Yukari finit par acquiescer. Ok, c'est parti pour de nouvelles aventures aux... douches. Ça fait tellement envie, j'en sauterais presque de joie.

« On y va, c'est sûr qu'une bonne douche nous ferait pas de mal. »

Pas qu'un peu. On était dans un tel état de saleté... Je tirai un peu plus ma capuche devant mon visage, enfonçai mes mains dans mes poches. Si avec ça, on ne choppe pas la crève, je jure que... je jure que dalle, ouais. J'imagine déjà l'expression d'Arwen, un truc entre l'inquiétude, le soulagement et... le dégoût ? Peut-être pas jusque-là, mais quelque chose comme ça. Je soupirai et me mis en marche tandis qu'un caillou expédié par Yukari atterrissait dans les buissons. J'étais complètement vidée. Ma comparse m'emboîta le pas et nous sortîmes péniblement de la forêt, empruntant le même sentier qu'à l'aller. J'étais trop fatiguée pour parler plus. Constatant que Yukari avait visiblement du mal à suivre le rythme – j'avais beau ne pas marcher si vite que ça, mes longues jambes me permettaient des foulées assez larges, ce qui n'était pas le cas de la p'tite brune – je ralentis un peu. Elle tremblait. Même si cela ne dut pas l'aider beaucoup, je passai un bras par-dessus ses épaules et la rapprochai un peu. Elle était au moins aussi crade et trempée que moi. J'éternuai bruyamment.

Le bâtiment des dortoirs se dessina finalement devant nous, quelques minutes après être sorties du bois. Je me dirigeai directement vers la porte qui servait en fait de sortie pour les gens venant de se rhabiller après avoir pris leur douche et qui ne désiraient pas spécialement traverser tout le couloir pour passer par la porte classique. Une fois entrées, je désignai à Yukari la rangée de casiers qui occupait le vestiaire et plus particulièrement l'un d'eux.

« C'est notre casier, à ma sœur et moi », renseignai-je. « Tu n'auras qu'à prendre un peignoir pour remonter dans ta chambre. Je te passerai ton sac quand je me serai changée, d'accord ? »

Tout en parlant, j'avais commencé à me déshabiller. Je me fis soudain la réflexion que Yukari trouverait peut-être ça gênant, de me voir en sous-vêtements. Personnellement, je ne m'en souciais pas vraiment – je sais pas vous, mais je ne me sens pas vraiment l'âme d'un pédophile ou d'une nymphomane – mais si ça se trouve, elle va se sentir super mal. Bah. De toute façon, c'était trop tard.

( HRP : J'aime comme j'invente les lieux au fur et à mesure ""8D
Pas de réflexion philosophique sur la place des cacahuètes dans la société mérovingienne, cette fois-ci. 8D )

Hm ? Hey, attends moi ! … Va falloir que je sois plus à l'affût de certaines choses moi. Bon, en même temps, il a plut, je suis vidée, donc on peut dire que j'ai une bonne excuse pour ne pas à être à l'affût de tout. Je suivais Alenaë tant bien que mal, trébuchant toutes les deux secondes sur des cailloux ou des branches. Si je me laissais aller, je suis presque sûr que mes jambes me lâcheraient dans la minute qui suit. Aw, ce chemin est plus tortueux qu'à l'allée ou quoi ? J'ai l'impression qu'il y a des cailloux clandestins qui sont venus squatter la terre... Rah, puis c'est quoi ce déluge de branche qu'on se prend en pleine tête ? Fuuuuu-, je pensais pas être aussi fatiguée, mon corps me trahit. Je retins une facepalm quand une branche vint m'écorcher la joue. Bah au moins, je sens ma joue droite maintenant. En fait, nan. Il fait tellement froid que je sens rien. Presque rien. Je grimaçais quand le sang vint sous ma lèvre. Sxkzod... C'est pas vrai... Aw ? Ah, c'est sympa de m'aider. Au moins, on a plus chaud comme ça. … Mais je suis si frêle ? C'est pas bien ça, va vraiment falloir que je me remette aux arts martiaux si j'veux pas ramollir et me faire tuer en un coup à la Battle, si je tombe pas pur hasard sur mon guide. Je mis mes mains dans mes poches, et marchait en suivant Alenaë, sans me préoccuper d'où j'allais.

Quand le bâtiment fut enfin devant nous, j'accompagnais Alenaë avec une certaine hâte. J'ai mes raisons. A l'intérieur, il fait bon, il faut chaud, y'a pas d'eau partout, ni de cailloux pour vous faire trébucher au moindre pas. C'est bon, on est entré, owataaa. Je serrais et desserrais les poings, histoire de réguler la circulation du sang dans mes mains. Mais je suis sûr que pour de vrai, il fait pas spécialement froid dehors, mais la pluie nous a complètement refroidi. Ah, maudits nuages gris, ils auraient pu passer plus tard quand même... Pourquoi on a pas un dirigeable qui prévoit la météo, comme dans To Aru Majutsu no Index ? Ce serait déjà très pratique. Je relevais finalement la tête et regardais un casier que me montrais Alenaë.

« C'est notre casier, à ma sœur et moi. Tu n'auras qu'à prendre un peignoir pour remonter dans ta chambre. Je te passerai ton sac quand je me serai changée, d'accord ? »

Je fixais le casier avec de grands yeux pendant quelques secondes, et me tournais vers Alenaë.

« C'est gentil, merci beaucoup. Mais je ne veux pas vous déranger plus que ça, ta sœur et toi, puis mon casier est juste de l'autre côté du vôtre ! », répondis-je en pointant le dessus des casiers. « Il me semble que j'ai laisser le nécessaire à l'intérieur, mais merci quand même. »

Je lui fis un léger sourire, enfin j'essayais d'afficher un sourire avec les forces qu'il me restait, et me diriger de l'autre côté, là ou se trouvait d'autre casier. … Et évidemment, mes clés sont dans mon sac. Je me donnais une légère tape sur la tête avant de croiser les bras. Bon, réflexion en cours... … … … … … A mais ça me revient ! J'avais caché de quoi crocheter ma serrure au cas où. Je me mis à genou par terre et tapota à l'aveuglette, pour finir par m'emparer d'un bout de fer. Uh uh, il a pas bougé. J'insérais l'extrémité dans la serrure et réussis à ouvrir le cadenas. Note pour moi-même : Prévoir un cadenas à code la prochaine fois. Une fois cela fait, j'enlevais mes habits trempés et finit par m'entourer d'une serviette de bain blanche, et défit ma couette, histoire de laisser mes cheveux à l'air libre. En fait, on était sous la pluie, on est trempé, puis on va encore se mouiller... Bah après, l'eau est chaude ici, ça sera déjà mieux. Je pliais comme je pouvais ce qui me servait de vêtements auparavant, et mis tout ça dans mon casier, en prenant soin de le refermer, et de bien remettre le fil de fer où il était. Retrouvant Alenaë de l'autre côté, elle semblait prête à y aller.

Nous nous introduisions finalement dans les douches. Une grande salle blanche, immaculée. Je déglutis légèrement quand mes souvenirs de l'hôpital resurgirent. Il n'y avait pas grand monde, ou bien deux ou trois élèves qui semblaient prêts à partir. Je m'avançais dans les douches, adressant un petit sourire à Alenaë. Owaaais, une douche, ça va faire du bien, puis ça va me changer les idées aussi...

( HRP : Owata 8D
J'espère que ça ira, dis moi si quelque chose ne va pas o/
Et désolé du retard >.< )

« C'est gentil, merci beaucoup. Mais je ne veux pas vous déranger plus que ça, ta sœur et toi, puis mon casier est juste de l'autre côté du vôtre ! Il me semble que j'ai laisser le nécessaire à l'intérieur, mais merci quand même. »

Ah bah nickel alors. Même si ça nous dérangeait pas vraiment. Au pire, on te prêtera un truc si t'as un problème. Bref... Elle eut une expression bizarre, à mi-chemin entre la grimace et la joie, avant de se diriger vers son casier. Mais... Qu'est-ce qu'elle fout ? Oh, et puis merde. J'ai pas envie de chercher à comprendre pourquoi elle crochète son casier. Je pris une serviette dans le mien, refermai le cadenas, pris soin de décaler les chiffres du cadran et me dirigeai dans le carré des douches, laissant ma serviette juste à l'entrée. L'eau chaude me faisait un bien fou. Je restai longtemps ainsi, tenant à peine debout, me contentant de sentir l'eau me dégouliner dessus. Je finis par me savonner le corps et les cheveux avant de me rincer longuement et de sortir. Je ne pensais à rien. C'était merveilleux. Seule la douche avait ce pouvoir : me vider la tête de tout ce à quoi je pourrais penser. Je me séchai doucement et enfilai mon peignoir à capuche et mes sandales avant de m'effondrer sur le banc en attendant Yukari. Elle sortit peu de temps après, fit la même chose que moi avant de m'inviter à y aller d'un geste de la main. Je me levai en tremblotant – je vais avoir des courbatures de malade demain, ça va être drôle – et la suivis en silence, épuisée. Monter les escaliers fut un calvaire mais j'y parvins. Je m'arrêtai au moment de nous séparer.

