensuite il avait une telle assurance ! En plus il faisait des trucs de fou apparemment ! Il aurait donné cher pour assister à ce cours de philo’ et voir ce qui s’était passé, puis aussi pour voir la tête du professeur. Même s’il se sentait un peu honteux de penser à une chose pareille, alors qu’il aimait bien cette matière, et que ce n’était pas très cool pour le prof, même si c’était pas un génie, ni la définition même d’un type sympathique.

- « Mais du coup, le prof, il a pas vraiment apprécié le regard émerveillé de mes fidèles adorateurs qui l’écoutaient plus du tout et il m’a mis à la porte. Mais quoi ? J’y peux rien si je suis tellement plus classe et charismatique que lui ? Bon, en même temps, tu me diras, c’est pas super dur d’être plus charismatique qu’un vieux dinosaure rabougri qui passe sa vie à parler de Platon. Mais voilà quoi, il aurait pu assumer sa jalousie autrement qu’en me condamnant à essayer d’échapper aux pions. »

Wahou.. Ace était reparti de plus belle ! Bon il devait sans doute en rajouter un peu, niveau théâtral, mais ça n’étonnerait pas trop Allen s’il avait vraiment des admirateurs. Parce que comme sa chevelure, il pétait le feu le bonhomme ! Et c’était communicatif. Pour peu Allen lui aurait sauté au cou, avec des étoiles dans les yeux. Mais bon, il avait encore suffisamment de self-control pour ne pas paraître complètement bêta ni agir de manière trop trop spontanée.

- « Oh, tu vas pas avoir de soucis pour avoir été mis dehors j’espère ?.. C’est vrai que t’es beaucoup beaucoup plus intéressant que lui ! Même si tu parlais de Platon, tiens, j’suis sûr ! Mais.. il était vraiment jaloux ? C’est un prof après tout, c’bizarre.. »

Allen, dans toute sa splendeur. Non il ne cherchait pas à le flatter, ni quoique ce soit du genre, il pensait réellement ce qu’il disait. Avec toute la candeur et l’innocence possible d’un gamin de huit ans, bien qu’il soit plus âgé. Oui je sais, on dirait pas. Surtout qu’il croyait tout ce qui sortait de la bouche de Ace, même si ce n’était sûrement pas une bonne idée..

- « Désolé, désolé, je parle beaucoup, ça soûle plein de gens. Ils devraient plutôt me remercier, je parle pour deux, je leur permets d’économiser leur salive, bande d’ingrats ! »

- « Non non t’excuses pas, je trouve ça super au contraire ! D’habitude les gens parlent pas beaucoup, parfois j’monologue tout seul d’ailleurs, et c’est triste.. Y’en a aussi qui font tellement peur qu’on ose pas ouvrir la bouche.. Brr »

Et de manière très théâtrale, comme à ce qui semblait être son habitude, Ace lui tendit le ballon de basket. Ah ! Il allait le lui rendre finalement ! C’était vraiment un chic type. Il attrapa la balle d’une main, en le remerciant d’un air ravi.

- « Bref. Sinon … on la fait cette partie ? »

-« Ouiiiii ! »

Allen était encore plus ravi, au summum du ravissement même. Parce qu’il s’était trouvé un nouveau compagnon de jeu, qui plus est intéressant au possible. C’était vraiment une bonne journée. Un nouvel éclat de rire léger lui échappa, avant qu’il ne s’ébouriffe les cheveux de sa main libre, et commence à dribler lentement, avant d’accélérer la cadence et de se mettre plus ou moins en position. Il le regarda alors d’un air espiègle tout en continuant de sourire, et lança :

- « Alors, tu viens ? »

Il était prêt. Enfin du mieux qu’il le pouvait, parce que niveau concentration Allen c’était pas le top. Le coup du ‘un éléphant rose’ ça marchait à tous les coups par exemple. Mais bon il semblait décidé à ne pas se faire piquer la balle tout de suite.

(HRP : On est foutus alors, parce qu’Allen c’est pareil si tu le lances 8D)

Il a vraiment une bouille adorable, ce gamin. Si ça se trouve, en fait, je suis mort, tué par mon prof de philo après avoir fait exploser mon pétard et là, je suis au paradis, et lui, c’est un ange. Ce qui expliquerait pourquoi il sait sourire et pourquoi il sait entretenir une conversation. Ouais, ouais. Si ça se trouve, je suis mort et j’attends ma résurrection, comme Jésus ! Ou comme Kenny de South Park, c’est possible aussi.

« Ouiiiii ! »

Enthousiaste, avec ça. ON N’EN FAIT PLUS, DES COMME CA. Il se mit à dribbler, en crescendo, allant de plus en plus vite. Je m’étirai un peu. Faudrait pas que je me claque un muscle tout connement. Ca manquerait de classe. Or, je me dois d’avoir la classe pour rattraper ceux qui n’en ont pas. Donc, à défaut de m’échauffer, autant m’étirer un peu.

« Alors, tu viens ? » me lança-t-il, avec un sourire malicieux.

Je lui adressai mon sourire commercial n°45, aussi connu sous le nom du « sourire de pub Colgate » avant de me mettre en mouvement. Pas trop vite, au début, histoire de continuer à conditionner mes jambes avant l’effort, l’air de rien. Avant d’accélérer soudainement sur les derniers mètres pour lui voler la balle. Je suis fourbe. Mais c’est pour mon bien, aussi.

Je dribblai un peu, sans me diriger vers le panier. C’était quelque chose entre l’échauffement et le test. Je dévisageai Allen. Il était plutôt petit, et niveau carrure, on avait vu mieux. Je me demandais de quoi il était capable … Généralement, petite taille sous-entend une bonne vitesse. Bon, et bah, on va vérifier ça avant de se faire prendre par surprise.

