Je ne vais pas vous conter une histoire longue et chiante, mais je vais tenter de résumer au mieux ce que je peux. Et un petit avertissement aux personnes sensibles à la violence : évitez de lire un certain passage situé vers le milieu/fin de mon récit -très précis n’est-ce pas. Bon commençons. Je ne vais pas commencer à faire un long paragraphe de ma naissance, car un simple et court résumé suffira largement. Comme tout les jeunes nourrissons à peine sortit de l’œuf je vivais dans la joie et la bonne humeur, malgré la mort de ma mère suite à l’accouchement. C’était donc Ayane, une femme de chambre de seulement 19 ans, qui était chargée de m’élever -mon père m’ayant reniée, m’accusant d’être coupable de la mort de sa femme. Elle s’occupait de moi comme de sa propre fille. Et je l’aimais. Faisons un petit bond dans le temps pour arriver à mes 6 ans. J’avais beaucoup grandi et je sautillais partout, un sourire grandiose continuellement peint sur mon visage. J’étais maintenant à l’école primaire et je me portais pour le mieux. Quand je rentrai le soir je voyais mon père crier après Ayane et l’autre femme de chambre. Apparemment elles m’éduquaient mal et ça avait un impact sur ma scolarité disait-il. Je soufflai, lassée, et partis me coucher. Plus tard, le jour de mes 7 ans, je revenais du jardin -après avoir vaillamment perdu une de mes dents- et je fonçais tête baissée vers la chambre d’Ayane. Je la trouvai vide. Complètement vide. Même les murs précédemment jonchés de photos de moi avec elle, étaient à présent nus, et blancs. Prise d’une peur atroce, je couru dehors et en passant devant la porte d’entrée, je la vis. Ayane. Elle était dans une voiture, appuyée sur l’encadrement de la fenêtre, regardant le manoir nostalgiquement, les larmes lui montant aux yeux. Je vis la voiture démarrer et sans m’en rendre compte, je m’étais mise à courir vers le lourd grillage de fer. Il était en train de se refermer, et si je n’arrivais pas à temps, je la perdrai. Il fallait que j’y parvienne. Mais alors que j’atteignais le portail, mon pied buta dans une pierre et je me ramassai lamentablement sur le sol. Juste le temps de relever la tête et de tendre mon bras droit devant moi, et le déclic de la fermeture automatique du portail retentissait. Des larmes commençaient à dévaler mes joues et tout à coup, je me relevai et m’accrochai aux barreaux. Je les secouait de toutes mes forces, comme pour les casser, hurlant à m’en arracher la gorge.


Je vis la voiture disparaître à l’horizon. Je me laissais glisser lentement le long des barreaux jusqu’à que mes genoux heurtent les pierres. Je regardai le sol, les yeux emplis d’eau salée et les mains crispées sur les barres de fer.


Pourquoi partait-elle ? A tout les coups c’était mon père qui l’avait renvoyée. Je sentis une rage intenable m’envahir toute entière. Il allait payer. Trois ans s’écoulèrent, et j’avais maintenant 10 ans. M’étant découvert une passion pour le tir à l’arc, je sortais tous les soirs pour m’entraîner à cette discipline -ayant trouvé un arc dans le grenier alors que je boudais une fois de plus. J’avais maintenant un caractère ‘invivable’ d’après mon père et donc il me foutais la paix. Lui et ma bonne ne se doutaient en rien de mes sorties nocturnes et ça m’arrangeait bien. Mais un jour, alors que je m'entraînais, ma bonne entra dans ma chambre et laissa tomber son plateau de nourriture à la vue de la fenêtre ouverte, une corde de couverture descendant jusqu'au sol. Mon père m'avais spécialement installée à l'étage, persuadé que je ne pourrais jamais m'enfuir, alors que j’étais en hauteur, et bien il se trompait. La bonne alla tout de suite prévenir le Maître de Maison tandis que je travaillais ma vue, mon ouïe et mon odorat en visant des cibles de nuit. Toutes ses qualités m’étaient nécessaire pour être une bonne Archère, et avec quelques années d'entraînement, je parviendrai peut être à les affiner au maximum. Je décidai de rentrer et une fois dans ma chambre, je compris la raclée qui m’attendais en voyant le plateau renversé sur le sol. La soirée s'en suivit de reproches et de cris d'indignation. Le Comte me criait que je n'étais pas digne d'être une Masame. Il me faisait des reproches sur mon caractère, sur ma façon de m'habiller. Quand il eut finit son horrible discours, je perdis patience et exprima ma colère.

Et je partis me réfugier dans ma chambre. Le Comte n'allait pas me laisser faire sans réagir. Le lendemain, alors que je priais sur la tombe de Maman pour qu'elle m'aide, deux hommes, les gardes du corps de mon père, vinrent à ma rencontre. Sans que j’eus le temps de réagir ils me prirent par les deux bras, et me jetèrent dans un une voiture. Je me jetai contre l'une des porte du véhicule et tapai avec rage sur les fenêtre. Je m'épuisai peu à peu. Et lorsque je fus calmée, je vis une valise à côté de moi. Je l'ouvris et y découvris tout mes vêtements. Non. Toutes mes affaires. Le Comte se débarrassait de moi. Où m'emmenait-elle cette calèche? Sûrement loin d'ici. Après un certain temps, je fus prise d'une fatigue intenable et je m'endormis doucement.