« Je vais à droite », lâchai-je d'une voix faible. « Je te ramène ton sac tout à l'heure... »

Je partis donc vers la droite, arrivai à ma chambre, entrai visiblement au beau milieu d'une discussion animée entre différents pensionnaires de la chambre – je ne sais absolument pas lesquels – et m'écroulai sur mon lit. J'étais dans le brouillard complet. Je crus entendre des voix me parler mais je ne les entendis pas. Ouais, super, je deviens sourde... Je relevai la tête. C'était Mina qui paraissait surexcitée. Beuuuuuuh... Qu'est-ce qu'elle me dit... Je sais pas, j'entends pas... Mais ta gueule... Dans un immense effort de volonté, je me levai en chancelant, saisit par miracle tout ce dont j'avais besoin dans mon armoire – à savoir des sous-vêtements, un jean lambda, un vieux T-shirt et un sweat à capuche – et envisageai de les enfiler dès maintenant avant de me rappeler la présence d'Ace. Ce fut un choc électrique. OH PUTAIN. JE FAIS COMMENT. Je lâchai tout, regardai fébrilement autour de la chambre avant de réaliser qu'il n'était pas là. Je soupirai de soulagement et me changeai aussi rapidement que possible – c'est-à-dire à la vitesse d'un escargot tétraplégique malvoyant shooté au LSD et atteint de Parkinson – plus ou moins à l'abri des regards avant de rechausser mes sandales, de rabattre ma capuche et de sortir de la chambre sans avoir prononcé un mot. Trop fatiguant. Je me rendis par miracle au bon endroit – heureusement que la chambre d'Arwen est pas trop loin... – et entrai sans frapper. MERDE. QU'ILS AILLENT SE FAIRE FOUTRE. Elle était en train de paisiblement discuter avec deux garçons et ce fut le deuxième coup de jus qui contribua à me réveiller. ARWEN SEULE AVEC DEUX MECS. Ils tournèrent tous les trois la tête dans ma direction mais je restai focalisée sur ma sœur.

« Salut », lâchai-je en norvégien, paranoïa débile sans fondement oblige. « Merci pour les sacs... »
Elle me sourit, enjouée, comme toujours, et me tendit les deux sacs.
« C'est rien », répondit-elle dans la même langue, « si ça peut aider, c'est impeccable. Tu veux que je t'accompagne ? »
« Nan, c'est bon, je vais me débrouiller. Fais gaffe avec ces deux-là, quand même. »
« Aaron et Allen ? », demanda-t-elle, surprise. « Non, rien à craindre de ce côté, ne t'inquiète pas ! »

Elle eut un petit rire cristallin. Je lui frottai rapidement le haut de la tête avant de lui souhaiter bonne soirée et de rejoindre Yukari dans sa chambre.

« Je peux entrer ? », demandai-je – en japonais cette fois-ci – tout en toquant à la porte.

( HRP : T'AS VU, J'AI FAIT AVANCER L'INTRIGUE. *se pend*
Désolée pour le monstrueux retard D: )

Laissant ma serviette hors de portée de l'eau, j'avançais lentement à travers la salle et appuis faiblement sur la pression qui fit tomber l'eau. J'avais fermé instinctivement les yeux a son contact . Pas que je craignais d'avoir de l'eau dans les yeux, mais je ne sais pas, c'était un automatisme. C'était tellement agréable. J'ai dû rester comme ça une bonne vingtaine de minute, puis je finis par relever la tête quand Alenaë sortit. Je la suivais lentement du regard malgré quelques mèches qui me gênaient la vue, et me laissai glissé contre la paroi en carrelage. Mes jambes venaient de me lâcher. Ah, de toute façon, je n'ai jamais été très sportive, va vraiment falloir que je m'y remette. Je ramenais mes jambes vers moi et posai ma tête sur mes genoux, fixant d'un regard vide le sol. … Ah, je ne devrais pas resté là trop longtemps, Alenaë doit m'attendre. Je me relevais difficilement, embarquant ma serviette que je nouai autour de ma taille. Je crochetais une nouvelle fois ma serrure – parce que j'avais eu l'idée très idiote de refermer mon casier alors que je n'étais pas loin -, et sortit des sous-vêtements, une jupe et un pull qui me tombait sur l'épaule droite, que j'avais pris soin de laissais au sec. D'ailleurs, je me demande vraiment quand est-ce que j'ai amené ça ici … Bref, c'est pas grave. Je m'habillais, séchant mes cheveux à l'a-va-vite puis les attachant en une couette légèrement sur le côté. Pour les chaussures, osef, c'est pas comme si j'allais retourner dehors, je marcherais pieds nus. J'invitais ensuite Ale' à retourner à nos chambres, et elle se leva sans broncher. Vu comment elle tremblait, elle devait vraiment être à bout de force. J'attendais qu'elle passe devant moi et je lui emboîtais le pas. Bon, pas besoin de vous précisez qu'on a mis 6 fois plus de temps à monter les escaliers que la normale. Il y avait un certain silence aussi, mais trop occupée à compter machinalement les marches, je n'avais pas trop fait attention.

… Nan, sérieux, on est arrivé ? Owataaaaa, on est enfin arrivé. Je poussais un long soupir de soulagement et relevais la tête vers Ale'.

« Je vais à droite. Je te ramène ton sac tout à l'heure... »

Je crois que j'eus à peine le temps d'hocher la tête qu'elle était déjà parti. J'ai du mettre 666 ans à réagir aussi. Je partis finalement vers la droite et ouvrais la porte de la chambre. Ah, j'ai oublié de frapper. Bah tant pis, Renji et Yume sont pas là. M'avançant d'un pas lent dans la chambre, je me laissais tomber sur mon lit. Aaaah, mon dieu que ça fait du bien. J'ai les jambes, les bras, le dos et même les yeux en compote. Nyuh, je suis sûre que je pourrais m'endormir dans les secondes qui suit. Hm … Naaaaan, y'a Alenaë qui va me ramener mon sac, j'aurais l'air de quoi si j'ouvre pas la porte quand elle sera là ? Je me mis assis sur mon matelas et fouilla mes poches. Réflexe oblige pour trouver mon portable. Qui est dans mon sac. iPod, pareil. Écouteurs aussi. Cahier de dessin, de même. Rah, mais c'est pas vrai. Je cherchais finalement sous mon lit et remontais mon ordinateur. Cool, il était en veille, il va pas mettre trois mille ans à s'allumer. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre... Common Heroes, c'est bien. Je lançais finalement la musique, pas trop forte, de sorte à ne pas me casser les tympans, et m'allongeais littéralement en étoile de mer sur mon lit, fixant le plafond d'un air rêveur. Plus j'observe ma partie de chambre, plus je la trouve pas très euh ... personnelle ? Mis à part les milliers de dessins que j'ai accroché au dessus de mon lit, y'a rien d'autre...

Hm ? J'ai bien entendu quelqu'un non ? Je me redressais, baissais le volume de l'ordi et attendit quelques secondes.

« Je peux entrer ? »

Ahah, je savais bien que j'avais entendu quelqu'un. Je sautillais jusqu'à la porte et l'ouvrit en adressant un léger sourire à la personne qui se trouvait derrière. … Tu vas pas rester planté là, si ? J'ouvris un peu plus la porte, l'invitant à entrer :

« Vas-y entre, Yume et Renji ne sont pas encore rentrés. », dit-je en fixant les deux sacs. « Tu peux les poser là, si tu veux. »

Je pointais le coin de la chambre, visiblement vide. Vide pour l'instant, car je crois que parfois, Yume pose sa housse ici donc bon. J'invitais finalement Alenaë à s'asseoir et m'asseyais sur mon lit, décalant mon ordinateur pour lui laisser de la place, Common Heroes en musique de fond.

« Merci beaucoup à toi et ta sœur, pour les sacs », répondis-je en lui souriant. « T'as l'air perplexe, ça va pas ? »

( HRP : Y'a pas de soucis, t'inquiète pas >w<
Hm, au fait, je savais pas si Alenaë voulait repartir ou pas, alors je l'ai fait entrer, mais si ça convient pas, tu le dis hein o/
Sinon, Alenaë, perplexe, je sais pas pourquoi 8D
Peut-être parce qu'elle est pas rassurée d'avoir laisser Arwy avec Rony et Allen 8D /SHOT/ )

« Vas-y entre, Yume et Renji ne sont pas encore rentrés. », indiqua-t-elle en m'ouvrant la porte. « Tu peux les poser là, si tu veux. », ajouta-t-elle en désignant un coin inoccupé de la chambre.