Cette fois-ci, je pris la direction du panier, sans perdre mon sourire. J’ai toujours aimé le sport. D’une part, parce que j’aime avoir ce sentiment de me donner à fond, de me dépasser. Aussi parce que j’aime gagner. D’autre part, j’aime aussi me mesurer aux autres. Y a rien de mieux que la concurrence pour me stimuler, en fait. Si ça se trouve, je suis shooté à l’adrénaline sans même le savoir, tiens. Mais pour l’instant, l’heure n’est pas à ces préoccupations sanitaires et je me reconcentrai sur l’action.

« Pour répondre à ta question de tout à l’heure, j’ai balancé un pétard dans la poubelle, t’aurais dû voir la tête du prof, il avait l’air tellement choqué, j’ai cru que ses yeux allaient plus jamais pouvoir se refermer ! »

Non, l’effort physique n’est pas une raison pour arrêter de parler. J’aime trop ça pour pouvoir m’arrêter.

« Bon, c’est vrai qu’ici, les gens qui auraient suffisamment de tripes pour faire ce genre de choses, bah, ils viennent pas en cours … J’me demande comment ils font pour les exams alors qu’ils sèchent tout le temps … »

Je visai puis lançai le ballon vers le panier. Il percuta l’anneau d’acier, suivit son tracé pendant quelques secondes. Je grimaçai en le voyant tomber du mauvais côté, soit vers l’extérieur.

« Ou alors, si ça se trouve, ils sèchent même les exams, ces petits délinquants. » soupirai-je en haussant les épaules avant de repartir à la poursuite de la balle.
( HRP : Faudrait fonder une communauté de bavards :B )

Après sa petite provocation amicale, il attendait aux aguets, sans s'arrêter de dribbler qu'Ace arrive. Bien sûr il se doutait que ce dernier tenterait de lui prendre la balle, mais il se laissa tout de même déconcentrer lorsque ce dernier changea de rythme en accélérant au dernier moment. Zut, il s'était fait avoir ! Son sourire s'agrandit néanmoins, tout content qu'il était d'être tombé non seulement sur quelqu'un de sympathique, mais aussi sur quelqu'un qui s'y connaissait au moins un minimum en basket ball.

Le temps qu'il se reprenne et arrête de le regarder dribbler avec curiosité pour tenter d'évaluer son niveau, Ace se dirigeait vers le panier. Allen banda ses muscles et partit à sa poursuite. Il fut un peu étonné de constater qu'Ace continuait à parler en même temps, sans paraître déconcerté le moins du monde. C'était un vrai bavard dis donc ! Allen quand à lui ne se serait pas risqué à discuter en pleine action, surtout pas avant de tirer, mais il avait déjà plus d'une heure de sport dans les pattes, et surtout un manque de concentration pour arriver à faire les deux en même temps.

Au moins ça lui permit de savoir ce qu'Ace avait bien pu faire pour se faire virer de cours et causer un gros bruit. Le coupable était un pétard lancé dans une poubelle, qui avait sans aucun doute fait caisse de résonance, tout en protégeant la salle des possibles étincelles. C'était assez intelligent comme idée, et il se dit qu'il faudrait qu'il essaie - à des fins scientifiques bien entendu-. La suite lui parut tout aussi intéressante. Pourquoi la majeure partie des gens séchaient ici ? Surtout ceux aux manières quelque peu provocantes selon Ace. C'était pas comme s'il y avait grand chose à faire non plus, et d'abord Allen ne comprenait pas qu'on puisse sécher des cours. Tout en regardant la balle tirée par Ace suivre le contour de l'anneau, hésitant entre rentrer dans le panier ou non, il lui répondit d'un air un peu absorbé.

- " Pourquoi est-ce qu'ils sèchent d'ailleurs ? C'est quoi l'intérêt ? Et ils font quoi de leur journée du coup ?.. Et pour les exams comme tu dis, c'est un peu bête non, parce que s'ils les ratent ils devront rester ici encore plus longtemps.. Je comprend pas ?.. Aaaah !"

Et oui, pauvre Allen, bien trop naïf pour comprendre pourquoi des jeunes voudraient se gâcher leur avenir en séchant les cours et en ratant leurs exams. Mais bon, il ne connaissait pas grand chose de la vie non plus, le petit bonhomme, alors on pouvait difficilement lui en vouloir. Le cri d'exclamation de la fin correspondait exactement au moment où la balle retombait du mauvais côté, et où il s'élançait pour la récupérer. Étant mieux placé au départ, il réussit à atteindre la balle avant Ace, et le prit de court en se faufilant le long du panier pour arriver sur le côté et faire rentrer la balle. Premier point de marqué. Mais il fallait dire qu'il avait eu le temps d'étudier un peu la technique en jouant avant, et que si le basket n'était pas son sport de prédilection et que sa taille lui interdisait à jamais de marquer des dunk, il était agile et plutôt rapide. D'autant que sa carrure de crevette anorexique cachait quelques muscles déliés causés par de nombreuses heures de sport.

Il fallait absolument qu'il profite de sa petite taille, et qu'il évite de se retrouver bloquer (autant dire que si Ace levait les bras devant lui, il lui bloquait la moitié de son paysage), tout en changeant constamment de rythme. Autant dire qu'il fallait qu'il s'y mette sérieusement s'il ne voulait pas rester spectateur de la partie. Aussi lorsque Ace récupéra la balle, il se jeta devant lui -sans faire de fautes évidemment, le p'tit bonhomme était très fair-play- et entreprit de le bloquer du mieux qu'il le pouvait. Tu ne passeras pas Ace. Ou pas trop alors.

