C'est comme s'il y avait un bug dans le système, un problème technique, ou un trou noir. Dans sa mémoire. Pour ne pas passer par quatre chemins inutiles, End est une meurtrière. Mais pas de ces génies fous qui aiment le sang comme certains sont accrocs au tabac, seulement quelqu'un capable de tuer, torturer, exterminer pour protéger ses proches. En l’occurrence, sa petite sœur. Ce fut un stupide accident qui scella le reste de sa vie, juste un imbécile qui avait abusé de la boisson et s'était cru invincible ce soir-là, alors que le viol qu'il avait misérablement programmé dans une ruelle d'Italie avec ses potes, s'était retourné contre lui. Non que sa sœur n'était pas capable de se défendre toute seule, bien au contraire, elle est bien assez intelligente pour cela. Mais voilà, le flingue était là, à portée de main, et c'est si facile, en fait, d'appuyer sur quelques centimètres d'une gâchette. Alors que plusieurs balles avaient été lancées dans l'incertitude de la nuit, quelques-uns des malintentionnés s'étaient échappés, mais le bonhomme s'était effondré, la petite balle en métal dans sa jolie petite face. Elle en aurait bien lacé une dans son cul si ça aurait pu lui inculquer quelconque douleur. Et puis, on vit dans un monde de folie. L'arme est indispensable si on tombe sur des fous comme ça, le meurtre est si courent, banal, devenu comme les livres, les écrits. Mais on aime croire que l'évolution de la mentalité n'est pas là, on lutte désespérément contre le développement humain, la justice fait son boulot, et on vous punit. On vous envoie dans ces écoles qui récoltent les mauvaises graines où on est censé intérieurement apprendre à canaliser l'énergie ou, genre, apprendre de ces erreurs. Mais quel genre de personne est capable de dire que, c'est vrai, il aurait fallu attendre que l'horrible événement se déroule sous ses yeux au lieu d'agir. Pas End. Aucun pardon demandé, pas une once de regret. Au grand dégoût de ses parents. Mère Thaï, père Italien, parents trop libres, éducation peu stricte, il ne faut pas s'étonner du résultat des progénitures. Elles ont grandi dans ces grandes ruelles aisées d'Italie, dans une de ces familles qui ont fait fortune sur les anciennes - et encore trop courantes - dictatures, traînant avec ces gosses de riches qui deviennent petits délinquants par envie ou ennuie. Pas par nécessité.
Mais on parlait d'un trou noir. C'est dingue comme la mémoire peut être sélective. L'autopsie n'a su déterminer si la mort avait été causée par la balle dans la tempe ou le poignard qui avait égorgé la victime, à moitié décapitée. Poignard tenu par sa petite sœur, qui avait dû lancer le coup dans un même temps, elle ne sait plus. Elles ne savent plus. Et la légitime défense a été rejeté compte tenu de leurs antécédents. Alors, pour ne pas se tromper, ils ont envoyé les deux gamines, une en pleine adolescence et l'autre aux portes de l'enfance. Ailleurs. Il faut croire qu'End s'y ai plût, car elle a décidé d'y rester pour pouvoir consommer sa passion des mots dans la bibliothèque, ou pour attendre que sa jeune sœur soit majeure et décider ensuite ensemble de ce qu'elles feraient, elle ne sait pas encore. Un peu des deux, sûrement.