Je m'y dirigeai et déposai le sac de Yukari avec précaution avant de laisser négligemment tomber le mien. Il était étonnamment léger... Je le pesai une seconde, ce qui confirma mon pressentiment. Arwen avait dû faire un détour par ma chambre déposer mes affaires... Elle avait donc prévu que je ne passerais pas la soirée avec mes colocataires. Elle a un véritable don de voyance, c'est pas possible autrement...

M'asseyant à côté de Yukari, je constatai que sa chambre était bien plus rangée que la mienne. Chaque coin était propre, ordonné, et surtout rigoureusement identique. Ma chambre à moi était un fouillis indescriptible, entre les fringues de Mina, le chat d'Alyss et mes livres... et les affaires d'Ace, aussi. Ses draps, généralement, qu'il ne remettait jamais en place. Enfin... C'est comme ça...

« Merci beaucoup à toi et ta sœur, pour les sacs »

Rha, mais c'est pas vrai... ça va faire vingt fois qu'elle répète la même phrase... C'est bon, c'est pas grave, c'est normal. Pas de quoi en faire une montagne. Enfin je vais me taire, sinon je vais encore plomber l'ambiance, yay.

« T'as l'air perplexe, ça va pas ? »

Je passai une main lasse dans mes cheveux propres. Oui, j'étais épuisée... J'appuyai mes coudes contre mes genoux et me penchai en avant, courbée, tête baissée. Je pourrais rentrer dans ma chambre, enfiler mes écouteurs et lire, seule, coupée du monde, comme d'habitude. Même s'il était plus probable que je m'endorme, vu mon état. Sauf que... Je ne sais pas. Ça fait du bien, d'être avec quelqu'un.

M'enfin, on peut pas vraiment dire que ça va. Il y a des milliards de trucs qui vont pas chez moi, et dans le monde en général. J'en peux plus. Toute cette misère, ce gâchis, ce dépotoir de merde que sont les êtres humains m'enfonce petit à petit dans un espèce de marécage infernal qui ne me laisse ni espoir, ni désespoir. Juste un profond sentiment d'abandon de moi-même. Cette vie est inutile. Ce monde est inutile. Il court à sa perte. Donne le bâton pour se faire battre. Et nous, pauvres âmes, sommes simples témoins de sa déchéance. Acteurs, parfois. Souvent même, pour qu'on en soit arrivé à un tel niveau de stupidité, de barbarie, d'autodestruction. Je soupirai.

« Si, ça va », lâchai-je. « T'en fais pas. »

Parfaite démonstration de ce que je viens de dire. Si je me confiais, au pire ça ne changerait pas grand-chose à ma situation, au mieux ça me réconforterait. Mais je m'obstine à m'emmurer, à ne pas vouloir me livrer. Mais à quoi bon ? A quoi ça m'avancerait ? Ça ne fera pas changer les choses. Ça n'améliorera pas la perpétuelle tragédie dans laquelle nous vivons. Alors ce n'est pas la peine. Pas la peine de l'accabler avec ça. D'autant qu'elle risque de ne pas comprendre. Je suis déjà regardée en folle par la moitié du bahut, pas la peine qu'elle s'y mette.

J'attendais patiemment sa réponse tandis qu'elle semblait songer. Je me demandais bien à quoi, m'enfin j'étais pas encore télépathe, je lisais pas dans ses pensées. Peut-être un jour viendra où la télépathie sera d'actualités. Ce serait drôle, mais en même temps, pas trop. Tout ce que tu voudrais garder pour toi, au fond, tu pourrais pas. Donc adieu la liberté de penser si tout le monde sait ce que tu ne veux ps qu'ils sachent. Dans tous les cas, elle ne semblait pas vraiment décider à me répondre. J'ai peut-être touché une corde sensible … … Dites moi que non, sinon je suis sûrement prête pour aller me pendre.

« Si, ça va. T'en fais pas. »

… J'ai connu plus convaincant. Même Andrew fait mieux parfois, quand il a pas envie de parler. Bref, dans tous les cas, ça se voyait à six mille kilomètres que ce n'était pas la grande forme. Bon, depuis le début, ça ne l'a jamais vraiment été complètement, mais là c'est pire encore. Je me mis en tailleurs sur mon lit, fouillant sous mon coussin et en sortait une boîte de Pockys et de cookies. Ouais, le coussin, c'est la cachette par excellence, personne va vraiment chercher dessous, sauf si vraiment ils ont perdus quelque chose et qu'ils ont vraiment cherchés partout. Généralement, ils cherchent sous les couettes, et y'a jamais rien. Bref. J'ouvrais la boîte de pockys et en prit un avant de le lui tendre, posant également les cookies à proximité.

« Tiens, ça va peut-être te faire du bien de manger un peu. », déclarais-je avec un léger sourire au lèvres.

C'est vrai en plus. Quand on a faim, on tombe partiellement en dépression et on sait pas pourquoi, seulement à cause de la faim. Et on s'en rend même pas compte, c'est super bizarre d'ailleurs. Je m'emparais d'un autre pocky avant de me diriger vers mon sac et de prendre mon carnet, un crayon de bois, et de me rasseoir à ma place initiale. Je ne suis jamais sans mon carnet à dessins. D'un côté, il me permet d'avoir toujours quelque chose à faire. Je gribouillais à l'a-va-vite quelqu'un. A y regarder de plus près, on aurait dit Andrew. Le genre badass, basé, casque sur les oreilles, un cahier de notes à la main, un crayon de l'autre, allongé n'importe comment sur un canapé lambda. Ouais, je devais inconsciemment pensé à lui tiens. Il serait temps qu'il se bouge un peu d'ailleurs.

« Et puis tu sais, pas besoin de lunettes pour voir que tu n'as pas l'air bien, mais si tu m'as dit que ça va, c'est sûrement parce qu'il y a une bonne raison pour ne pas que tu puisses en parler. », dis-je en lui souriant.

Après tout, on préfère garder les choses pour nous quelques fois. Parce qu'on ne veut tout simplement pas que les autres nous prennent en pitié, ou parce qu'on ne veut pas le impliquer, qu'il souffre avec nous. Mais parfois ça fait du bien. Se confier à des personnes extérieurs, ça apaise, car on a un point de vue différents du nôtre, de celui de nos proches. Alors on prends conscience de certaines choses. On se dit qu'on aurait du faire ça, et ça, mais pas ceci ou cela. Et finalement, on arrive à régler quelques problèmes, et on fait un pas en avant.

( HRP : Sorry, je suis en retard et c'est court, pardon pardon.;w; )

« Tiens, ça va peut-être te faire du bien de manger un peu. »

Mmh ? J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'avais même pas fait attention à ce qui se passait autour de moi, pour changer. Apparemment, elle s'était emparée d'un paquet de pockys – je suis prête à parier que sa chambre en est remplie, limite on pourrait faire une chasse au trésor, style « celui qui trouve le plus de paquets de pockys a gagné », ou un truc du genre – et m'en tendait un. Ah, tiens, voilà un truc que je n'aime pas chez elle : impossible de lui mentir. Bizarre, d'ailleurs. Je veux dire, dans une situation pareille, soit les gens prennent pour argent comptant ce que tu dis, à savoir que tu vas bien, et te laissent tranquille, soit ils considèrent que non, ça va pas, mais font comme si de rien n'était. Et là, non. En fait, on dirait qu'elle me connaît très bien, qu'elle sait comment je fonctionne. Ce qui est con, puisque c'est la première journée qu'on passe ensemble. Ça m'énerve, quelque part. Qu'elle m'appréhende aussi bien alors que moi, je ne sais pas comment agir envers elle. Si je fuis les gens, c'est bien qu'il y a une raison, non ? Alors pourquoi elle s'acharne ? Y a quoi d'intéressant dans le fait de rester en compagnie d'une espèce d'iceberg muet insensible ? Ou alors, c'est son pari. Ouais, ça doit être ça, elle veut pas perdre la face. Elle m'apprécie pas spécialement en tant que personne, mais elle peut plus reculer. Okay, je vois le genre. D'un autre côté, c'est compréhensible. Les gens aiment discuter, rire, déconner entre eux. Une fille solitaire et taciturne, c'est pas le comble de l'amusement. Je ferais mieux de m'en aller, histoire d'arrêter d'embêter Yukari, qui doit s'emmerder sévère. J'allais me lever mais sa voix m'interrompit.