[HRP : Rowai mais seulement si c'pour qu'on casse les oreilles de ceux qui parlent jamais :B ]

Bonne question qu’il pose là. Que peuvent-ils bien faire quand ils sèchent ? Personnellement, je m’ennuierais très vite si je n’avais personne pour sécher avec moi, mais les sécheurs réguliers se cassent toujours tout seul. D’ailleurs, un jour, un mec s’est habillé en Superman et s’est barré de la salle en hurlant que son devoir l’appelait, il devait aider un pote à ouvrir un bocal à cornichons. Le pire, c’est que c’était vrai. Restait à savoir pourquoi il ouvrait un bocal de cornichons au milieu de la journée, comme ça.

Mais je me focalisai plutôt sur la balle qu’Allen avait récupérée et malgré mes efforts pour le rattraper pour lui reprendre la balle, il marqua. J’enregistre, il vise mieux que moi et il est plus rapide. Je m’emparai de la balle qui était retombée et avançai, pour me faire aussitôt bloquer par Allen. Je fis un pas à gauche, deux à droite, sans cesser de dribbler à un rythme assez régulier, réfléchissant à comment j’allais le passer. J’hésitais à utiliser la vieille technique du « je fais faire un rebond à la balle entre tes jambes, comme ça elle passe sans faute et tu l’as bien profond » mais je doutais que ça marche, tout le monde la connaissait. On s’était tous fait avoir au moins une fois sur ça. Donc, pour l’instant, ça me paraissait être une mauvaise idée.

« Ouais mais nan, je les comprends pas les sécheurs … même si la plupart sont des gens assez intelligents qui peuvent se débrouiller et comprendre les trucs sans l’aide d’un prof, je comprends pas qu’ils sèchent … ‘fin, tu vois, ça aide pas trop à s’intégrer et tout, et puis, ils s’ennuient pas, à sécher tous seuls ? Je pourrais pas, moi … » soupirai-je en cherchant un moyen de passer.

Je tentai une feinte vers la droite mais fus bloqué aussitôt. Il est réactif. Je souris, faisant passer le ballon d’une de mes mains à l’autre, toujours avec un rebond au milieu. Tant qu’il ne me volait pas la balle en utilisant la technique fourbe où tu tapes dessus pour qu’elle rebondisse un peu trop haut, ça allait.

Et je me résolus finalement à utiliser la vieille technique qui a 20% de chances de réussir. Je me tournai légèrement sur le côté et la balle rebondit entre les deux pieds d’Allen. Restait maintenant à la récupérer avant qu’elle ne rebondisse une deuxième fois. Et sans me faire bloquer.
( HRP : Ouais, on va voler toutes les boules Quies du monde 8D )

Après avoir marqué, Allen avait de nouveau perdu la balle et s’était Ace qui menait la danse, prenant son temps pour lui répondre sans cesser de dribbler. Ouah, il était vraiment multitâche ! En attendant Allen faisait bien attention à ne pas se laisser déborder, gardant toujours la balle qui rebondissait à intervalles de temps réguliers du coin de l’œil. Apparemment ce dernier ne comprenait pas non plus l’attitude et le pourquoi des gens qui séchaient, allant même jusqu’à dire que certains étaient pourtant suffisamment intelligents pour tout comprendre par eux-mêmes.

Et ça, Allen avait du mal à l’accepter. Limite, ceux qui ne comprenaient pas forcément et qui étaient mis de côté, il compatissait, victimes qu’ils étaient de l’usinage scolaire. Ce n’était pas vraiment de leur faute, juste le système qui n’était pas adapté. D’ailleurs ils n’étaient pas bêtes pour autant, loin de là, et s’en tiraient souvent très bien par des chemins connexes. Mais ceux qui comprenaient tout, qui étaient donc logiquement au-dessus de la moyenne, pourquoi se privaient-ils eux-mêmes d’éducation ? C’était gâcher leur temps, l’argent investi par l’Etat, et le temps des professeurs. Ça le révoltait un peu. En plus, aller en cours c’était se donner des bases et apprendre pleins de choses nouvelles, c’était découvrir qu’on ne possédait que peu de savoir et tenter de combler ce vide de connaissances. Non décidément, il fallait qu’on lui explique.

« Mais.. Pourquoi ? C’est encore pire alors ! C’est juste des gens paresseux ?.. Comment ça se fait qu’ils n’aient pas envie d’apprendre pleins de trucs s’ils comprennent tout ? Pourquoi ils veulent pas réussir ?.. »

On pouvait sentir une sorte d’indignation innocente, accompagnée d’une grande incompréhension dans sa voix et son regard. Et il attendait, en regardant Ace avec l’espoir que celui-ci possède une raison à ce qui lui semblait être une pure absurdité. Mais il était sans doute un peu trop utopique et cartésien le petit bonhomme pour arriver à saisir le concept sans qu’on le lui explique. Il prit le temps de s’accorder quelques secondes de réflexion, avant de continuer sur sa lancée.

« S’ils s’intègrent pas ils doivent se sentir seuls non ? Ils sèchent même pas ensemble ? A la limite, vu l’endroit ça peut paraître compréhensible, avec cette histoire de battle et tout.. Et l’ennui comme tu dis ? .. ça doit être vraiment triste.. »

Et soudain, la réalité qui lui revenait brutalement en pleine face, sur le lieu où il était. Un pensionnat aux coutumes sadiques et horribles, où ceux qui avaient le malheur de dire un simple « oui » à une question mal expliquée se retrouvaient à devoir s’entre-tuer. Bon là okay, il comprenait que les maths ou la chimie pouvait paraître secondaires après la survie. Mais quand même, c’était du pur gâchis. D’ailleurs, une question lui vint à l’esprit, et elle sortit aussitôt de sa bouche sans qu’il réfléchisse à son bien fondé, d’un air sérieux et un peu anxieux.