Lorsque je fus réveillée, je fus surprise de voir le véhicule arrêté. Je regardai par une des fenêtres et vis une grande résidence avec inscrit sur une plaque dorée "Pensionnat pour jeunes filles". Ainsi j’allais dans une Pension pour fille ? C'était le bouquet. Je ne m'étais jamais réellement vue comme une fille, m'habillant généralement en garçon manqué, alors, moi ? Dans une pension pour fille ? Il ne fallait même pas y penser. Une vieille femme s'approcha de la voiture. Déclic. Je plongeai sous une couverture, espérant que s'ils ne me trouvaient pas, ils renonceraient à me prendre dans leur établissement. La femme ouvrit la portière. Stress. Je m’emmitouflai plus profondément dans les couvertures. La femme regarda dans la voiture et approcha sa main de la couverture. Peur. Je me blottis au plus profond de la voiture, sans faire bouger la couverture. La femme tira sur la couverture. Trouvée. A présent à découvert, je me jetai hors de la voiture et évitai la vieille femme. Cette dernière m'attrapa par le col, me stoppant dans ma course, et faisant voler mes cheveux parsemés de flocons dans le même temps.

Je ne pris même pas la peine de répondre, lançant un regard noir vers la vieille bique.

Je regardai à côté de la vieille et vis les deux gardes du corps approuver en silence. Je croisai les bras sur ma poitrine inexistante et regardai vers le bâtiment. Je vis des enfants, des adolescentes. Des filles de tous les âges. Toutes habillées d'une jupe, l'air coquettes. Je fis la grimace. J’espérai qu'on ne m'obligerai pas à mettre ces espèces de carré de tissu immondes. Tout à coup je pensai à mon arc. Il était dans la forêt, caché dans un tronc creux. Shit ! Moi qui comptais me perfectionner au lieu de m’ennuyer dans ce pensionnat débile. Mais je m’en referai un, impossible de pouvoir rester ici bien vivante sans mon arc ! Je sortis de mes pensées en entendant la voiture redémarrer. Les deux gardes étaient partit et j’étais maintenant seule avec la vielle qui me tenait toujours par le col. Cette dernière me regarda d'un air hautain avant de rétorquer.

Qu'il neige ? Ah oui c'est vrai, nous sommes en hiver. Je pris ma valise, et constatai qu’il y en avait une autre à côté que je n'avais pas remarqué. Je l'attrapai par la poignée et commençai à marcher, après que l'autre m’aie lâchée. Alors que j’avançais vers le bâtiment, toutes les filles me regardaient. C'était gênant. Je n'avais pas l'habitude d'être le centre d'attention, au contraire, j’étais du genre discrète, qui ne se mêle pas aux autres. J’entrai dans l'établissement, en écoutant d'une oreille le discours de l'autre qui s'appelait "Mademoiselle Jocelyne" d'après ce que j’avais comprit. Je montai les escaliers et débouchai sur un long couloir où diverses portes se dessinaient. Mademoiselle Jocelyne ouvrit l'une d'entre elles et me laissa entrer. Ce n'était pas rose, contrairement à ce que j’avais pensé. En fait ce n'était ni rose, ni bleu, ni vert, c'était juste blanc. Ce serai à moi d'y imposer mon style. Tant mieux. Jocelyne ferma la porte derrière moi, et je commençai à m'installer. Cadres, photos, posters, toutes ses choses seraient utiles pour que je puisse me sentir à l’aise. Pour l’instant, je n’avais qu’un cadre de moi avec Ayane et un autre avec ma mère pour décorer ma table de nuit, mais c’était déjà ça. Avec les semaines qui s’écoulaient, la chambre se remplissait peu à peu de bibelots inutiles mais décoratifs. Au moins, eux, ils m’aidaient à me rappeler le bon vieux temps. Le temps où je ne passais pas mes journées dans une salle de classe à apprendre à marcher avec une pile de livre sur la tête, ou encore à chanter à tue-tête des airs débiles et prévoyant une mort certaines aux tympans de celui qui entendrait ce chant. De plus, j’avais découvert que les établissements et notamment les lieux scolaire, abritaient un grenier, situé juste en dessous du toit, et avec chance, j’avais trouvé les trappes permettant d’y accéder. Ainsi, au lieu de m’ennuyer dans des cours inutiles, j’allais dans ses greniers et m’affairais à la construction de mon nouvel arc et de mes flèches ou j’écoutais de la musique sur mon tout nouveau mp4 rouge bordeau. La nuit, je sortais discrètement pour aller chercher du bon bois en forêt, et je le faisait sécher devant mon radiateur pour ensuite le tailler et le transformer en arc. J’avais aussi chipé des cordes solides dans le pensionnat pour faire la corde de tir, et je prenais du métal des casseroles de la cuisine pour confectionner mes flèches avec le bois restant. J’avais même trouvé un briquet pour faire fondre le métal et pouvoir mieux le tailler. Au bout de deux ans, après plusieurs essais ratés, j’avais crée l’arc de mes rêves, et personne ne se doutait de rien. Et maintenant mon activité favorite était d’aller m’exercer au tir dans la forêt. Ce que ça avait pu me manquer ! Heureusement que le pensionnat était à la lisière d’un petit bois. Mais maintenant, j’étais forcée de participer aux cours, Jocelyne ayant enfin remarqué mes absences répétées. Je découvris alors les différents sport que pratiquaient le pensionnat. Enfin pas le bâtiment lui même bien évidemment, mais ses pensionnaires. Notamment, il y avait le volley-ball, le basket-ball, le hand-ball et toute sorte de sport avec des ballons ! Rapidement, je fus prise d’une grande affection pour tout les types de sports, qu’importe la nature, et se fut également le cours que je ne séchai plus jamais.