« Et puis tu sais, pas besoin de lunettes pour voir que tu n'as pas l'air bien, mais si tu m'as dit que ça va, c'est sûrement parce qu'il y a une bonne raison pour ne pas que tu puisses en parler. »

Je lui jetai un regard en biais. Merde, elle me fait culpabiliser, maintenant. Bon. Je fais quoi ? Je lui sors tout mon charabia à moitié dépressif pour qu'elle comprenne ? Ou je persiste dans mon mutisme ? ... J'ai pas envie d'en parler. J'ai pas envie de fonder une amitié uniquement sur ma détresse. De démarrer notre relation en me mettant à nu. Et elle en sait déjà pas mal sur moi... Alors que je ne sais rien d'elle. Et si elle voulait m'aider parce qu'elle-même avait vécu des évènements atroces ? Ce ne serait pas étonnant. Après tout, c'est comme ça qu'Arwen fonctionne. Je croisai mes mains derrière ma nuque et me laissai tomber en arrière, allongée sur le dos sur le lit de Yukari dans le sens de la largeur.

« Et toi ? », demandai-je abruptement, les yeux apparemment fixés sur la poutre du plafond mais naviguant en réalité dans le vague le plus complet. « ça va ? Je veux dire, t'as l'air d'avoir l'habitude de crapahuter dans la forêt. Mais... »

Je m'arrêtai. Je ne savais pas comment le formuler. J'avais besoin d'un repère précis, de quelque chose à me raccrocher à son sujet. De redémarrer à zéro.

« Hey, Yukari. C'est quoi, ton nom de famille ? Et t'es née quand ? Et où ? Et pourquoi t'es ici ? »

Mes lèvres me brûlaient. J'avais un besoin irrépressible de l'assaillir de questions sur elle. Ça faisait longtemps, que je n'avais pas ressenti cela. De vouloir mieux connaître les personnes autour de moi. Me voilà tirée de ma torpeur indifférente et solitaire ; mais pour combien de temps encore ?

Tandis que j’attendais qu’elle réplique, elle se laissa finalement tomber allongé sur le lit. Un léger sourire apparut sur mes lèvres à ce moment-là, sans trop savoir pourquoi. Oui ça arrive. Parfois on sourit, on sait pas pourquoi, on se sent complètement idiot, mais on sourit, comme ça, parce qu’on a envie. C’est bête hein ? L’être humain à beau être complexe en général, y’a parfois où on ne se comprend pas soi-même. … C’est compliqué, la vie. Je me décalais légèrement vers le mur et me mettait en tailleur. Pas que c’est froid par terre, mais bon.

« Et toi ? Ca va ? Je veux dire, t'as l'air d'avoir l'habitude de crapahuter dans la forêt. Mais... »

… Mais ? Je restais perplexe devant cette phrase non terminée. Qu’est-ce qu’elle aurait bien voulu me dire ? … Elle a l’air de chercher ses mots en fait. Y’a vraiment parfois où je me dis que je suis trop direct, ou parfois trop longue à la détente. Je soupirais intérieurement.

« Hey, Yukari. C'est quoi, ton nom de famille ? Et t'es née quand ? Et où ? Et pourquoi t'es ici ? »

Euh … Je la regardais avec de grands yeux ronds avant de fixer le sol. Une avalanche de questions, comme ça, sans prévenir, ça prend au dépourvu. Je portais finalement mon regard sur le plafond, comme si celui-ci avait les réponses inscrites dessus. J’avoue que ça aurait été plus pratique. La chanson que laissait l’ordinateur en arrière-plan résonnait dans ma tête. J’avoue que là, je sais pas si j’arriverais vraiment à répondre au fait du pourquoi je suis ici. Ca s’est fait vite, trop vite. Il s’est passé tellement de choses à cette époque, que j’ai vraiment du mal à m’en rappeler nettement. Je m’en souviens, certes, je connais quelques détails, mais j’ai l’impression de ne pas pouvoir me souvenir de tout. Ou de ne pas vouloir, plutôt.

« Hm, tu me prends au dépourvu là … », déclarais-je en me grattant l’arrière de la tête. « Alors, mon nom complet, ce s’ra peut-être plus pratique, c’est Yukari Akuma Shûzen. Je suis né le 14 décembre euh … Je sais plus combien, dans une partie reculé de Fukui au Japon. Et pourquoi je suis venue là … »

C’est vrai ça, pourquoi je suis là ? Mon père a placé ses dernières économies dans cette inscription, mais pourquoi ? Je ne sais même pas ce que je fais ici … Un léger rire franchit mes lèvres. Un faux. Sa consonance était totalement fausse. Un de ces rires froids et sans émotions.

« En fait, je crois que je ne sais même pas ce que je fais ici … C’est bête hein ? »

Oui, c’est même totalement idiot. Ou peut-être pas. Je n’en savais rien. … Okay, Common Heroes a pas l’air de m’arranger finalement. Je me raclais la gorge, et me tournais vers Alenaë.

« A ton tour maintenant, c’quoi ton nom complet ? T’es né quand, et où ? Et pourquoi t’es venu ici ? »

Je ne sais pas si l’air intéressé se voyait sur mon visage, mais c’était un peu le cas. C’est vrai, je voulais en savoir un peu plus moi aussi, mais bon, s’il n’a pas envie d’en parler, je n’allais pas l’y obliger.

« Hm, tu me prends au dépourvu là … Alors, mon nom complet, ce s’ra peut-être plus pratique, c’est Yukari Akuma Shûzen. Je suis né le 14 décembre euh … Je sais plus combien, dans une partie reculé de Fukui au Japon. Et pourquoi je suis venue là … »

Akuma, ça veut pas dire démon, ça ? ... J'en sais rien. J'en ai le souvenir, mais vu le nombre de mots débiles et compliqués en japonais... J'vais laisser tomber. 14 décembre, huh ? Marrant, je suis du 27. J'envisageai de demander où se trouvait Fukui, mais je sentais bien qu'elle n'avait pas fini de parler. Faudra que je pense à lui demander comment l'écrire, aussi, s'il faut utiliser le kanji bidule ou le kanji machin. Un jour, mon prof de japonais s'arrachera les yeux et les mangera. Ou alors ce sera l'inverse, il m'arrachera les yeux à moi, et me les fera bouffer. Advienne que pourra. Quoi qu'il en soit, elle n'a pas l'air d'avoir l'habitude d'être questionnée comme ça. Haha, quoi que je fasse, j'emmerde le monde.

« En fait, je crois que je ne sais même pas ce que je fais ici … C’est bête hein ? »

Dit comme ça, oui, ça fait très con. Mais qu'est-ce qu'on y peut ? Quant à cette ignorance... Je lui jetai un regard alors qu'elle éclatait d'un rire sans joie. Ça ressemble à un mensonge... On sait toujours ce qu'on fait dans un endroit pareil, non ? Elle n'a peut-être pas envie d'en parler, c'est possible aussi. Je baissai les yeux. C'étaient des réponses dont j'avais besoin... De vraies réponses, concrètes, précises, qui pourraient me guider, moi aussi. Et pas juste des réponses évasives... Mais puis-je vraiment lui demander des précisions ? Je soupirai et eus soudain envie de me blottir sous les couvertures, et d'y disparaître pour toujours.

« A ton tour maintenant, c’quoi ton nom complet ? T’es née quand, et où ? Et pourquoi t’es venue ici ? »

Je la regardai encore. Est-ce qu'elle jouait vraiment le jeu ? ... Est-ce qu'elle n'essayait pas juste de me mettre en confiance pour m'assassiner froidement après ? C'est horrible de penser ça, mais ça s'est déjà vu. Je levai un regard douloureux vers le plafond. Perdu pour perdu, autant continuer à ramper.

« Accroche-toi », lâchai-je d'une voix traînante. « Je m'appelle Alenaë Lothlaëris Aldarión et je suis née le 27 décembre, à Oslo. Quant à venir, j'aurais préféré ignorer l'existence de ce bahut... Ce serait trop long à expliquer. Mes parents et ma sœur... »

Je bloquai un instant, avant de parvenir à récupérer ma respiration et de poursuivre d'une voix si inhumainement inexpressive.

« ... ils sont morts, dans un incendie domestique. Du jour au lendemain, j'ai été placée dans un orphelinat, obligée de changer de lycée. Encore heureux qu'ils ne nous aient pas séparés, mon frère, mon autre sœur et moi. Impossible de nous trouver une famille. Donc forcément, quand ils ont reçu la lettre d'Infinite World, ils ont pas cherché à comprendre. Hop, direction Japon. Ah, et le prix des billets est déduit de l'héritage que vous toucherez à votre majorité, hein. Comme si on en avait quelque chose à foutre, de cet héritage de merde... »

Je tendis la main vers le plafond, comme si j'essayais d'effleurer quelque chose, mes cheveux formant comme une auréole autour de moi.

« Reprenez ce foutu héritage, reprenez tout, et rendez-nous notre famille... »

Je soupirai et me redressai d'une torsion du buste, en me demandant pourquoi exactement je racontais ma vie comme ça.