« Dis Ace.. Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ? »

Cette question le hantait un peu à chaque fois qu’il réfléchissait deux minutes sur les pensionnaires d’ici. Mais au lieu de répondre, Ace feinta soudain vers la droite, croisant Allen qui était prêt et avait anticipé la manœuvre. Et c’était avec étonnement qu’il vit ensuite la balle foncée entre ses jambes, pour lui faire un petit pont. Au dernier moment, par réflexe, il bougea une jambe et la balle fût déviée en heurtant son mollet, avant de partir rouler à quelques mètres des deux protagonistes. Bien conditionné, il se mit à courir pour rattraper la balle en roue libre.

Avec un sourire, je l’écoutais s’offusquer, naïvement, de l’attitude des sécheurs. C’est vrai que quelque part, il avait raison, ça devait être assez triste de sécher tout seul. Personne à qui parler, personne avec qui déconner, NON MAIS COMMENT ILS PEUVENT LE SUPPORTER ? Moi, j’survis pas tout seul, hein. J’ai besoin de gens avec qui taper la discute, avec qui jouer au basket, avec qui tuer des smourbifs, des gens à câliner, des gens à emmerder, des gens quoi !! Le monde serait trop triste si on était seuls …

« Dis Ace.. Est-ce que tu as déjà tué quelqu’un ? »

La balle alla rouler quelques mètres plus loin, mais je n’y prêtai pas attention, figé dans mon mouvement, laissant Allen reprendre la balle. Maintenant qu’il le disait, c’était vrai que je ne m’étais jamais réellement posé la question sur les autres … Qu’est-ce que ça fait de tuer quelqu’un ? Je me le demande. Je me demande aussi si j’en serais capable. Par nature, je n’aime pas faire du mal à ceux que je ne connais pas. Ou du moins, je me vois pas agresser quelqu’un qui n’a rien fait de mal. Après, c’est sûr que si on m’agressait, je répliquerais, à grands coups de latte si il faut, mais … Là, comme ça ? Non. Je ne pense pas. Je repensai à mon arme. Mes armes, plutôt. Ces petites fléchettes, avec une charge explosive fixée à l’intérieur, sagement alignées. Je secouai la tête. Il valait mieux que je ne pense pas aux dégâts que ça pourrait faire. Généralement, elles servaient plus de moyen de dissuasion, pour empêcher l’autre de s’aventurer plus près pour me frapper mais je n’avais jamais réellement visé quelqu’un avec. Je chassai donc ces visions de ma tête pour répondre à Allen.

« Non, et je me demande si j’en suis capable … »

Je repartis à la poursuite de la balle, réfléchissant à la question qu’il avait soulevée. Non, vraiment, ça ne m’avait jamais frappé, parce que je n’avais pas encore été blessé et je n’avais pas blessé quelqu’un non plus, la question de la mort ne s’était pas encore posée. Vivant au jour le jour, je ne me posais les questions généralement qu’en face des faits. Et puis, le futur n’est pas si prévisible que ça, alors qui sait …

« En fait, je me suis toujours demandé pourquoi la battle existe. » poursuivis-je, tentant de bloquer Allen tout en parlant. « Qu’est-ce que le dirlo a à y gagner ? Qu’est-ce que ça lui apporte de tuer des gens comme ça, alors que la plupart n’ont rien fait de mal ? »

Je rejetai en arrière une mèche rousse qui me barrait le visage, gênant ma vision et repris, les yeux rivés sur la balle pour ne pas me faire feinter pendant que j’étais occupé à parler.

« Mais je ne me vois pas vraiment tuer quelqu’un … Je n’aime pas vraiment voir les autres souffrir, en fait. » terminai-je avec un sourire.

Après sa question un peu directe, Allen se mit à courir, et rattrapa la balle avec facilité. Ce qui n’était pas étonnant, puisque Ace n’avait pas suivi, et semblait en pleine réflexion. Apparemment son interrogation le forçait à penser à sa condition, et à tout le reste. Allen pour sa part n’avait jamais tué quelqu’un et ne le ferais jamais, il était bien trop inoffensif et respectueux de la nature humaine pour ça. D’ailleurs il ne pourrait pas faire de mal à quelqu’un non plus. Même s’il l’avait voulu, avec sa carrure de crevette, et son pistolet à billes –sachant qu’il ne savait même pas viser-.

« Non, et je me demande si j’en suis capable … »

Allen l’approuva de la tête, sans réfléchir. Il était soulagé, au fond de lui, et ne savait pas trop comment il aurait réagi si Ace lui avait dit que c’était le cas. Enfin, il pouvait toujours y avoir des circonstances atténuantes, mais bon c’était si terrible, si définitif.. C’était la fin d’un monde, d’une âme, avec ses rêves, ses aspirations, son histoire, et tous les gens qui tenaient à la personne. Mais au moins si Ace se demandait s’il en était capable, c’était qu’il n’y avait sans doute jamais pensé.

Alors, tout en acquiesçant de manière silencieuse, Allen laissa tomber la balle qu’il tenait, immobile, avant de se remettre à dribbler machinalement. Un peu perdu dans ses pensées, tout comme Ace à ce qui lui semblait, il essaya de le passer, mais ne trouva pas la faille. Il tenta quelques feintes sans trop de succès, Ace l’ayant anticipé.