Mais un événement inattendu se produit alors que j’atteignais tout juste les 14 ans. C’était une journée normale et j’assistais à un cours de base-ball. Tout se passait pour le mieux jusqu’à ce qu’elle arrive. Une fille deux fois plus grande que moi -je n’exagère pas du tout. Elle a tout d’abord commencé à se mettre devant moi, me bloquant toute visibilité. Puis elle a commencé à tripoter mes cheveux en lâchant toute sorte de commentaires, et évidemment ce lourdingue de prof de voyait rien. Je l’ai prévenu plusieurs fois, en la poussant doucement. Mais elle continuait, et ma patience a des limites. La tête baissée, je tentais de contrôler ma colère mais rien à faire. Sans même m’en rendre compte, j’ai envoyé ma batte dans la tronche de la fille, la propulsant quelques mètres plus loin. Toutes ses copines me regardait comme si je venais d’accomplir le pire affront qui puisse être fait sur terre. Mes yeux avaient pris une étrange couleur jaune et affichaient un air sadique. Je m’avançais maintenant vers la fille, la batte traînant derrière moi dans un bruit sourd. Je m’arrêtai juste devant elle et la regardait de haut, étirant un sourire digne de Shiro dans Deadman Wonderland, avec le petit ‘Kshhhh’ qui va avec. Elle me regardait, pleurant, les yeux exorbités derrière ses deux mains qui cachaient un nez cassé et des dents en moins. Je l’avais pas loupé. Un son derrière moi me fit jeter un coup d’œil en arrière. C’était le prof qui courrait vers nous, mais ses kilos en trop le ralentissait. J’avais encore quelques minutes avant qu’il n’arrive. Je me retournais vers la fille et commençais à lui chanter la seule chanson que je connaissais en Japonais. C’était une chanson qu’Ayane me chantait quand j’étais petite, c’était elle qui l’avait inventé.


J’entendis le prof arriver derrière moi, alors j’ai lâché la batte pleine du sang de ma victime et je suis partie en direction du mur délimitant le terrain de base-ball. Une fois à ce niveau, je sautai par dessus le muret et, de l’autre côté, je marchais tranquillement vers ma chambre, quelques gouttes de sang sur mon visage. Elle l’avait pas volé. Un nouveau sourire s’étendait sur mon visage. Dans ma chambre, je fermai calmement la porte à clé entendis une ambulance emporter la fille. Le lendemain on m’annonçait que j’étais renvoyée et qu’ils avaient déjà contacté quelqu’un pour venir me chercher. Sans grande surprise, après avoir bouclé mes deux valises, je vis les gardes du corps arriver. L’un d’eux me choppa par le bras -me le broyant au passage- et l’autre empoigna mes deux valises. Je me débattais comme je pouvais, mais face au colosse de garde je ne pourrai jamais gagner. Alors je croisai les bras sur ma poitrine qui avait légèrement évolué, et lançait à regard glacial à tout les pensionnaires indiscrets qui me regardait partir, traînée par le garde. Je leur arrachait même un frisson et cela me faisait rire intérieurement. La voiture atteinte, il me firent monter dedans et m’amenèrent dans un lieu qui m’étais inconnu. Grand bâtiment, grille impressionnante, ça m’avait tout l’air d’un pensionnat. Encore ?! Mais bon, celui là avait l’air plus accueillant, et puis au moins il était mixte. Ils posèrent mes bagages à côtés de moi et s’en allèrent après m’avoir refilé une sorte de formulaire d’inscription. Je pliais le papier et le fourrai dans ma poche avant d’empoigner mes valises et de m’avancer d’un pas sûr vers les grilles. Je ne savais pas ce qui m’attendai dans ce lieu mais en tout cas, dès le premier regard, il m’avait séduite. J’allais faire mes études ici, pour le meilleur ou pour le pire. Et le pire était à prévoir...