« Enfin bref. Première des choses à faire, apprendre à arrêter de me plaindre. J'peux avoir un pocky ? »

… Est-ce que je venais de toucher un point sensible ? Le regard qu'elle avait en fixant le plafond me mit légèrement mal à l'aise. Peut-être devais-je mieux ne pas savoir. Ou peut-être qu'elle n'en parlait pas souvent. Ces yeux … On dirait qu'il reflète un passé trop lourd à porter pour elle. Un passé qui fait mal et dont personne n'a envie de se souvenir. Un passé qu'on préfère oublier et enterré en le verrouillant tout au fond de notre esprit. Pour essayer de ne plus souffrir en refoulant le passé, mais parfois, des bribes parviennent toujours à s'échapper, et alors on n'oublie pas, ce qu'il s'est passé … avant.

« Accroche-toi. Je m'appelle Alenaë Lothlaëris Aldarión et je suis née le 27 décembre, à Oslo. Quant à venir, j'aurais préféré ignorer l'existence de ce bahut... Ce serait trop long à expliquer. Mes parents et ma sœur... »

A ce moment précis, j'avais l'impression que je n'aurais pas du savoir ce genre de choses. D'une parce qu'elle voulait sûrement garder ça pour elle, et de deux car le ton qu'elle empruntait était étonnamment neutre. Aucune émotion. Rien que des mots et des phrases qui sortaient de sa bouche, un peu comme une récitation.

« ... ils sont morts, dans un incendie domestique. Du jour au lendemain, j'ai été placée dans un orphelinat, obligée de changer de lycée. Encore heureux qu'ils ne nous aient pas séparés, mon frère, mon autre sœur et moi. Impossible de nous trouver une famille. Donc forcément, quand ils ont reçu la lettre d'Infinite World, ils ont pas cherché à comprendre. Hop, direction Japon. Ah, et le prix des billets est déduit de l'héritage que vous toucherez à votre majorité, hein. Comme si on en avait quelque chose à foutre, de cet héritage de merde... », déclara-t-elle en levant la main aveuglément vers quelque chose. « Reprenez ce foutu héritage, reprenez tout, et rendez-nous notre famille... »

A la fin de cette phrase, mes yeux se posèrent sur le sol. Encore. Aucun mot ne voulait sortir. Mais le silence est parfois plus expressif que les mots, alors je ne disais rien. Ca faisait beaucoup d'informations d'un coup, et je ne savais pas trop quoi faire. Mes poings se resserrèrent instinctivement sur ma couette, et se crispèrent légèrement. Je ne sais pas si j'aurais tout fait pour retrouver mon père … Je ne sais pas. Je ne sais plus. Le regard perdu dans le vague, je tiquais au moment ou elle se redressait.

« Enfin bref. Première des choses à faire, apprendre à arrêter de me plaindre. J'peux avoir un pocky ? »

Je crois que mon visage venait de s'illuminer, et je lui tendis joyeusement la boîte. Heureuse de savoir qu'il y a des amateurs de pockys ici ! Parce que les pockys, c'est comme les onigiris, les taiyakis ou les cookies. C'est la vie. C'est trop bon, inimitable, et ça nourrit pas mal. Mais à ce moment-là, je me sentais légèrement coupable de ne pas avoir répondu à sa question. Une sorte de malaise. Je savais pas mal de choses à son sujet désormais, mais elle ne savait pratiquement rien de moi. … J'inspirais profondément et expirais calmement, posant les pockys entre nous, l'invitant à se servir comme bon lui semblait. Je devais lui raconter. Un résumé. Je dois lui rendre la pareille, même si elle n'a peut-être pas vraiment voulu se confier, elle m'avait raconté une bonne partie de sa vie. Je devais faire de même, pour que l'on soit quitte.

« Si tu veux tout savoir du pourquoi je suis venu ici, c'est surtout parce que je n'avais pas le choix. Quand j'étais petite, mon frère est partit du jour au lendemain sans prévenir, sans que je sache pourquoi. Tu l'as peut-être croisé dans les couloirs d'ailleurs, on se ressemble assez, puis il porte toujours ce gilet rouge – malgré la différence de taille, ah ah. Bref, un jour, ma mère a … disparue en volant la vie de quelqu'un qui m'était chère, et mon père s'est retrouvé criblé de dettes. Il a placé ce qu'il nous restait dans mon inscription ici. Je ferais n'importe quoi pour le remercier mais … Je ne sais pas s'il est encore vivant à l'heure actuel … », répondis-je en resserrant un peu plus ma couette.

Je n'ai plus aucunes nouvelles depuis ce jour. Peut-être qu'Andrew le sait, mais je n'ai jamais songé à lui demander. Il rentre toujours dans des colères noires quand je refoule le passé … Me rendant compte du ton assez grave que j'avais emprunté, je me raclais la gorge et souriait maladroitement.

« Hum … Et donc ta sœur, c'est Arwen, si j'ai bien compris. Et ton frère, il est ici ? »

Ou le moyen le moins subtil de changer de sujet. Va vraiment falloir que j'étudie la fluidité d'une conversation moi …

Elle me tendit le paquet, radieuse. J'esquissai un maigre sourire de remerciement et en sortis un que je grignotai doucement, les yeux dans le vague. C'est bon, ces conneries. On dirait des mikado, mais ça n'a pas tout à fait le même goût. Faudra que j'en achète... Le jour où j'aurai de l'argent. Enfin...

« Si tu veux tout savoir du pourquoi je suis venu ici, c'est surtout parce que je n'avais pas le choix. Quand j'étais petite, mon frère est partit du jour au lendemain sans prévenir, sans que je sache pourquoi. Tu l'as peut-être croisé dans les couloirs d'ailleurs, on se ressemble assez, puis il porte toujours ce gilet rouge – malgré la différence de taille, ah ah. Bref, un jour, ma mère a … disparue en volant la vie de quelqu'un qui m'était chère, et mon père s'est retrouvé criblé de dettes. Il a placé ce qu'il nous restait dans mon inscription ici. Je ferais n'importe quoi pour le remercier mais … Je ne sais pas s'il est encore vivant à l'heure actuel … »

OK. Super. Je... Je sais pas quoi répondre. J'en attendais peut-être pas autant. Après tout, j'ai passé sous silence des dizaines de détails. La rupture avec mes amis, que j'ai dû quitter du jour au lendemain, sans explication, sans jamais les revoir, leur dire à quel point j'avais souffert, à quel point j'avais besoin d'eux, à quel point ils comptaient pour moi. La vie à l'orphelinat. Je me souviens m'être débattue, les avoir frappés, griffés jusqu'au sang, quand ils avaient voulu me couper les cheveux, comme tous les autres. Mes cheveux, c'était tout ce qu'il me restait de mon ancienne vie. Les derniers vestiges de mon passé déchiré. Pour ça qu'ils sont aussi longs et abîmés. Tiens, d'ailleurs, ils n'avaient pas tenté avec Arwen après ça. Tu m'étonnes... Heureusement qu'ils n'ont pas fait l'inverse. Ilfasidrel n'y a pas coupé, par contre – admirez ce magnifique jeu de mots... Et l'arrivée ici. Atroce. J'eus un haut-le-cœur et sentis la nausée m'envahir. Ne pas y penser. Ne pas y penser. J'ai fait ça pour nous protéger. Il nous aurait tous tués, sinon. Je n'y suis pour rien. Ce n'est pas ma faute. Ce n'est pas ma faute...

« Hum … Et donc ta sœur, c'est Arwen, si j'ai bien compris. Et ton frère, il est ici ? »

Brusque retour à la réalité. Yukari... J'ai toujours eu du mal avec ce genre d'histoire. Comment peut-on abandonner ses propres enfants... ? En plus d'être illogique – abandonner un gosse qu'on a porté en soi pendant neuf mois, puis élevé durant des années, on a déjà fait plus intelligent –, c'est... immonde. Ça me révulse. Et son frère, il ne veut rien lui dire ? Ça la concerne autant que lui. S'il sait quelque chose, pourquoi ne lui en parle-t-il pas ? Après le dégoût vint la colère. Du calme... Cela ne te concerne pas, n'est-ce-pas ? Tu n'as pas à t'en soucier. Je me forçai à inspirer longuement. Non, ce n'est pas normal. C'est ton frère, merde ! Si tu peux même pas compter sur ton frère, alors à qui peux-tu accorder ta confiance ? À personne. Ta famille, c'est ce que t'as de plus cher. Ça ne dure pas forcément, mais c'est ce qu'il y a de plus important. Et il se barre de chez vous comme ça ? Ça me hérisse. Calme-toi, Alenaë. Calme-toi, ce n'est pas une bonne idée de l'insulter devant Yukari. Je me focalisai sur ma réponse pour ne rien laisser échapper de compromettant.