« En fait, je me suis toujours demandé pourquoi la battle existe. Qu’est-ce que le dirlo a à y gagner ? Qu’est-ce que ça lui apporte de tuer des gens comme ça, alors que la plupart n’ont rien fait de mal ? »

Bonne question. Excellente question même, qu’Allen se posait tous les jours, en se levant. Heureusement, il n’avait encore jamais vu de mort en direct, ni perdu un ami, aussi tout cela lui semblait un peu lointain, comme si ce n’était pas réel. Mais c’était malheureusement le cas. Pourquoi quelqu’un voudrait les voir mourir ? Il avait élaboré quelques théories farfelues qu’il s’empressa de dévoiler à Ace, pour connaître son avis sur la question.

« C’est vrai que ça n’a aucun sens.. C’est assez morbide même. Peut-être qu’on a fait quelque chose de mal sans le savoir ? Ou alors peut-être qu’on sert de cobayes pour une grande expérience ? Comme une étude du genre humain ? Ou alors ils veulent créer de super soldats capables de se battre en vue d’une prochaine invasion extra-terrestre –sait-on jamais- ? »

Un instant de pause, où il reprenait son souffle, sans s’arrêter de dribbler, tandis qu’Ace reprenait la parole. Ouf, heureusement que c’était aussi un bavard, il s’en serait voulu de l’avoir coupé.

« Mais je ne me vois pas vraiment tuer quelqu’un … Je n’aime pas vraiment voir les autres souffrir, en fait. »

Moi non plus ! T’es vraiment quelqu’un de bien Ace ! » dit-il avec un grand sourire. « C’est cet endroit le problème.. Si seulement on pouvait en changer les règles.. »

Et il resta un moment pensif, cherchant de savoir s’il y avait un moyen de faire ce qu’il venait de dire. Après tout, ça changerait complètement la donne. En attendant il n’était pas très attentif, et si Ace voulait lui prendre la balle, c’était le moment idéal.

« C’est vrai que ça n’a aucun sens.. C’est assez morbide même. Peut-être qu’on a fait quelque chose de mal sans le savoir ? Ou alors peut-être qu’on sert de cobayes pour une grande expérience ? Comme une étude du genre humain ? Ou alors ils veulent créer de super soldats capables de se battre en vue d’une prochaine invasion extra-terrestre –sait-on jamais- ? »

La remarque me fit rire. Après tout, pourquoi pas ? On n’a jamais prouvé l’existence des aliens, mais si ça se trouve, ils existent ! Ça serait drôle, tiens ! Genre, une planète où les cailloux parlent, avec dix soleils, où les plantes sont fluorescentes, ça pourrait être intéressant ! Mais ça n’explique pas qu’il ait organisé la Battle, non ? C’est vrai qu’on y participe que si on est d’accord, mais certains l’acceptent sans même savoir ce que c’est et le regrettent amèrement après – en même temps, ils nous parlent de Battle sans qu’on sache ce que c’est alors ils s‘attendent à quoi ? –

« Moi non plus ! T’es vraiment quelqu’un de bien Ace ! C’est cet endroit le problème... Si seulement on pouvait en changer les règles... »

Je souris à Allen. Quelqu’un de bien, hein ? A bien y réfléchir, j’ai peut-être déjà tué quelqu’un. Est-ce que souhaiter la mort de quelqu’un fait de nous des meurtriers ? Non. Bien sûr que non, quelle idée. Je suis con, des fois … Mais je suis sûr qu’il y a des gens qui pensent comme ça.

Mais changer les règles, pourquoi pas ? Si jamais tout le pensionnat se retournait contre le directeur, aurait-il seulement une chance ? Le système de Battle n’existe que parce qu’il y a des gens qui jouent le jeu, non ? Alors oui, il faudrait unir tous les pensionnaires … Mais comment faire avec ces histoires de clans ? Les Taurus sont généralement de ceux qui sont pour la Battle et qui frappent si on leur refuse une bonne baston. Les Aquarius m’ignoreraient, j’en suis quasiment sûr. Les Capricorn … N’en parlons pas. Bref. Je me comprends. Les gens qui ne participent pas à la Battle sont une minorité au sein de chaque clan, non ? Je veux dire, même le chef des Pisces, le clan de ceux qui voient la vie du côté positif, y participe … Je comprends pas, là.

« Tu crois qu’on devrait genre monter sur toit avec un mégaphone et hurler à tout le monde d’arrêter de se battre ? »

Comme ça, au moins, on pourrait être sûrs que tout le monde nous écoute, non ? Ouaaaaaais, attends, ça pourrait le faire ! Faut juste que je trouve un mégaphone ! … Mais où ? Oh et puis merde hein, on peut toujours s’infiltrer dans le bureau du directeur pour squatter les haut-parleurs du pensionnat.

« Du genre, on pourrait faire une opération 007 pour entrer dans le bureau du dirlo en lui piquer son micro pour adresser un message à tous les autres élèves, nan ? »

Je commençai à réfléchir à un plan, avant de me souvenir qu’on jouait au basket en même temps, et me reconcentrai. Voyons voir … Comment je vais reprendre cette balle, moi ? Bah, si je tente pas, je risque pas de savoir. Je tendis vivement la main, dans l’espoir d’au moins changer la trajectoire de la balle qui rebondissait régulièrement sur le béton.

( HRP : Ouuuuh, désolée, je suis vraiment en retard, j'avais pas d'inspi'. ><"
Tu peux me tuer si tu veux, je t'en voudrais pas. D: )

En entendant les paroles de Ace, il se produisit un déclic dans la tête du blondinet. Comme s’il avait passé des jours et des jours à caresser l’idée dans son inconscient, sans parvenir à mettre le doigt dessus assez longtemps pour l’exprimer.