« Non, il a déjà son diplôme en poche. Il est dans une fac de maths à Tokyo, un truc assez prestigieux qu'il a réussi à rejoindre grâce à sa bourse. Et il bosse dans un bar ou un conbini, je crois. Mais il est passé par ici, lui aussi. Il était chez les Libra, d'ailleurs. »

J'esquissai un maigre sourire.

« Cet idiot n'a jamais réalisé le succès qu'il avait chez les filles. Déjà en Norvège c'était comme ça, mais là, pire encore... Enfin, bref. »

Le fait de parler de mon propre frère avait ravivé mon ressentiment. Mes mains se crispèrent sur mes genoux et je me forçai à conserver mon ton détaché et froid.

« Par contre, ton frère à toi, je vois pas qui c'est. Il est comment, exactement ? »

( HRP : Désolée pour le retard >< )

J'avais l'impression d'avoir laissé un froid … Je déglutis, légèrement mal à l'aise, avant de l'entendre inspirer plus ou moins longuement. … Je l'ai mise en colère ? HAN LA BOURDE. Mais je suis trop idiote ! Et je me demande ce que j'ai dit pour la mettre en colère … J'ai peut-être été trop indiscrète. C'est sûrement ça, ouais. Yukari, il va falloir que tu apprennes à tenir ta langue, à partir de maintenant. Mais vraiment, cette fois. Et puis, c'est un peu normal qu'elle ne veuille pas en parler, c'est … Douloureux, ce genre de choses. On ne dit pas ça à n'importe qui, je m'estime tout de même très heureuse qu'elle accepte de se confier un peu à moi. Elle a peut-être … Confiance en moi, finalement, un peu.

« Non, il a déjà son diplôme en poche. Il est dans une fac de maths à Tokyo, un truc assez prestigieux qu'il a réussi à rejoindre grâce à sa bourse. Et il bosse dans un bar ou un conbini, je crois. Mais il est passé par ici, lui aussi. Il était chez les Libra, d'ailleurs. »

… Une fac de maths ? … Respect. Ah je le respecte totalement. Limite si j'étais pas en admiration devant ce qu'elle venait de me dire. Et puis Tokyo, ça fait rêver, forcément. Et il était chez les Libra … Et il a fini en fac de maths … LA CHANCE. Je pense que je ne réussirais pas aussi bien ma vie, mais tant pis, j'ai le temps. C'est tout de même impressionnant, on en apprend tous les jours. Je joignais les deux mains, fasciné par ce qu'elle venait de me dire. Parce que pour moi, comprendre les maths, c'était un miracle. Vraiment, c'est une matière où je n'accroche pas du tout, alors quand je vois les gens comme le frère d'Alenaë, Ale' elle-même, Ryu, ou même Drew, je suis impressionnée.

« Cet idiot n'a jamais réalisé le succès qu'il avait chez les filles. Déjà en Norvège c'était comme ça, mais là, pire encore... Enfin, bref. »

Un léger rire amusé traversa mes lèvres. On ce serait cru dans un manga typique des shojo. Mais siiiiii, ce moment, où toutes les filles sont amoureuses d'un garçon superbe, mais que lui, il est aussi aveugle qu'une taupe et remarque rien, mais alors RIEN. DU TOUT. C'était tellement cliché que c'en était drôle. Je me demande vraiment à quoi il ressemble pour qu'il est un succès pareil.

« Par contre, ton frère à toi, je vois pas qui c'est. Il est comment, exactement ? »

Ahem. C'est vrai que peu de personnes le connaissent. S'il sortait plus souvent de sa chambre aussi, ce serait mieux. Je me grattais l'arrière de la tête, cherchant des éléments de réponses. Après tout, y'a pas 36 000 mots pour le définir, mais bon … Au pire, s'il elle l'a déjà vu, tant mieux, sinon … Tant pis ? Je piquais deux pockys et en mit un dans ma bouche, agitant l'autre entre mes doigts.

« Alors en fait, il me ressemble, brun, les yeux rouges, avec 17 cm de plus, des cernes assez … marquées, et il porte toujours une veste rouge. Hum … Sinon, il a toujours un air blasé au visage, un regard plutôt vide, il ne parle pas beaucoup et ne va pas vraiment en cours. Mais il adore les maths, il est plutôt intelligent … Non, en fait, il est carrément intelligent, et ça le bloque, voilà. », terminais-je en faisant une mine boudeuse. « Hm, sinon, il traîne souvent en salle info' pour la maintenance. Mais on ne le voit pas beaucoup. Il est gentil, je l'aime beaucoup, seulement il a du mal avec les relations interpersonnelles, même avec sa propre sœur, alors … C'est un Scorpio, flemmard, pur et dur ! »

Je me grattais la joue, un peu gênée. Je l'aimais beaucoup, Andrew, mais j'avais l'impression qu'il me cachait quelque chose … Il me surveille de loin, je le sais, mais il y a quelque chose qu'il ne me dit pas … J'aimerais tellement savoir ce que c'est. Sans savoir, je ne peux pas l'aider. Perdue dans mes pensées, je relevais distraitement la tête, grignotant mon deuxième pocky.

« Enfin, rien de bien extraordinaire, je pense qu'il a ses raisons de se comporter comme ça ... », répondis-je, l'air songeuse.

(HRP : Pas de soucis, t'inquiète pas ! >w< )

Yukari semblait pensive. Elle grignotait ses friandises machinalement, sans y penser, réfléchissant à quelque chose qui m'échappait. Ça lui était si dur que ça de se rappeler l'apparence de son frère ? Il y avait quelque chose de bizarre dans cette famille. Tout en jouant avec un pocky, elle répondit d'un air vague :

« Alors en fait, il me ressemble, brun, les yeux rouges, avec 17 cm de plus, des cernes assez … marquées, et il porte toujours une veste rouge. Hum … Sinon, il a toujours un air blasé au visage, un regard plutôt vide, il ne parle pas beaucoup et ne va pas vraiment en cours. »

... La vache, il en tient une couche. C'est un nolife ou quoi ? Enfin, je crois que je peux parler, niveau expression du visage et assiduité. ... Ouais, c'est moi en fait. Sans les cernes. Je vois pas pourquoi j'en aurais, je me couche tôt et me lève tard... Retenant un soupir, je me reconcentrai sur la voix de Yukari. Ce type et moi, on est pas tout à fait du même monde.

« Mais il adore les maths, il est plutôt intelligent … Non, en fait, il est carrément intelligent, et ça le bloque, voilà. », acheva-t-elle avec une petite moue.

Eh bien, on en apprend tous les jours. ... Hey, mais. Nooooon. Ce serait... merde, comment il s'appelle, déjà... ? Bref. Un mec de ma classe, grand, zombie, que je vois qu'en maths et physique-chimie, parfois en bio. Enfin, vu que je ne vais quasiment jamais dans les autres matières, je ne pouvais pas deviner que c'était son cas. Putain, on a pas mal de points communs, en fait. Ça me fout les boules de lui ressembler. Booon, on va éviter d'y penser, hein...

« Hm, sinon, il traîne souvent en salle info' pour la maintenance. Mais on ne le voit pas beaucoup. Il est gentil, je l'aime beaucoup, seulement il a du mal avec les relations interpersonnelles, même avec sa propre sœur, alors … C'est un Scorpio, flemmard, pur et dur ! »

Ah, d'accord. C'est quoi, déjà, les relations Aquarius/Scorpio ? Histoire de savoir s'il y a une probabilité qu'il me saute à la gorge. Enfin, une probabilité plus élevée que les autres pensionnaires de cette maison de fous, quoi.

Il est donc gentil. Bah, peut-être, pourquoi pas ? Je vais passer sur le fait que lui aussi est un handicapé des relations sociales, hein... Quoique, ce n'est pas tout à fait mon cas. J'ai pas spécialement envie d'aller parler aux gens, c'est tout. Je suis très bien toute seule dans mon coin, qu'on m'y laisse.

« Enfin, rien de bien extraordinaire, je pense qu'il a ses raisons de se comporter comme ça ... »

Oui, bien sûr. Je suppose qu'il en a une aussi. Reste à savoir si elle est bonne ou pas...
Je ne devrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, je crois. Attrapant un autre pocky, je contemplai le plafond en répondant sans y penser.

« Oui, je me rappelle de qui c'est, maintenant. Il est dans ma classe. »

Pour une fois que je me rappelle des gens de ma classe, tiens. À part Jeevas, le psychopathe en bleu, la fille à la queue de cheval et... Ace... Je soupirai. C'était une cause perdue d'avance, mieux valait laisser tomber.

Je ne me sentais plus de force pour rien, ce soir. Mais je me voyais mal planter Yukari si tôt. Toujours allongée sur le dos, je demandai de mon éternelle voix atone :

« Tu veux faire quelque chose en particulier ? Regarder un film ou quoi ? »

Alenaë Aldarión, regardant un film avec une amie rencontrée le jour même. Magnifique.

(HRP : AOJRISJDKE. 2 mois de retard. Je crains.)

« Oui, je me rappelle de qui c'est, maintenant. Il est dans ma classe. »

Sérieux ? ... Je crois qu'à cet instant, mon cerveau a arrêté de fonctionner. Pendant un sacré moment, laissant également un magnifique blanc s'installer. Il est … Dans sa classe ? Ca veut dire qu'elle l'a vu ? Ok ok, il a déjà fait l'effort de venir en cours, mais … Je crois que j'avais encore du mal à y croire. Il est sortit. Même pour les cours, il est sortit. Je m'empêchais de la bombarder de questions inutiles, et me contentai d'avoir un sourire que j'imaginais comme idiot, fixé au visage. Tandis qu'elle soupira, je descendais de mes petits nuages pour essayer de penser à quelque chose de plus intéressant. … … Cause perdue d'avance, mon cerveau en a décidé autrement.

« Tu veux faire quelque chose en particulier ? Regarder un film ou quoi ? »

Uh. Bonne question. Un film ? Oh ouaaaaaaaaaaais … Mais pas un film d'horreur, please. Sinon je sors pas de ma chambre... Ou même de mon lit avant une ou deux semaines. Pendant que je réfléchissais, je fixais ma table de nuit. Chose très instructive, je s ais. Mais le fait d'apercevoir un light novel tout cute me donna une idée. Je me rapprochais d'Ale, fixant ses grands yeux bleus, un sourire malicieux aux lèvres. Je me demande comment elle va réagir. J'espère juste qu'elle ne le prendra pas trop mal.

« Nee, Ale', t'es amoureuse ? Dis moi, dis moi. ♪ »

Voui, j'aimais bien savoir si les gens avaient des vues sur d'autres personnes. Parce que d'une, c'est troooooop kawaii, et de deux, ça me donne pleins d'idées pour dessiner. Evidemment, c'était un sujet plutôt délicat, je veux bien croire, mais intéressant ! … Enfin tout dépend de la définition que chacun a du mot intéressant. Je me balançais de droite à gauche en souriant, piquant d'autres Pocky au passage. J'espère juste que ça ne va pas se retourner contre moi … Sinon je me cache sous ma couette et je n'en ressortirais pluuuuuus jamais. D'accord, c'était une mauvaise idée.

« Hum … Nan, oublie, c'est pas bien grave. En plus c'est gênant, gômen. », dis-je en souriant, un peu gênée.

( HRP : Mais nan, tu crains pas. D8 *huuuug*
Désolé, c'est court. ; ; )

Yukari garda le silence quelques instants. Elle doit réfléchir à un film, non ? D'ailleurs, je ne connais pas du tout ses goûts. Mmh... Elle aime les comédies, je suppose. Tout le monde aime les comédies, même moi. Quoi, c'est si étonnant que ça ? Et sinon... Je ne sais pas si elle aime les drames. Les polars. Les films à suspense. Les films d'action. Les films d'aventure. Les films catastrophe. Les films de fantasy. Les films d'horreur... Waaaaah, j'en sais rieeeeeeeen. Bah on verra bien, hein. Ah, elle a trouvé, finalement. Waw, elle a l'air à fond... Ses yeux pétillaient quand elle me sourit et me demanda :

« Nee, Ale', t'es amoureuse ? Dis moi, dis moi. ♪ »

Sans vouloir me jeter des fleurs, je suis quelqu'un avec pas mal de self-control. J'arrive assez facilement à conserver mon calme et à afficher un masque impassible... Mais là, j'étais complètement prise au dépourvu. Et mon visage s'empourpra instantanément tandis que s'affichait le visage d'Ace, son sourire chaleureux, son rire communicatif. AAAAAAAAAAAAH, MAIS, MAIS, YUKARIIIIII, QU'EST-CE QUE TU FAIS EXACTEMENT ?! J-J-Je peux pas répondre à ça, c'est trop gênant !! Et puis ça se fait pas !! Et puis-et puis on se connaît pas assez pour parler de ça !! Hors de question que je lâche le moindre mot à ce sujet. Je détournai le regard, cherchant une porte de secours, mais c'est Yukari elle-même qui me la fournit.

« Hum … Nan, oublie, c'est pas bien grave. En plus c'est gênant, gômen. »

Un peu, que c'est gênant ! Je toussotai, très embarrassée. Le silence n'allait pas manquer de s'installer, mais je ne savais pas quoi lui répondre. MERDE, JE SUIS TROP FACILE À DECRYPTER DÈS QU'ON PARLE D'AMOUR. C'est comme avec... Je déglutis. Je n'avais pas trop envie d'y penser. De penser à lui. Il faudra bien que je le fasse un jour, mais le plus tard sera le mieux. Je soupirai et lui tapotai l'épaule, calmée mais toujours un peu rouge. AAAAH, VITE, TROUVER UN TRUC À DIRE. Mais rien ne venait. Je m'éclaircis la gorge en marmonnant que c'était pas grave. AAAAAAH, JE FAIS QUOI, JE FAIS QUOI, JE FAIS QUOOOOI.

( HRP : VAS-Y YUKARI, SAUTE SUR L'OCCASION. 8DDD )

… Elle a piqué un fard ? … ELLE A VRAIMENT PIQUE UN FARD. Je crois qu'à cet instant, j'avais des milliers de petites étoiles qui brillaient dans mes yeux, encore une fois. Mais c'est trop génial ! Je savais bien que malgré ses airs froids et distants, elle était gentille, chamallow avec un cœur super sensible et pas dur comme de la pierre ! … Ca ressemble un peu à Ryuku, dis comme ça. J'eus un léger sourire quand elle me dit que ce n'était rien, mais là, je tenais un truc. Quelque chose de sérieux. Et j'ai l'oeil pour ce genre de choses. Je fixais Alenaë, les yeux pétillants, et je me penchais vers elle, son visage au dessous du mien, mais assez éloigné, tout de même.

« Alors c'est vrai ? Tu aimes quelqu'un ? Oooh, mais c'est trop cute ! »

Un grand sourire se dessina sur mes lèvres, tandis que j'essayais de passer en revue une partie des garçons que je connaissais. Mais ça ne donnais pas grand-chose. Ah. Quoique. Je dis peut-être ça, mais je n'ai aucun indice précis. Je soupirais intérieurement avant de me reprendre, et de me rasseoir correctement pour réfléchir. Bon. Primo, essayer d'en apprendre plus. Après, on verra selon sa réaction !

« C'est trop mimi ! Tu veux bien me dire qui c'est ? Je suis curieuse ! Ou rien que des indices, s'il te plaaaaît ! »

J'ai tellement envie de savoir ! Si c'est comme dans les mangas, ce sera son opposé complet ! Soit uuh … Quelqu'un de très souriant et enjoué ? Qui voit toujours les choses du bon côté et qui serait capable de lui faire remonter la pente et lui faire voir les choses autrement. … C'est trop mignooooon, je veux presque en faire un dessin ! … Sauf. Qu'on est pas dans un manga. Donc toutes mes idées s'envolent. Uh, pas juuuuste. Je fis la moue quelques secondes avant de prendre mon carnet à dessin et un critérium.

« Tu veux bien me le décrire ? Et j'essaie de deviner toute seule ! », lançais-je d'un ton enjoué.

( HRP : COMPTE SUR ELLE. 8DDD )

... Ses yeux brillent. Je vais m'épargner la description des paillettes qui scintillent dans ses yeux mais... C'est mauvais. Très mauvais. Merde, elle se rapproche. Elle est proche. TROOOOOOP PROCHE. Et elle me regarde comme si... Putaaaaaaain, je le sens paaaaaaaas... Mais dégage, lâche-moi, vire, barre-toi, laisse-moi tranquille ! Je t'ai rien demandé, aaaaaaah ! QUE QUELQU'UN ME SORTE DE CE PÉTRIN !

« Alors c'est vrai ? Tu aimes quelqu'un ? Oooh, mais c'est trop cute ! »

Incapable de m'en empêcher, je rougis encore plus. NON. C'EST FAUX. J'AIME PERSONNE. ET ÉCAAAAAARTE-TOOOOOOI, MERDE ! Je paniquais, perdais mes moyens. Merde, c'est pas bon, à ce rythme, je risque de l'envoyer chier assez sèchement... Ou de me refermer comme une huître et de ne plus rien laisser filtrer. IIIIIH, MAIS SOURIS PAS COMME ÇA, TU FAIS PEUUUUR.