« Tu crois qu’on devrait genre monter sur toit avec un mégaphone et hurler à tout le monde d’arrêter de se battre ? »

Ses joues se colorèrent légèrement tandis qu’il se mit à bouillonner sur place en même temps que jaillissaient des plans farfelus dans sa cervelle. C’était exactement ce qu’il fallait ! Un plan de rébellion. Il en avait étudié quelques unes en Histoire, et croyait dur comme fer qu’en réaliser une pacifique ici était possible. Il l’élevait même au rang de devoir. C’était comme si une mission divine venait de leur être attribuée, et qu’il n’avait ni le droit de refuser, ni celui d’échouer.

Allen voulait parler, laisser sortir les tonnes de mots qui coinçaient et lui rendaient la langue pâteuse, mais il lui fallait d’abord mettre un peu d’ordre dans sa tête histoire d’y voir plus clair, et surtout de se faire comprendre par Ace. D’ailleurs ce dernier ne lui laissa pas le temps de se lancer, reprenant la parole.

« Du genre, on pourrait faire une opération 007 pour entrer dans le bureau du dirlo en lui piquer son micro pour adresser un message à tous les autres élèves, nan ? »

La manœuvre de Ace fut couronnée de succès, le ballon s’envolant des mains d’Allen lorsqu’il frappa dedans, mais ce dernier ne parut même pas s’en rendre compte, tant il s’était mis à sautiller sur place, d’excitation, des étoiles plein les yeux.

« Ouiiiiiiiii ! C’est une idée géniale ! T’as raison Ace, on peut changer tout ça ! Faut faire la révolution ! Si tout le monde se joint à nous, alors le directeur aura aucune chance ! Il faut qu’on trouve un nom à notre mouvement, puis des noms de code pour les membres, un langage codé, un QG top secret trop top –oups ça fait deux fois top-, pis on enrôle pleeeeeeins de gens ! Et après on fait des guérillas ! On vole des clémentines à la cantine, et des patates pour faire un lance-patates ! Pis euh on peut faire des graffitis sur les murs pour sensibiliser les gens, boycotter les cours –oh nan c’pas bien ça-, on enferme les pions dans des casiers ! Et la dame de l’accueil qui est jamais contente et qui râle tout le temps ! Et on vole toutes les armes comme ça y’aura plus de batailles..

Allen s’arrêta quelques secondes, le temps de reprendre son souffle après l’énorme tirade qu’il venait d’envoyer, à grands renforts de gestes et mimiques passionnés. Il se sentait un peu dans la peau d’une des héros des romans qu’il lisait, seul avec sa bande contre tous, luttant pour la justice et un monde meilleur. Ça avait de la gueule, en effet. Même si la réalité était bien moins reluisante. Il reprit ensuite, sur un ton qui se voulait grave et sérieux, mais en mode Allen quoi.

Tu marches avec moi Ace ? En tout cas ton plan est parfait ! Puisqu’il faut d’abord qu’on recrute des gens si on veut que ça marche.. On commence quaaaand ?

Bon qu’Ace ne se formalise pas du fait qu’Allen lui demande de marcher avec lui alors que c’était lui qui avait proposé l’idée en premier, cela ne venait pas d’une mauvaise intention ou quoique ce soit du genre, mais juste d’une étourderie sous l’émotion et la passion de l’instant. C’était peut-être un tournant, le début de la résistance du pensionnat Infinite World. Ça se fête, non ?

[HRP : Aucun problème y'a pas que le rp dans la vie ! et c'normal que t'avais pas d'inspi', on stagnait un peu, mais là ça promet d'être intéressant ! On s'fait une 'tite révolution ? 8D]

A ma grande surprise, j’atteignis la balle mais ne parvins pas à la prendre, mes doigts la firent juste s’écarter de sa trajectoire initiale et elle tomba au sol avant que je ne puisse la rattraper. Je m’apprêtai à lui courir après pour prendre l’avantage mais Allen prit la parole et l’attention que j’accordai à la balle lui fut dérobée en un instant – désolé ballon, sois sûr que je t’aime de tout mon cœur mais là, je suis trop curieux d’entendre sa réaction -.

« Ouiiiiiiiii ! C’est une idée géniale ! T’as raison Ace, on peut changer tout ça ! Faut faire la révolution ! Si tout le monde se joint à nous, alors le directeur aura aucune chance ! »

CA, C’EST QUELQU’UN D’INTELLIGENT QUI A TOUT COMPRIS A LA VIE. Sérieusement, j’ai toujours été choqué que personne ne se ligue contre le directeur pour faire une grosse rébellion, un putsch, UN COUP D’ETAT ! Surtout que c’est classe quoi. Napoléon Bonaparte, il avait fait un coup d’Etat, lui aussi.

« Il faut qu’on trouve un nom à notre mouvement, puis des noms de code pour les membres, un langage codé, un QG top secret trop top –oups ça fait deux fois top-, pis on enrôle pleeeeeeins de gens ! »

Ouais, faut faire des tracts, des affiches, des tages sur les murs. FAUT FAIRE DE LA PROPAGANDE. DE LA PROPAGANDE TELLEMENT FABULOUS QUE TOUT LE MONDE VIENDRA NOUS REJOINDRE. De gré ou de force. De toute façon, les révolutions, c’est cool, donc forcément, on aura des adhérents au parti. OUAIS.

« Et après on fait des guérillas ! On vole des clémentines à la cantine, et des patates pour faire un lance-patates ! Pis euh on peut faire des graffitis sur les murs pour sensibiliser les gens, boycotter les cours –oh nan c’pas bien ça-, on enferme les pions dans des casiers ! Et la dame de l’accueil qui est jamais contente et qui râle tout le temps ! Et on vole toutes les armes comme ça y’aura plus de batailles... »

Et on les jette dans la mer pour que personne ne les retrouve ! Ah nan, mauvaise idée, ça pollue … Alors … euh … On … les mange ? Ou alors, on les enterre dans une décharge ! … Ah nan, ça pollue aussi. Hm … ON LES REVEND. ET ON SE FAIT UN MAX D’ARGENT. MOUAHAHAHA, MON PLAN EST GENIAL.

« Tu marches avec moi Ace ? En tout cas ton plan est parfait ! Puisqu’il faut d’abord qu’on recrute des gens si on veut que ça marche... On commence quaaaand ? »

Qu’est-ce que je disais, mon plan est parfait, héhéhé.

« Je te suis ! » lançai-je joyeusement, reléguant définitivement la question du ballon de basket qui devait s’être immobilisé quelque part dans la cour dans le tiroir « choses pas importantes pour le moment » - désolé ballon, JE TE JURE QUE JE T’AIME VRAIMENT -. « Je dirais que pour commencer, le plus tôt serait le mieux. Enfin, si ça empiète pas sur tes cours ! »

Je réfléchis un instant avant de taper mon poing dans ma main ouverte en mode Eurêka.

« Au pire, on pourrait se faire une réunion secrète dans une salle après les cours ! Et on ferait une opération de la mort qui tue pour piquer les clés dans la salle des profs ! … Ou alors, on squatte une chambre, c’est plus simple. »

Faut voir pour le recrutement aussi.

« Et pour le recrutement, j’ai quelques personnes en tête, faut les convaincre mais comme je gère, ça devrait aller ! Et toi ? »

Héhéhé. MAIS J’AI UN PLAN MACHIAVELIQUE. Et comme je suis génial, ça marchera forcément.
( HRP : On s'fait une "guerre d'indépendance des élèves d'IW", ouais ! 8DDD - avec le drapeau et tout et tout - )

Un puissant sentiment d’espoir et d’excitation continuait d’emplir peu à peu l’esprit d’Allen, jusqu’à le faire presque suffoquer. Ça y est, le front de résistance d’Infinite World venait d’être créer. Et le mieux, c’était qu’il en faisait partie ! Avec Ace, on ne pouvait rêver mieux. Ils étaient des aventuriers des temps modernes, des pionniers d’un monde égalitaire où la justice régnerait enfin, des power rangers sans costume. Tiens, peut-être devraient-ils songer à se déguiser ? Non, trop voyant ! Allen tu t’emballes un peu là. Mais rien ne pouvait l’arrêter ni faire vaciller sa détermination toute neuve. Il était en plein conte de fée.

« Je dirais que pour commencer, le plus tôt serait le mieux. Enfin, si ça empiète pas sur tes cours ! »

Non non, pas de problème je n’ai pas cours cette après-midi, la prof de chimie n’est pas là ! On commence par quoi ???

Et là Ace se permit le luxe de taper une magnifique pose en mode ampoule clignotante de l’illumination divine au-dessus de sa tête. Il venait forcément d’avoir une idée de génie. Alors Allen s’immobilisa –depuis l’annonce de leur plan il gesticulait frénétiquement dans tous les sens- et le regarda les yeux ronds, ouvrant grand ses oreilles.

« Au pire, on pourrait se faire une réunion secrète dans une salle après les cours ! Et on ferait une opération de la mort qui tue pour piquer les clés dans la salle des profs ! … Ou alors, on squatte une chambre, c’est plus simple. »

Ça sonnait vraiment bien. Une réunion secrète dans un lieu interdit et discret. Que rêver de mieux ? La chambre paraissait tout de suite moins attrayante bien que sans doute moins dangereuse.

Oh oui oh oui ! Il nous faut un lieu particulier ! Parce que une chambre c’est nickel et tout mais beaucoup moins classe.. Non ? En plus ça fera notre première opération top-secrète ! Commando de récupération de clés !

« Et pour le recrutement, j’ai quelques personnes en tête, faut les convaincre mais comme je gère, ça devrait aller ! Et toi ? »

Ah. Bonne question. Il n’y avait pas vraiment songé avant, à qui il allait pouvoir demander. Il connaissait bien quelques personnes malgré son arrivée récente, mais pas suffisamment pour savoir si elles adhéreraient à leurs idéaux. Il fallait éviter de se faire dénoncer aussi, auprès des Zodiac, ou des élèves qui étaient pour la battle.

Euh.. Je sais pas trop.. Je connais bien quelques personnes mais je sais pas si elles seront intéressées..

Il avait une voix un peu hésitante, comme s’il s’en voulait un peu de pas avoir de recrues digne de ce nom à proposer. Puis il se redressa un peu et adressa un sourire confiant à Ace. Parce que Ace il était génial non ? Il trouverait forcément des solutions.

[HRP : Graaaaave ! Et ça aurait été trop drôle d’en faire un rps à pleeeeins de gens mais pas sûr que ce soit très gérable xD]

Allen sembla réfléchir un instant. VAS-Y DUDE, DIS-MOI QUE TU AS DÉJÀ UNE ARMÉE. DIS-MOI QUE TU ES EN RÉALITÉ LE LEADER D'UNE SECTE ANTIDIRLO. DIS-MOI QUE TU AS LA PUISSANCE. Mais je perdrai pas. JE RECRUTERAI PLUS DE GENS QUE TOI. Parce que je suis fabulous. De toute façon, s'ils refusent, je les harcèlerai tellement qu'ils accepteront. Dit comme ça, ça fait THE ULTIMATE STALKER mais je suis un stalker fabulous, s'il vous plaît.