« C'est trop mimi ! Tu veux bien me dire qui c'est ? Je suis curieuse ! Ou rien que des indices, s'il te plaaaaît ! »

NON JE VEUX PAS. QUE DALLE. NADA. JE RESTERAI MUETTE COMME UNE TOMBE. TU SAURAS RIEEEEEEEN. ET PUIS C'EST PAS MIMI. ET PUIS TA GUEULE.

Merde, je devais tenir plus de l'écrevisse qu'autre chose, maintenant. Comment réagirait-elle, si elle savait de qui j'étais amoureuse ? Me dites pas qu'elle va essayer de me caser ou... MERDE. Je suis pas douée pour ça. Et j'ai pas envie que ça se sache... Est-ce qu'elle serait capable de tenir sa langue ? Je ne la connais pas suffisamment pour pouvoir le dire avec précision... Non, je n'ai rien à gagner à lui dire ça. Mais je sens qu'elle va pas lâcher le morceau...

« Tu veux bien me le décrire ? Et j'essaie de deviner toute seule ! »

... Non, elle lâchera pas l'affaire. Autant ne pas se fatiguer et lui donner deux-trois éléments de réponse plutôt que de m'enfoncer et subir une Yukari hystérique pendant des jours. Parce que je ne doute pas qu'elle me pourchassera jusqu'à ce qu'elle sache. C'est flippant, quelque part... Je soupirai et me forçai à reprendre un rythme cardiaque normal, retrouvant mon calme habituel et ma voix froide et dénuée d'expression.

« Si jamais tu en parles à qui que ce soit... », murmurai-je plus pour moi-même, mais de manière à ce qu'elle l'entende aussi. « Hum... »

Ha, elle est drôle. Des indices. Merde, je dois faire le tri pour qu'elle ne devine pas. La chambre, non. L'année, non plus, ou en dernier recours. Les cheveux... Ouais, ça le ferait.

« Il se teint les cheveux en rouge vif », finis-je par lâcher, presque à contrecœur. « Il est plutôt souriant... Très souriant, même... Et il n'est pas très grand. » J'eus un petit sourire. « Enfin, il est de taille normale, mais il est à peine plus grand que moi... »

Je crois que j'ai jamais complexé sur ma taille. Je m'en fous un peu. C'est dans nos gènes... Mon frère est grand, et Arwen n'est franchement pas petite pour son âge. Je détournai le regard, évitant les yeux à étoiles de Yukari. Bordel, et puis en quoi ça l'intéresse, merde ? Aaaaaah, mais qu'est-ce que je fous là, je ferais mieux de me barrer en vitesse...

( HRP : Et c'est là que Yukari s'imagine que c'est Shin. *meurt* )

« Si jamais tu en parles à qui que ce soit... Hum... »

J’acquiesçais vivement, tandis que j'avais bien assimiler l'avertissement. En gros, je me ferais frapper, et insulter, et on serait plus amies, et- OKAY NE SURTOUT PAS LE DIRE. Je me calais un peu mieux pour pouvoir dessiner correctement, et la fixais avec des yeux à sparkles. J'ai presque envie de sauter au plafond et d'aller demander à onii-chan d'aller fouiller les fichiers de l'école pour trouver ce fameux garçon. M-même si quand Ale' l'apprendra, elle ne me le pardonnera sûrement pas, donc … On va classer ça dans la catégorie dernier recours, au cas où. Maintenant, il faut que je me concentre.

« Il se teint les cheveux en rouge vif. Il est plutôt souriant... Très souriant, même... Et il n'est pas très grand. Enfin, il est de taille normale, mais il est à peine plus grand que moi... »

Mon crayon bougeait au fur et à mesure qu'elle le décrivait, même si mon cœur avait fait un bond à la première chose qu'elle avait énoncé. Les cheveux rouge vif. Comme lui. Je me stoppais soudainement, secouant ma tête de droit à gauche et repris. Et puis, il y a plusieurs choses qui ne concordent pas. Si c'était vraiment Shin, ça m'étonnerait qu'elle en parle aussi facilement, et … Au présent. Je me mordais la lèvre avant de buguer au niveau des cheveux. Comment étaient-ils  ? Plutôt en bataille, ou bien arrangés ? Ca pourrait faire tout la différence. Shin n'a pas vraiment beaucoup d'épis, donc …

« Hum, dis, ce garçon … Il a les cheveux en bataille ou pas ? … Et il est dans quel clan ? »

Pendant que je lui posais ces questions, je fignolais les détails, ne me préoccupant pas vraiment des cheveux pour l'instant. Bon bah niveau vestimentaire, on va improviser, hein. Je continuais les coups de crayon, sans rien dire, essayant de refaire une représentation la plus fidèle possible de ce qu'elle me décrivait. Disons que c'est quand même difficile de dessiner ça comme ça sans détails plus précis, mais je suppose que c'est gênant de parler de ça, donc c'est pas grave.

( HRP : Comment t'as deviné ? 8D
Mais elle réfléchit un peu pour se persuader que c'est pas lui. Mais Ale. Sois pas timide. Dis lui tooooout. 8D )

Je m'affaissai en arrière en soupirant, me laissant tomber sur la couverture. 'Tain, je suis morte. Journée bien remplie... J'ai qu'une envie c'est dormir. Et si en plus, ça me permet d'éluder cette conversation... C'est encore mieux. Sérieux, j'ai vraiment pas envie de parler de ça...

« Hum, dis, ce garçon … Il a les cheveux en bataille ou pas ? … Et il est dans quel clan ? »

... Il a les cheveux en bataille ? Je sais pas... Ils sont pas coiffés, mais de là à être en bataille... Bon, je vais répondre au hasard, et elle s'en contentera.

« ... Il a un style coiffé-décoiffé, je dirais. Mais je pense qu'il ne le fait pas dans un but précis. Et... Il est chez les Leo. Au moins un qui ne sera pas un connard fini...», ajoutai-je en fixant le plafond, plus pour moi-même que pour maintenir la conversation.

Oui, les Leo sont des connards. Shin Jeevas, Blair Stone, pour ne citer que les plus « célèbres ». Célèbres. Putain, rien que ça, ça me donne envie de leur cracher dessus. Connards. Enflures. Ça vous amuse, de jouer avec les sentiments des autres. Shin, je te le promets, tu n'auras jamais, jamais, jamais Arwen. Je soupirai en me calant un peu plus confortablement. Faudrait peut-être que je rentre dans mon dortoir, le couvre-feu ne va plus tarder... La flemme. J'irai au dernier moment...

( HRP : Désolée, c'est pas top D: Ah et oublie pas que le RP se situe avant que Shin ne "meure" o/ )

« ... Il a un style coiffé-décoiffé, je dirais. Mais je pense qu'il ne le fait pas dans un but précis. Et... Il est chez les Leo. Au moins un qui ne sera pas un connard fini... »

Coiffé-décoiffé … WUT. On peut vraiment faire ça ? Ooooh. J'eus un grand sourire amusé. Elle l'aime beaucoup, on dirait. Je veux dire, elle dit qu'il est le seul a ne pas être idiot chez les Leo. C'est une GRANDE preuve d'amour indirecte, si si, je vous jure. Peut-être même qu'elle est tsundere, ce qui serait encore plus fort, parce qu'il n'y a que les tsundere qui ne veulent pas croire en leur sentiment. … Mais elle a l'air d'y croire, alors c'est pas un tsundere … Kuudere peut-être ? Ou dandere. Ou le mélange des deux aussi. AH, C'EST COMPLIQUE. Je finis par soupirer de soulagement quand j'eus finis de dessiner les cheveux, et posait le carnet de croquis à côté de Alenaë avant de lui faire un grand sourire.

« J'espère que c'est assez ressemblant, j'ai fait du mieux que j'ai pu. », dit-je, tout sourire.

… J'aimerais bien savoir son prénom, tout de même. Voir à quoi il ressemble, sa manière d'être, tout ça … Je passe limite pour une creepy stalkeuse super protectrice, nan ? Glauque. En même temps, ça m'étonnerais beaucoup si elle était tombé sous le charme de quelqu'un à l'air louche. Enfin, le cœur à ses raisons, que la raison ignore. Et puis, on ne doit pas juger sur les apparences. Généralement, en tous cas. Je jetais un coup d'oeil à l'heure, et grimaçait. A quoi ça servait de mettre un couvre-feu, alors que le trois-quart des élèves ne le respectait pas ? Un léger sourire idiot se dessina sur mes lèvres. Ce n'est pas comme si on pouvait y faire grand chose, de toute manière. Reportant mon regard vers Alenaë, je lui adressais un petit sourire avant de dire :

« Alors, ça donne quoi ? »

( HRP : … AH OUI. PARDON, JE SUIS DESOLEE. Excuse moooooi. ; ^ ; )