« Euh... Je sais pas trop... Je connais bien quelques personnes mais je sais pas si elles seront intéressées... »

... C'est pas grave, on peut toujours essayer, non ? On n'a rien à y perdre, tout à y gagner et tout. Donc autant se lancer. AU PIRE, JE LES HARCÈLE POUR QU'ILS REJOIGNENT NOS RANGS. ... Non, là, c'est moi qui fait leader de secte, non ?

« C'est pas grave, on peut pas savoir avant d'essayer alors on va leur demander quand même, okay ? Si elles refusent, elles savent pas ce qu'elles perdent ! »

Restait à savoir dans quel ordre faire les choses ... Voler les clés d'abord - enfin, emprunter à vis sans préavis, je suis pas un criminel - ou recruter des gens ? La question méritait réflexion. Ou p'têt pas, puisque de toute façon, on peut les faire dans n'importe quel ordre, ça change presque rien. A part l'ordre.

« Bref ! » lançai-je en claquant dans mes mains. « Ca te dit qu'on commence par récupérer les clés ? L'idéal, ça serait d'avoir un plan bien calculé et tout ... Attends, je reviens ! »

Je retournai vers le banc où j'avais posé mon sac un peu plus tôt et en sortis une feuille, ainsi qu'un stylo. Cela fait, je retournai vers Allen.

« Déjà, faut qu'on prenne en compte les heures où les profs partent, vers 18h-19h, ça devrait être bon ... »

Ah, mais j'allais oublier quelque chose de super important !

« Ah, mais avant ça ! Faudrait qu'on se trouve un nom pour notre front de résistance trop stylé de la mort qui tue !!! » m'écriai-je en levant mon poing vers le ciel, plein d'enthousiasme.
( HRP : Y aurait le RP en face du mot "anarchie" dans le dico, je pense, oui. 8'D )

Oups. Devant l’air super enthousiaste d’Ace, Allen se sentit un peu confus de ne pas pouvoir lui apporter ce qu’il voulait. C’est vrai quoi, ils venaient tout juste de penser ensemble à faire une révolution, c’était tout de même pas de sa faute s’il l’avait pas prévu et qu’il n’arrivait pas avec une armée de gens trop motivés et experts en révolutionnisation, non ? Alors pourquoi est-ce qu’il culpabilisait autant ?..

« C'est pas grave, on peut pas savoir avant d'essayer alors on va leur demander quand même, okay ? Si elles refusent, elles savent pas ce qu'elles perdent ! »

Yeay, t’as raison Ace, c’est beaucoup plus positif comme manière de penser. Prends-en de la graine blondinet. Allen acquiesça de manière vigoureuse, pour bien montrer son approbation. Il fut tout de même soulagé qu’Ace ne lui tienne pas rigueur de son manque de leadership et de prévision. A vrai dire, il comptait pas mal sur lui, parce que dans son monde de bisounours, les révolutions c’était super, mais à base de fleurs aux fusils et d’ennemis qui se découvraient une nouvelle âme de gentils. Bref, il connaissait la théorie, mais rien à la pratique. Peut-être qu’il devrait revoir le film avec Che Guevara avant leur prochaine réunion ?..

Après avoir proposé d’aller chercher les clés en premier, et être parti chercher de quoi écrire, Ace commença à mettre un semblant de plan au point. C’était pas bête du tout de prendre en compte les horaires de travail des professeurs, même si Allen n’était pas trop d’accord avec lui sur un point.

Oui ! Sans clés, pas de réunion ; pas de réunion, pas de révolution ! Ah il faudra commencer à recruter aussi.. Mais chaque chose en son temps.. Bonne idée pour les horaires ! Mais le problème c’est les surveillants aussi, et la majeure partie des Zodiac dorment sur place.. Du coup il faudrait s’assurer que certains n’ont pas l’habitude de retourner dans leur salle le soir, non ? A la limite il faudrait faire ça pendant l’heure du repas ! Il n’y a personne non ?

Alors qu’Allen commençait à se perdre dans pleins de détails techniques plus ou moins importants, il fut interrompu par Ace qui se mit à brandir soudain son poing en l’air en criant.

« Ah, mais avant ça ! Faudrait qu'on se trouve un nom pour notre front de résistance trop stylé de la mort qui tue !!! »

Ouiiii c’était vital même. Déjà pour la classe. Ensuite, parce que personne ne veut adhérer à un mouvement qui porte un nom pourri. Et parce qu’il faudra l’écrire partout. Bref, vi-tal.

C’est claiiiiir ! Sans nom classe ça peut pas marcher !! Alors on va l’appeler.. euh.. euh..

Et là, le trou. Pire, le néant absolu, d’un noir d’encre si profond qu’il engloutissait la moindre pensée intelligente de son cerveau tournant à plein régime. Il fallait absolument trouver un nom classe. Alors pourquoi rien ne lui venait ? Monde cruel..

Déjà on choisit un nom anglais ou japonais ? Anglais c’est plus classe, mais pas tout le monde ne le comprend..

Bien joué Allen, retarde l’inéluctable. Mais il faudra bien que vous vous décidiez un jour, une révolution sans nom c’est un peu comme une crêpe sans nutella..

[HS : Je suis impardonnaaaaaaaable pour le retard, t’as le droit de me frapper ;w ;]

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Not only dogs run after ball [feat Ace E. Xander]

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